CAMILLE REDOUBLE : Nostalgie réincarnée

camilleredoubleafficheJ’ai récemment souligné, à l’occasion de ma critique de The We and The I, la difficulté de parler de l’adolescence au cinéma. Je vais une nouvelle fois disserter sur le sujet en vous parlant de Camille Redouble, un film plutôt réussi, mais qui souffre tout de même des habituels clichés sur cette période si délicate de la vie de chacun. Noémie Lvovsky a sûrement mis beaucoup d’elle dans ce film qui reste quand même globalement touchant.

A 40 ans, Camille voit son grand amour, Eric, qu’elle a rencontré à 16 ans, la quitter pour une femme plus jeune. Alcoolique, actrice plus ou moins ratée, sa vie prend une mauvaise tournure. A l’occasion du Réveillon du Nouvel An, elle retrouve ses vieilles copines de lycée. Sur le chemin, elle entre chez un étrange horloger. Un peu plus tard dans la soirée elle s’évanouira pour se réveiller dans son propre passé, adolescente, juste avant de rencontrer l’homme de sa vie.

Noémie Lvovsky n’est pas la première à utiliser cette idée de réincarnation d’un personnage dans son propre passé. Le synopsis de Camille Redouble ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Peggy Sue S’est Mariée de Coppola. Mais il serait bien sévère de le lui reprocher, quand le cinéma sait recycler à l’infini les mêmes concepts jusqu’à écœurement. J’ignore quelle est la part d’autobiographie dans ce film, mais la réalisatrice a avant tout voulu nous parler d’une histoire et de sentiments qui la touchent. L’idée de départ ne constitue qu’un prétexte.

Commençons cependant par ce qui fâche un tantinet. Le film nous raconte donc comment une adulte a la « chance » de revivre son adolescence avec toute sa mémoire et son expérience. Mais j’ai trouvé que du coup la vision de cet âge qui est proposée ici est une vision passée sous le filtre de l’adulte, avec beaucoup de raccourcis et d’idées toutes faites très attendues. Il y a une volonté chez Noémie Lvovsky de donner une certaine légèreté à son propos, mais comme trop souvent, cela tourne du coup à la caricature. On s’habituerait presque à cette vision faussée de l’adolescence au cinéma, mais cela continue de me gêner quelque peu.

Le film aborde deux sujets principaux. Tout d’abord, la fatalité. Sommes-nous condamnés à faire toujours les mêmes erreurs ? Si c’était à refaire, aurions-nous forcément la même vie ? Le film apporte une réponse assez subtile et intelligente, sous forme de ni oui, ni non. Cela constitue aussi le fil rouge narratif, en créant un suspense autour de la relation entre Camille et Eric, dont on ignore si elle est inexorable. C’est pour moi l’aspect du film le plus réussi.

L’autre sujet largement traité est le rapport aux parents lors de l’adolescence et les regrets qu’ils peuvent laisser. Là encore, le sujet n’est pas nouveau. Camille Redouble tient là le principal ressort émotionnel. On ne peut qu’admettre que cet aspect est assez touchant et assez bien maîtrisé. Cependant, Noémie Lvovsky ne va pas non plus très loin dans la réflexion. Cette dernière ne se révèle au final pas d’un intérêt immense. Mais au moins, cela ne plombe pas ce film parcouru par une nostalgie légère qui reste tout de même très agréable.

camilleredoubleSi Noémie Lvosky se révèle une réalisatrice imparfaite, au moins est-elle toujours une actrice débordante d’énergie et de spontanéité. Elle offre aux cinémas français d’excellents seconds rôles, alors on est heureux de la voir cette fois-ci en haut de l’affiche. A ses côtés, Samir Guesmi est un peu plus en retrait, pas aidé il est vrai, par un maquillage en adolescent qui rend son personnage comique, même quand il ne devrait pas l’être. Le couple des parents, formés par Yolande Moreau et Michel Vuillermoz, est quant à lui très juste, tout comme Denis Podalydes. Camille Redouble est aussi marquée par des apparitions plus ponctuelles, mais souvent un peu ridicule comme celle de Matthieu Almaric (et oui, je peux dire du mal de lui!) ou encore Jean-Pierre Léaud.

Au final, Camille Redouble est un film sympathique, mais inégal. Les amateurs de douce nostalgie seront par contre ravis.

Fiche technique :
Production : Gaumont, F comme Film, Ciné@, France 2 Cinéma
Réalisation : Noémie Lvovsky
Scénario : Noémie Lvovsky, Maud Ameline, Pierre-Olivier Mattei, Florence Seyvos
Montage : Annette Dutertre
Photo : Jean-Marc Fabre
Décors : Frédéric Lapierre
Distribution : Gaumont distribution
Son : Olivier Mauvezin
Musique : Gaëtan Roussel
Durée : 115 mn

Casting :
Noémie Lvovsky : Camille Vaillant
Samir Guesmi : Eric
Judith Chemla : Josepha
India Hair : Alice
Julia Faure : Louise
Yolande Moreau : la mère
Michel Vuillermoz : le père
Denis Podalydès : Alphonse
Vincent lacoste : Vincent

 

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