DARK HORSE : Raté pour un raté

darkhorseafficheL’histoire d’un homme qui a bien entamé la trentaine, a un peu de ventre (enfin plutôt beaucoup en fait), perd ses cheveux lentement mais sûrement et surtout collectionne les figurines avait de quoi m’intriguer. En effet, ça ressemble un peu à mon histoire. Enfin, à la différence près, tout de même, du fait que, moi, je ne vis pas encore chez mes parents et je sais à peu près parler à une femme. Mais c’est tout de même avec une vraie curiosité que j’ai été voir Dark Horse, film au final inclassable… et pas vraiment bon.

Abe n’a rien d’un winner (cf paragraphe précédent). A un mariage, il rencontre pourtant Miranda, une dépressive complètement paumée. Il arrive à lui soutirer tour à tour son numéro de téléphone, un rendez-vous puis la promesse de l’épouser. Mais comment ces deux êtres qui semble totalement inadapté à la société pourraient-ils envisager construire quelque chose à deux ?

Dark Horse n’est pas une comédie, n’est pas un drame, n’est pas une romance. On aurait envie de dire qu’il est tout ça à la fois, mais en fait, il n’est rien de tout ça. En fait, il n’est rien du tout… Ce film m’a plongé dans une abime de perplexité dont j’ai du mal à tirer quoique ce soit. Cela aurait pu constituer une expérience décalée, hors des sentiers battus. Mais au final, si je suis tout à fait honnête, c’est surtout l’ennui qui l’a emporté, au-delà de la simple incompréhension.

Dark Horse a pourtant un sujet bien identifié. Abe fait suite à un nombre important de personnages qui dynamitent le rêve américain, en démontrant comment la moindre inadaptation à ce dernier peut vous broyer et faire de vous un boulet, un inutile. Ce sujet a déjà été traité moult fois, de manière aussi bien comique que dramatique. Ce film emprunte lui un chemin assez original dans sa forme mais qui brouille totalement le propos, au point de leur rendre passablement inintéressant.

La première moitié de Dark Horse suit une structure narrative classique. Puis peu à peu, l’imagination d’Abe se mélange avec la réalité, si bien qu’on ne sait plus vraiment ce qui se passe réellement. Le spectateur se retrouve du coup éjecté assez brutalement hors d’une histoire où il avait pu éventuellement rentrer précédemment. Todd Solondz adopte alors une logique qu’il est difficile de suivre, si bien qu’on assiste à la seconde moitié du film totalement en retrait d’un sujet qui appelait au contraire à l’identification.

darkhorseDark Horse aurait pu être éventuellement sauvé par une réalisation imaginative. Mais elle reste au contraire désespérément homogène entre rêve et réalité, ce qui finit de brouiller les pistes et de perde le spectateur. Cela contribue au sentiment d’un film raté qui n’a pas su comment donner vie à une idée de base pas si inintéressante que ça. Les personnages présentent un véritable potentiel. Un certain attachement peut naître lors de la première partie, mais il plafonne très vite. Ensuite, les protagonistes se transforment peu à peu en parfaits étrangers pour le spectateur, qui du coup, ne ressent plus vraiment les émotions que le film cherche à transmettre.

Pourtant Dark Horse bénéficie d’un casting assez surprenant pour un film indépendant. Si Jordan Gebler a connu une carrière jusqu’à présent essentiellement télévisuelle, avec de nombreuses apparitions dans des séries, il côtoie à l’écran de nombreux acteurs chevronnés. On pense bien sûr au couple Christopher Walken – Mia Farrow qui interprète, avec beaucoup de talent évidemment, les parents d’Abe. On citera également Justin Bartha, un des compère de Very Bad Trip. Mais on retiendra au final avant tout la jolie performance de Selma Blair, qu’on avait peu vu depuis les deux Hellboy.

Dark Horse propose un sujet séduisant, traité de manière originale… Mais peut-être trop au final, puisque le spectateur est vite perdu et a bien du mal à retirer quoique ce soit de ce film.

Fiche technique :
Production : Double Hope Films
Distribution : Happiness distribution
Réalisation : Todd Solondz
Scénario : Todd Solondz
Montage : Kevin Messman
Photo : Andrij Parekh
Décors : Alex DiGerlando
Durée :
85 mn

Casting :
Jordan Gelber : Abe
Selma Blair : Miranda
Mia Farrow : Phyllis
Christopher Walken : Jackie
Justin Bartha : Richard
Aasif Mandvi : Mahmoud
Zachary Booth : Justin

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