LA PART DES ANGES : Looking for the whisky

lapartdesangesafficheKen Loach est un réalisateur génial mais à qui on fait souvent le reproche, souvent justifié, de faire toujours un peu le même film. Pourtant, toutes les fois où il a proposé quelque chose d’un peu différent, il a souvent connu une grande réussite. Ceci est notamment vrai quand le ton de ses films devient plus léger, comme pour Looking for Eric. La Part des Anges se situe dans cette lignée pour une réussite identique !

Robbie est sur le point d’être papa pour la première fois. Il mesure donc sa chance quand il échappe à la prison pour une énième bagarre et se voit condamné à de simples travaux d’intérêt général. Il y rencontre Henri, le superviseur du groupe, qui va le prendre sous son aile et l’initier au plaisir de la dégustation du whisky. Une simple passion d’abord avant d’y voir une opportunité de gagner beaucoup d’argent d’un coup, de refaire sa vie et d’échapper enfin à un passé qui ne cesse de le rattraper.

La Part des Anges commence comme un Ken Loach des plus classiques avec un fond social très fort et pas forcément beaucoup de raisons de sourire. Mais peu à peu le film change de ton et devient plus léger. La première partie campe longuement le décor, nous permet d’appréhender en profondeur les personnages. La seconde est vraiment axé sur l’intrigue avec un vrai suspense et des rebondissements. Tout le cinéma de Ken Loach dans un seul film et c’est un vrai régal.

En effet, du début à la fin, la Part des Anges est réellement passionnant. On entre dans cette histoire de manière immédiate et s’il nous faut un peu de temps pour vraiment s’attacher aux personnages, on finit par les aimer passionnément. Ni vrais gentils, ni jamais méchants, ce sont simplement des victimes de leur milieu qui tentent tant bien que mal de survivre et de s’en sortir le mieux qu’ils peuvent. Il n’inspire ni pitié, ni peur, mais une vraie sympathie sincère.

On retrouve dans la Part des Anges cette vision de la société britannique assez dure avec les plus faibles. Mais jamais Ken Loach ne devient moralisateur. Il n’y a pas vraiment de morale ou de conclusion à ce film. On suit simplement le parcours de personnages auquel on finit par s’identifier. On vit l’histoire totalement, surtout que ses aspects sombres restent assez limités et qu’il s’en dégage un vrai optimisme absolument pas béat. Le bien ne triomphe pas à la fin, il n’y a aucun manichéisme ici et c’est particulièrement réjouissant !

lapartdesangesLa réalisation de Ken Loach reste toujours aussi sobre. Mais sobre ne veut pas dire minimaliste. Une photographie qui peut paraître parfois un peu terne, mais qui est en fait le reflet de la réalité sociale qu’il cherche à retranscrire. Il garde surtout son extraordinaire sens de la narration et son qualité inégalée de direction d’acteurs.

En effet, encore une fois, Ken Loach a été chercher un grand nombre d’acteurs totalement inconnus pour leur faire jouer le rôle de leur vie. Ils sont une nouvelle fois tous géniaux. On sait bien que le réservoir de comédiens britanniques est très profond, mais tout de même, le réalisateur y est forcément pour quelque chose. On saluera donc les performances de Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland, Jasmin Riggins et Roger Allam.

La Part des Anges est donc une comédie sociale joyeuse, dans la pure tradition britannique. Mais avec Ken Loach derrière la caméra, elle prend une saveur toute particulière ! Un grand moment de bonheur cinématographique !

Fiche technique :
Production : Sixteen films, why not productions
Réalisation : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Montage : Jonathan Morris
Photo : Robbie Ryan
Décors : Fergus Clegg
Distribution : Le pacte
Son : Ray Beckett
Musique : George Fenton
Costumes: Carole K. Fraser
Durée : 101 mn

Casting :
Roger Allam : Thaddeus
Jasmin Riggins : Mo
Gary Maitland : Albert
John Henshaw : Harry
Paul Brannigan : Robbie

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