CHERCHEZ HORTENSE : Sujets inégaux

cherchezhortenseafficheDerrière les réalités sociales, il y a des gens… Ah ça vous la coupe, une introduction aussi profonde et philosophique ! Vous ne vous y attendiez pas ?… Ok, bon je vois en fait que cela n’a pas l’impact escompté. Sans doute, ai-je démarré dans des sphères trop hautes pour le commun des mortels. Tant pis, j’enchaîne en allant directement vous but pour vous parler de Cherchez Hortense, un film à la fois social et humain, avec du Jean-Pierre Bacri dedans.

Damien est le fils du Président du Conseil d’Etat. Sous la pression de sa femme, il accepte de demander l’intervention de son père pour éviter qu’une certaine Zorica ne soit expulsée. Le problème est que sa relation avec son géniteur est quelque peu compliquée et distendue. Comme l’est de plus en plus sa relation avec sa femme. Seule Aurore, une jeune fille croisée dans les alentours du café qu’il fréquente, semble lui porter un minimum d’attention.

Cherchez Hortense aborde donc beaucoup de sujet : la relation père-fils, la routine dans un couple et les drames liées aux expulsions de clandestins. Il y avait donc de quoi faire pour que Pascal Bonitzer nous offre facilement un film aux intérêts multiples. Il y parvient malheureusement de manière inégal, car tous les sujets ne sont pas traités avec le même bonheur. Le tout donne tout de même un propos plutôt convaincant, même si tout cela manque un peu de rythme.

La relation père-fils forme vraiment le cœur de ce film. C’est de loin l’aspect le plus réussi et le plus intéressant de Cherchez Hortense. Les deux personnages, incarnés par deux grands acteurs, forment un duo savoureux. Certes, les circonstances sont assez exceptionnelles, mais les problèmes de communication entre les deux peuvent très bien se rencontrer dans une vie plus ordinaire. Je pense que de nombreux spectateurs peuvent s’identifier à ces dialogues de sourds permanents. La conclusion constitue d’ailleurs le seul moment réellement inattendu de ce film.

Par contre, les problèmes de couple de Damien sentent largement le déjà-vu mille fois et manquent passablement d’intérêt. L’attachement que l’on ressent pour les personnages ne suffit pas nous faire ressentir de vraies émotions devant cette histoire désespérément ordinaire. Même la personnalité marquante de leur collégien de fils n’arrive pas à donner du relief au propos. Quant aux problèmes d’immigration, il s’agit plus d’un prétexte narratif que d’une vraie réflexion sur le sujet. Mais au moins Cherchez Hortense échappe-t-il aux clichés habituels.

cherchezhortensePascal Bonitzer parvient tout de même à nous faire passer un moment plaisant, mais parfois un peu frustrant. D’ailleurs, la fin du film est assez révélatrice. En effet, elle s’étire désespérément en longueur, comme si le réalisateur était étonné de ne pas être arrivé à tenir plus de 90 minutes avec ses idées initiales. Cela ressemble un peu un aveu de faiblesse, une preuve qu’il n’a pas su tirer tout ce qu’il y avait à tirer des différents sujets qu’il aborde.

Pascal Bonitzer se montre tout de même un excellent directeur d’acteurs. Vous me direz, avec un tel casting, il était difficile de se planter. Le duo Claude Rich – Jean-Pierre Bacri fonctionne à la perfection avec des rôles qui semblent taillés pour eux. A leurs côtés, Kristin Scott-Thomas et Isabelle Carré font preuve de leur talent et de leur charme ordinaires, ce qui est un gage réelle de qualité. On notera aussi le très bon second rôle de Jackie Berroyer que l’on n’avait pas vu depuis longtemps.

Au final, Cherchez Hortense n’est pas un film raté. C’est un film partiellement réussi, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi Pascal Bonitzer n’est pas parvenu à le réussir totalement.

Fiche technique :
Production : SBS Films, Le Pacte
Distribution : Le Pacte
Réalisation : Pascal Bonitzer
Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy
Montage : Elise Fievet
Photo : Eomain Winding
Décors : Manu de Chauvigny
Musique : Alexeï Aïgui
Costumes : Marielle Robaut
Durée : 100 mn

Casting :
Jean-Pierre Bacri : Damien
Kristin Scott-Thomas : Iva
Isabelle Carré : Aurore
Marin Orcand Tourres : Noe
Claude Rich : Sebastien Hauer
Arthur Igual : Antoine
Jackie Berroyer : Lobatch
Benoît Jacquot : Kevadian
Masahiro Kashiwagi : Satoshi

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