UNE POIGNEE DE SALOPARDS : Source improbable

unepoigneedesalopardsafficheLes grands artistes trouvent l’inspiration dans des œuvres parfois étonnantes. Ainsi, vous l’ignorez sûrement (j’aime me la péter, genre moi, je le savais!), mais le Inglourious Bastards de Quentin Tarantino est plus ou moins un remake. Le film d’origine est une série B italienne, réalisée en 1978, sorti en France sous le titre Une Poignée de Salopards, mais distribuée aux Etats-Unis sous le tires d’Inglourious Bastards. Si finalement Tarantino n’a pas gardé grand chose de l’original, c’est que ce dernier est quand même un sacré nanar.

En 1944, sur le front français, un convoi de l’armée américaine, transportant des soldats destinés à la prison ou à être fusillés, est attaqué par l’armée allemande. Les seuls survivants sont cinq prisonniers, bien décidés à rejoindre la Suisse pour regagner leur liberté. Mais ils devront échapper à la fois à l’armée alliée qu’aux troupes nazies.

Une Poignée de Salopards, avant d’inspirer le Inglourious Bastards de Tarantino, est déjà à la base une nouvelle version des Douze Salopards. Il cherche donc à surfer sur la mode des films de guerres qui sévissait à la fin des années 70. D’ailleurs, le résultat est très daté et fleure bon la série B à petit budget… et, avouons-le tout de suite, à petit talent. Le recrutement d’acteurs américains pour la distribution à l’étranger montre bien qu’on est là face à un cinéma commercial et populaire, où la dimension artistique était forcément limitée.

Cependant, derrière la caméra, on retrouve Enzo G. Castellari, un spécialiste italien du genre. Un réalisateur qui essayait tant bien que mal de donner du souffle et de l’originalité à ses œuvres. Mais il manque sérieusement de génie. On remarquera notamment son utilisation du ralenti qui reste une tentative louable mais un peu vaine de donner un style visuel à Une Poignée de Salopards. Les initiatives prêtent à sourire, mais on peut comprendre comme un Tarantino pré-adolescent a pu tomber sous le charme de cette œuvre parfois improbable. Comme j’ai pu adorer le Choc des Titans, première version…

Une Poignée de Salopards souffre d’un scénario dont le réalisme et la crédibilité sont quand même relativement limités. On est vraiment dans la série B typique où on se moque bien des faiblesses, seuls comptent l’action et le divertissement. L’intrigue n’est donc pas du tout ce qu’il y a de plus intéressant dans ce film, à part si on la regarde avec un regard ironique. Elle peut faire rire parfois, même si c’est vraiment involontairement pour le coup. Ca sent le scénario pondu un peu à la va-vite, mélangeant clichés et péripéties, sans vraiment se soucier de leurs cohérences.

unepoigneedesalopardsUne Poignée de Salopards a au moins le mérite de ne pas se prendre au sérieux. L’histoire est parsemée d’éléments d’humour au premier et au second degré. C’est sans doute ce qui le rend regardable, à défaut de le rendre intéressant au-delà de l’anecdote. On a parfois l’impression que cela est une façon de se faire pardonner le manque de moyen et les faiblesses criantes du scénario. Mais le film aurait vraiment gagné à choisir carrément le ton de la parodie.

Le casting a pour vedette Bo Svenson et Fred Williamson. Si on veut avoir une preuve définitive que ce film a marqué profondément Quentin Tarantino, il faut savoir qu’il a fait tourner le premier dans Kill Bill 2 et l’autre dans Une Nuit en Enfer. Mais globalement, le casting reste assez moyen, même si on note la présence d’un Michel Constantin en chef des partisans français.

Si ce film n’avait pas inspiré un pur chef d’oeuvre, il serait tombé totalement dans l’oubli. Il ne vaut donc pour l’anecdote ou pour les vrais amateurs de séries B improbables. Mais bon, ce n’est pas non plus l’Attaque de la Moussaka Géante (vraie film qui existe…).

Fiche technique :
Titre original :
Quel maledetto treno blindato
Réalisation : Enzo G. Castellari
Scénario :  Sandro Continenza, Sergio Grieco, Franco Marotta, Romano Migliorini et Laura Toscano
Musique : Francesco De Masi
Directeur artistique : Pier Luigi Basile et Aurelio Crugnola
Costumes : Ugo Pericoli
Photographie : Giovanni Bergamini
Montage : Gianfranco Amicucci
Producteur : Roberto Sbarigia
Format : Couleur (Telecolor) • 1.85 : 1 • 35mm
Pays d’origine :  Italie
Dates de sortie :  Italie : 8 février 1978; France : 28 février 1979

Casting :
Bo Svenson : Le lieutenant Robert Yeage
Peter Hooten : Ton
Fred Williamson : Fred Canfiel
Michael Pergolani : Nic
Jackie Basehart : Berl
Michel Constantin : Veroniqu
Joshua Sinclair : Marshall (crédité sous le nom de John Loffredo)
Massimo Vanni : Un membre de la Résistance français
Enzo G. Castellari : Un officier allemand (non crédité au générique)

Raimund Harmstorf : Adolf Sach
Ian Bannen : Le colonel Charles Thomas Buckne
Debra Berger : Nicole

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