LE PRENOM : Au nom de la famille

leprenomafficheAdapter une pièce de théâtre au cinéma constitue toujours un exercice particulièrement délicat. C’est pourquoi, je le dis à chaque fois pour introduire la critique d’un tel film… Le décor forcément limité dans l’espace, la place prépondérante des dialogues conduisent souvent à cette impression de « théâtre filmé », pas toujours très agréable. Si le Carnage de Roman Polanski n’y avait pas échappé, il faut reconnaître à Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte le mérite d’avoir éviter beaucoup de ces écueils à leur film, le Prénom. Mais ce dernier souffre néanmoins de quelques autres défauts.

Vincent est agent immobilier, a de l’argent, est plutôt de droite et n’est pas un puits de culture. Mais il s’apprête à devenir papa pour la première fois. Il se rend à un dîner organisé par sa sœur et son beau-frère, prof de lettres, franchement à gauche. Mais lorsque la discussion se porte sur le choix du prénom du futur bébé, une annonce plutôt surprenante va faire ressurgir toutes les tensions familiales.

Tout d’abord, un gros « big up », comme disent les jeunes aux personnes qui ont réalisé la bande-annonce de le Prénom. Déjà parce qu’elle ne dévoile pas le prénom qui fait débat (je pensais même qu’on l’ignorait pendant tout le film) et surtout elle ne nous montre que le point de départ du propos. J’avais peur que tout tourne autour de ça dans un comique de répétition qui aurait pu finir par lasser. Il n’en est rien et le scénario réserve au final beaucoup de rebondissements et de surprises.

Comme je l’ai évoqué en introduction, le Prénom nous apparaît comme un film. Enfin, quelqu’un qui l’ignorerait ne serait pas étonné d’apprendre qu’il s’agit à la base d’une pièce de théâtre Mais au final, par les cadrages et les angles de prises de vue, on échappe tout à fait à la sensation d’être assis devant une scène statique. On reste dans le décor confiné d’un appartement, mais la réalisation arrive vraiment à en exploiter tout le volume et tous les axes. Cela ne peut paraître qu’un détail, mais un détail qui compte et nous permet de rentrer pleinement dans ce film.

Par contre, le Prénom souffre un peu d’un manque de souffle pendant une bonne moitié. En fait, c’est même la partie qui tourne autour uniquement autour du fameux prénom qui se révèle être la moins intéressante. Mais au fur et à mesure que cela fait ressortir l’ensemble des tensions familiales, le film prend de l’ampleur et l’humour aussi. Ca devient plus tranchant, plus méchant, moins caricatural. Décidément, les histoires de famille constitue un sujet inépuisable d’inspiration. La dernière demi-heure est vraiment savoureuse, marquée en plus par de vrais rebondissements scénaristiques.

leprenomOn rit donc devant le Prénom de manière un peu intermittente, mais croissante. On ressort donc plutôt sur une bonne impression. Mais le film reste globalement sympathique et drôle, mais il lui manque un petit quelque chose pour devenir vraiment culte. Pourtant, certaines répliques sont vraiment excellentes et constituent le principal vecteur d’humour. Sans doute manque-t-il aux personnages un peu plus d’humanité et de tendresse pour faire de ce film l’égal du meilleur Jaoui-Bacri.

Enfin le Prénom souffre d’une autre limite flagrante. Une limite qui se nomme Patrick Bruel. J’ai toujours dit qu’il était bien meilleur acteur que chanteur, mais pour le coup, il est un cran en dessous du reste du casting. En fait, c’est le seul dont le jeu reste trop théâtral. Cela semble souvent surjoué, oubliant que la caméra ne nécessite pas la même énergie qu’une scène qu’il faut occuper. A l’inverse, Valérie Benguigui est extraordinaire et tient là sûrement son meilleur rôle. Rien que pour l’admirer, ce film mérite d’être vu, même si cela peut bien attendre un passage à la télévision.

Au final, le Prénom a très bien réussi son passage de la scène à l’écran. Patrick Bruel un peu moins malheureusement…

Fiche technique :
Production : Chapter 2, Fargo films, Pathé, TF1 Films, M6 Films, Nexus Factory
Distribution : Pathé distribution
Réalisation : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte
Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, d’après leur piède de théâtre
Montage : David Ungaro
Photo : Célia Lafitedupont
Décors : Larie Cheminal
Musique : Jérôme Rebotier
Costumes : Anne Schotte
Durée :
109 mn

Casting :
Patrick Bruel : Vincent
Valérie Benguigui : Eilsabeth
Charles Berling : Pierre
Guillaume De Tonquédec : Claude
Judith El Zein : Anna
Françoise Fabian : Françoise
Yaniss Lespert : le livreur de pizza

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