L’ENFANT D’EN-HAUT : Un film d’en bas

lenfantdenhautafficheUrsula Meier est une réalisatrice relativement originale. Déjà parce que les femmes restent encore assez peu nombreuses dans ce métier, même si les choses évoluent doucement. Ensuite, elle est suisse, nationalité plus fréquente chez les banquiers, les vendeurs de montres et les chocolatiers (vive les clichés!). Enfin, son premier film, Home, s’était fait remarqué par son scénario inattendu et surprenant. Mais personnellement, je n’avais pas aimé. Son second, L’Enfant d’En-Haut, a été une nouvelle fois salué par la critique. Mais de mon côté, la déception est encore au rendez-vous.

Simon a une dizaine d’années et vit seul avec sa sœur, en bas d’une grande station de ski suisse. Tous les jours, il monte en haut des pistes pour dérober matériel et vêtements qu’il revend pour leur permettre de survivre. Mais combien de temps avant qu’il ne se fasse prendre ?

L’Enfant d’En-Haut souffre pour moi d’un manque flagrant de contenu. La séquence d’exposition dure en fait plus de la moitié du film, avant le rebondissement qui va changer totalement la perspective. Mais une fois qu’il est survenu, le propos reste avant tout contemplatif et rien n’évolue, ni ne se passe. Bref, on s’ennuie ferme. Il n’y avait pas là de quoi faire un long métrage et ça se sent. Toutes les qualités constatées par ailleurs ne peuvent compenser ce vide.

Le propos évite pourtant beaucoup de pièges. Déjà, il n’est pas un énième « les pauvres sont des gens formidables ». Le film ne cherche pas à expliquer, encore moins à excuser. Il constate, il raconte et c’est tout. Mais c’est peut-être trop peu car du coup, on cherche un peu le sens de tout ceci. A ne pas vouloir prendre parti, Ursula Meier a bien du mal à donner de l’épaisseur à cette histoire, qui par ailleurs manque de péripéties.

En fait, la seule chose qui peut sauver L’Enfant d’En-Haut et qui peut expliquer son succès critique reste l’émotion que cette histoire peut susciter. Pour cela, il faut évidemment s’attacher profondément à ce gamin forcé de faire face aux ambiguïtés logiquement réservées aux adultes. Cela n’a pas fonctionné chez moi, c’est clair. De mon point de vue, le personnage est plus intéressant que touchant. Certes, on ne peut ressentir que de l’empathie, mais pas suffisamment pour vraiment vibrer et se projeter dans l’histoire.

lenfantdenhautLe tout est porté par une réalisation très sobre. On ne retrouve pas le petit grain de folie qui habitait Home. Ici, cela reste lisse. Pourtant la majesté des paysages du haut et la tristesse de celui du bas aurait mérité un traitement artistique plus ambitieux. Ce propos social sur la séparation de deux mondes pourtant très proches constitue le cœur de ce film aurait pu transparaître beaucoup plus dans la mise en image. Cela aurait pu donner une autre dimension à l’Enfant d’En-Haut, à défaut de le rendre réellement passionnant.

L’Enfant d’En-Haut nous offre au moins l’occasion de voir Gilian Anderson à l’écran et c’est toujours un plaisir. Quel dommage que l’ex-Dana Scully n’ait pas connu une carrière d’actrice sur grand écran d’un autre calibre. Son talent le méritait. Léa Seydoux par contre est bien partie pour devenir une future immense star. Sa personnalité s’affirme un peu plus à chaque rôle. Son interprétation est ici encore une fois impeccable. La vraie star de ce film reste tout de même Kacey Mottet Klein, que l’on avait déjà vu dans Home. Une belle performance d’acteur malgré son jeune âge, même si son charme n’a pas tout à fait agi sur moi.

Visiblement, je dois être relativement hermétique à l’univers d’Ursula Meier. L’Enfant d’En-Haut restera donc pour moi un film avant tout vide et ennuyeux.

Fiche technique :
Production : Vega Film, Archipel 35
Distribution : Diaphana Distribution
Réalisation : Ursula Meier
Scénario : Ursula Meier, Antoine Jaccoud
Montage : Nelly Quettier
Photo : Agnès Godard
Décors : Ivan Niclass
Musique : John Parish
Costumes : Anne Van Brée
Durée : 100 mn

Casting :
Léa Seydoux : Louise
Kacey Mottet Klein : Simon
Jean-François Stévenin : Le chef cuisinier
Martin Compston : Mike
Gillian Anderson : Kristin Jansen

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