MSS BALA : Funeste concours

missbalaafficheLe cinéma mexicain reste un des cinémas les plus dynamiques. Il nous offre régulièrement des œuvres pleines d’énergie, nées de la violence de cette société marquée par la guerre contre le trafic de drogue. Cette dernière est justement au cœur de Miss Bala. Un film proprement réalisé, mais au final sans vraie surprise.

Laura et son amie Uzu s’inscrivent pour participer à un concours de beauté dans la région de Tijuana. Malheureusement, le soir même, elles se retrouvent au cœur d’une fusillade dans une boîte de nuit. Laura arrive à s’échapper, mais elle va, alors qu’elle recherche son amie disparue, recroiser le chemin du caïd à l’origine du massacre. Ce dernier, va faire pression sur elle et l’utiliser dans sa guerre contre la police… tout en lui promettant de retrouver Uzu et de lui permettre de concourir au concours de miss.

Miss Bala repose sur un principe très classique, celui de l’innocente victime entraînée malgré elle dans une histoire qui la dépasse et qui va voir sa vie mise en danger. Mais il est vrai qu’on est loin ici de Night and Day. Car elle ne se fait pas, pour une fois, enlever par un gentil qui a les apparences contre lui et dont elle va finir par épouser la cause. Non cette fois, elle est bien entraînée par de vrais méchants qui vont la forcer à devenir complice d’actes dont la seule motivation est l’argent et la défense du commerce de la drogue.

En fait, Miss Bala est un film sans gentils, en dehors de l’héroïne bien sûr. Du coup, elle ne peut compter sur personne. Police et malfrats sont engagés dans une guerre violente et sans merci. Ils ne soucient guère du sort d’une victime innocente qui est vue par tous comme un moyen d’atteindre le camp d’en face. C’est la description de cette spirale infernale et visiblement sans issue qui forme le cœur de cette histoire, qui porte une vision désabusée et assez fataliste sur la violence qui gangrène la société mexicaine.

Le tout donne un film quelque peu bancal, entre le film social et le film de gangsters pur et dur. Le film est violent, dur même parfois, mais on ne peut pas à proprement parler d’action ou de grand spectacle. De même, la vision sur la société reste quelque peu superficielle et manque quelque peu de profondeur. La critique a salué ce mélange des genres. J’en suis plutôt ressorti frustré, même si le film reste tout de même intéressant et plutôt bien foutu.

La réalisation est sobre et si la violence est crue, ce n’est jamais de manière voyeuriste ou inutilement spectaculaire. On est souvent dans le caméra à l’épaule, mais sans pour autant vous donner la nausée. Miss Bala ne ressemble pas du tout à un clip vidéo. La photographie essaye d’être la plus réaliste possible et de nous faire ressentir l’ambiance des rues mexicaines. Cela colle parfaitement à la finalité du film, mais du coup ne constitue pas en soi un intérêt particulier.

missbalaLes deux personnages principaux fonctionnent bien. Mais si l’un provoque bien le dégoût, l’héroïne quant à elle n’inspire pas toute la sympathie nécessaire à faire de Miss Bala un film totalement enthousiasmant. Certes, c’est du au fait sans doute que le personnage est réaliste et tout de même un tantinet ambigu. On y gagne sans doute en intérêt sur le fond, mais on y perd un peu en émotion pure.

Le duo Stéphanie Sigman – Noe Hernandez confirme la richesse du cinéma mexicain en termes de comédien. Aucun des deux n’est éblouissant, mais ils interprètent leurs rôles respectifs avec assez de conviction et de talent pour que l’on y croit. Ils tirent le film vers le haut et ne sont en rien responsables de ses petites imperfections.

Je suis moins enthousiaste que la plupart des critiques au sujet de Miss Bala. Je lui reconnaît un grand intérêt, une forme tout à fait correcte, mais un manque trop flagrant d’émotion.

Fiche technique :
Gerardo NARANJO – Réalisation
Gerardo NARANJO – Scénario & Dialogues
Mauricio KATZ – Scénario & Dialogues
Matyas ERDELY – Images
Ivonne FUENTES – Décors
Emilio KAUDERER – Musique
Gerardo NARANJO – Montage
Pablo LACH – Son

Casting :
Stephanie SIGMAN – Laura Guerrero
Noe HERNANDEZ – Lino Valdez
James RUSSO – Jimmy
Jose YENQUE – Kike Cámara
Irene AZUELA – Jessica Berlanga

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