LECONS POUR UNE PREMIER TOUR

1ertourLe premier tour vient de s’achever et les commentaires se multiplient. Et comme je suis quelqu’un de particulièrement conformiste, je vais m’y mettre à mon tour. Je ne sais pas si mon analyse est plus pertinente qu’une autre, mais l’écrit à au moins le mérite de mettre les idées au clair. Alors si ce billet ne sert peut-être pas à la marche du monde, au moins, il m’aura rendu service.

La première leçon reste bien sûr la première place de François Hollande. Elle était attendue, elle a bien eu lieu. L’écart avec Sarkozy reste modeste mais elle place dans une dynamique de vainqueur qu’il n’a en fait jamais quitter depuis le début de la campagne. La probabilité d’une défaite au second tour tend de plus en plus vers zéro et même à droite, quand la caméra n’est pas là, on parle déjà comme si tout était déjà fini.

Sarkozy ne semble pourtant ne pas avoir encore renoncé. Alors il continue sur sa lancée… c’est à dire dans un grand n’importe quoi. L’idée du deux, puis trois débats prête à sourire par exemple. Non qu’elle soit si idiote en soi, mais elle sonne tellement comme une tentative désespérée, comme le caprice d’un enfant auquel on s’apprête à voler le jouet. L’offensive immédiate sur les voix du FN, avec le discours du candidat qui parle immédiatement de « frontières » et un Copé qui attaque bille en tête sur le vote des immigrés sur le plateau de France 2 ressemblent à « on ne change pas une tactique qui perd ». Rien ne semble pouvoir inverser la tendance et Sarkozy et ses proches ressemblent de plus en plus à des marins essayant d’éviter le naufrage du Titanic en écopant avec des petites cuillères.

La grande leçon restera tout de même que le Front National est toujours bien présent dans le paysage politique français. On pourra d’ailleurs regretter que les estimations de 20h aient été largement surévaluées permettant à Marine Le Pen de triompher en apparaissant à plus de 20%. Cela ne change pas grand chose dans le fond, mais cette barre était symbolique. Or elle est au final encore loin de l’avoir franchi. Cependant, la progression reste constante et inquiétante : 16% en 1995, 17% en 2002, 18% en 2012. Pas de vague, mais une insidieuse normalisation de ce vote extrême.

Cependant, il faut tout de même garder la tête froide et regarder les choses avec un minimum de recul. De nombreuses analyses ont montré que le vote FN de ce premier tour a été très différent des élections précédentes. Plus rural, plus présent dans la fonction public. Ceci prouve que ce vote n’est pas forcément un vote d’adhésion sur le long terme, mais un vote fortement protestataire, exprimant la peur de l’avenir. Le besoin de boucs émissaires, d’un ennemi sur lequel projeter ses angoisses est tout simplement humain et n’est ni de droite, ni de gauche. En tout cas, si ce scrutin nous a appris quelque chose, c’est bien que c’est ni par l’insulte, ni par l’invective que l’on combat le Front National. Ni même en en parlant constamment d’ailleurs. Jean-Luc Mélenchon a échoué de ce point de vue et il aurait été bon qu’il le comprenne au-lieu de chercher des coupables ailleurs quand dans ses propres insuffisances.

Enfin, la grande leçon de ce premier tour est que, qu’on le veuille ou non, les sondages ont désormais presque toujours raison. Cela ne signifie pas qu’une surprise ne sera jamais plus possible, mais il est clair que les institut ont énormément travaillé depuis 2002 et peuvent être difficilement pris en défaut. Même le score final de Marine Le Pen, un peu moins de 18% est conforme aux derniers sondages qui la donnaient à 17% mais sur une dynamique positive.

Vu ce qu’annoncent les institut quant au score du deuxième tour, c’est peut-être au fond la meilleures nouvelle qui soit pour François Hollande.

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