TYRANNOSAUR : Bonheur fossile

tyrannosaurafficheL’amour reste quand même de loin le sujet le plus abordé au cinéma. Dans quel film n’est-il pas présent à un niveau plus ou moins élevé ? Parfois, tout cela est synonyme de fleurs bleues, de paillettes et de bonheur doux et sucré. Et parfois, pas du tout… Il y a bien sûr parfois de purs drames, mais aussi toutes ces histoires entre deux êtres trop marqués par les difficultés de la vie pour que le mot romance possède encore le moindre sens pour eux. C’est notamment le cas dans Tyrannosaur.

Joseph boit. Joseph a tendance à perdre ses nerfs et à se servir de ses poings un peu trop facilement. En fait, Joseph vit très mal le décès de son épouse. Un jour, après une bagarre, il se réfugie dans la boutique tenue par Hannah. Cette dernière se propose de prier pour lui, mais ne récolte que de l’hostilité. Cependant, Joseph reviendra le lendemain pour s’excuser. Il se rendra vite compte que chacun d’eux portent en lui une grande souffrance. Mais peut-on encore soulager la peine de l’autre quand on ne peut plus supporter la sienne ?

Autant le dire tout de suite, Tyrannosaur n’est pas le film le plus gai de l’année. Mais il est également néanmoins loin d’être le plus sinistre. Les personnages sont certes au plus bas, le film est parfois dur. Mais il s’en dégage finalement un grand optimisme, même si, rassurez-vous, il est loin de s’achever sur un happy-end hollywoodien. Un film noir donc, où l’on aperçoit cependant la lumière qui pointe à l’horizon. Un horizon lointain, mais un horizons visible quand même.

Tyrannosaur tient avant tout sur les deux personnages principaux et leur relation. La grande force de ce film est d’arriver finalement à nous attacher à eux. En effet, c’est loin d’être gagné à la base puisqu’ils se caractérisent justement dans leur incapacité à nouer des relations avec les autres. Ils finiront pas s’apprivoiser mutuellement (enfin le plus sauvage reste quand même de loin Joseph), nous entraînant par la même avec eux. Paddy Considine a pris le parti de nous montrer d’abord les conséquences des blessures subies par les deux personnages, puis de nous faire découvrir peu à peu d’où elles viennent. On apprend donc à les comprendre et à les connaître et par la même de les aimer.

Tyrannosaur est typique d’un cinéma britannique qui sait si bien donner un fond social à des films de genres très différents. Souvent des comédies (The Full Monty, Fish and Chips), mais ce film se situe évidemment plutôt dans lignée du cinéma de Ken Loach. Un cinéma profondément humain, qui nous plonge également au cœur de la misère sociale. On aurait pu imaginer une même histoire dans un milieu plus aisé, mais le décor aurait été si différent que les deux films ne se seraient que peu ressemblés.

tyrannosaurLa réalisation de Paddy Considine est sobre, malgré un réel travail sur la photographie. Là encore, ça rappelle fortement Ken Loach. Une caméra au service de l’histoire et des acteurs et ne cherche jamais à faire dans l’esbroufe. Ca peut paraître un peu austère parfois, mais cela colle parfaitement avec l’ambiance et le propos de Tyrannosaur. De plus, la sobriété n’a jamais été antinomique avec la maîtrise.

Tyrannosaur met en avant un très beau duo d’acteurs. Peter Mullan tient là un de ses rares premiers rôles. Il faut dire qu’il semble être né pour interpréter ce personnage. Il fait preuve de beaucoup de justesse dans un rôle où on pouvait aisément en faire trop. A ses côtés, Olivia Colman nous livre elle-aussi un performance proche de la perfection. Elle contribue fortement à l’émotion qui se dégage de ce film et, sans elle, il n’aurait constitué une telle réussite.

Tyrannosaur est donc un très beau film, dont la noirceur n’arrive pas à éclipser un certain optimisme qui donne tout son sens à cette histoire.

Fiche technique :
Production : Warp X, Inflammable films, Optimum Releasing, Film4
Distribution : DistriB Films
Réalisation : Paddy Considine
Scénario : Paddy Considine
Montage : Pia Di Ciaula
Photo : Erik Alexander Wilson
Décors : Simon Rogers
Musique : Chris Baldwin, Dan Baker
Durée : 91 mn

Casting :
Peter Mullan : Joseph
Olivia Colman : Hannah
Eddie Marsan : James

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