BLANCHE NEIGE : Incroyable gâchis

blancheneigeafficheLe cinéma français a eu ses deux remakes de la Guerre des Boutons, sortis à quelques semaines d’intervalle. Hollywood va avoir son double Blanche Neige. On se demande vraiment si c’est une épidémie de manque d’imagination chez les scénaristes. Enfin, après tout, dépoussiérer des vieux mythes peut s’avérer parfois tout à fait salutaire. Tim Burton l’a parfaitement fait avec Alice au Pays des Merveilles. Tarsem Sing s’est par contre bien planté.

Une jeune orpheline nommée Blanche Neige. Une belle-mère devenue reine, mais surtout un peu sorcière. Un miroir magique. Une forêt. Sept Nains. Et naturellement un Prince, beau comme il se doit. Bref, vous connaissez déjà l’histoire…

Blanche Neige, au-delà d’être objectivement un mauvais film, est surtout un formidable gâchis. Un gâchis parce qu’incapable de valoriser ses points forts, à cause d’un conformisme désespérant. Je mentirai si je disais que je me suis ennuyé pendant ce film. Mais il se termine par un tel déluge de politiquement correct et de happy end à la con, que l’on en ressort passablement dégoûté. Si on a souvent disserté sur la faculté de Disney à édulcorer la noirceur des contes jusqu’à les dénaturer, ce n’est rien par rapport à ce qu’accompli le dernier quart d’heure de cette niaiserie cinématographique.

Pourtant, Tarsem Sing avait toutes les cartes en main pour donner une seconde jeunesse à ce conte. Déjà, les moyens financiers car visuellement le film est impeccable. Bon, ce n’est pas hyper créatif et loin de la personnalité d’un univers à la Tim Burton, mais au moins c’est cohérent et pas du tout kitch. Les scènes d’action sont relativement bien menées, avec notamment un duel entre Blanche Neige et le prince qui demeure un des rares bon moments du film. Par contre, le duel final entre les gentils et un méchant dragon reste un summum de platitude, comme si toutes les bonnes idées avaient été épuisées avec la précédente séquence.

Blanche Neige mise beaucoup sur l’humour, si bien qu’il flirte vraiment avec la parodie. Mais il ne choisit vraiment jamais franchement le ton qu’il souhaite adopter. Cela aurait pu être source de richesse, c’est au final tout le contraire. Jamais le film ne va au bout de ses idées, qui restent du coup totalement inintéressantes. C’est parfois drôle, mais c’est aussi souvent lourdingue. Les plus jeunes riront peut-être de bon cœur, les adultes cèderont parfois à la consternation.

En fait, là où le film sombre vraiment, c’est dans la manière dont il revisite les personnages. Sur Blanche Neige pas grand chose à dire, elle est sans doute la plus conforme à ce qu’on connaissait déjà. Le prince est par contre désespérant de platitude conformiste. Comment la jeune fille peut-elle tomber amoureux de ce bellâtre sans intérêt ? On lui pardonnera, vu qu’elle n’est guère sortie du château et n’a donc pas beaucoup d’éléments comparaison. Les nains sont vraiment à l’image du film. Il y a quelques bonnes idées : les nouveaux noms, les caractéristiques plus modernes… Mais encore une fois, tout cela est très mal exploité, souvent lourdingue et tous les éléments qui auraient pu se révéler un tantinet provocateurs sont développés avec le frein à main.

blancheneigeBlanche Neige est parfaitement résumé par le traitement du personnage de la Reine. D’un côté, le film la transforme en sorcière beaucoup plus stupide que machiavélique. Cela aurait pu finalement se révéler pertinent si le ton avait été franchement à la parodie. Comme ce n’est pas le cas, le personnage et bancal et tout sauf convaincant. D’un autre côté, l’interprétation de Julia Roberts est fantastique. Elle met tout son talent, toute son énergie et aurait presque pu sauver le film à elle toute seule, si seulement la tâche n’avait pas été si herculéenne. Tant de talent gâché, ça vous donne des regrets et a de quoi vous mettre en colère.

Le meilleur moment de Blanche Neige est au final son générique de fin. Non parce que le calvaire est enfin fini, mais surtout parce qu’il nous livre le seul moment un peu original et surprenant. La cour qui se met à danser sur une musique bollywoodienne. Une nouvelle preuve qu’avec juste un tout peu plus d’audace et d’imagination, ce film aurait pu constituer une bonne surprise. Espérons que le prochain Blanche Neige et le Chasseur soit d’un tout autre acabit.

Fiche technique :
Production : Citizen Snow Film, Goldmann Pictures, Misha Films, Rat Entertainment, Relativity Media, Yuk Films
Distribution : Metropolitan FilmExport
Réalisation : Tarsem Singh
Scénario : Marc Klein, Jason Keller, Melisa Wallack, d’après le conte des frères Grimm
Montage : Robert Duffy, Nick Moore
Photo : Brendan Galvin
Décors : Tom Foden
Musique : Alan Menken
Costumes : Eiko Ishioka
Durée : 105 mn

Casting :
Julia Roberts : La Reine
Lily Collins : Blanche Neige
Armie Hammer : Le Prince Alcott
Nathan Lane : Brighton
Mare Winningham : Baker Margaret
Michael Lerner : Le Baron
Sean Bean : Le Roi

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