GORILLA MANOR (Local Natives) : Voix au loin

gorillamanorlocalnativesLa voix d’un chanteur ou d’une chanteuse fait beaucoup dans la personnalité d’un groupe. C’est sans doute ce qui le rend la musique plus humaine et donc crée le lien entre elle et le public. Une belle voix pure et claire n’a pas de prix et peut parfois se suffire à elle-même. Bien sûr, comme tout « instrument », on peu travailler dessus et certains effets apportent originalité et créativité. Mais pour le groupe Local Natives et leur album Gorilla Manor, cela s’apparente plutôt un choix malheureux.

Local Natives est un groupe de rock californien. Je ne peux résister à l’envie de citer cette description remarquable trouvée sur le site Wikipedia : « afropop influencé par des guitares hyperactives et un tambour écolier comportant des harmonies à trois volets ». Au-delà de la faute d’orthographe (afropop c’est féminin non ?), cette description me laisse perplexe… Enfin si quelqu’un peut expliquer en moins de 4 pages ce que cela veut dire exactement qu’il me fasse signe. En attendant, le groupe n’a sorti qu’un seul album pour l’instant, sorti en 2009 et il est composé de Taylor Rice au chant et à la guitare, Kelcey Ayer au chant, au clavier ainsi qu’aux percussions, Ryan Hahn au chant, à la guitare ainsi qu’à d’autres instruments à cordes plus atypiques tels que le banjo, Andy Hamm à la guitare basse et parfois au chant, et enfin Matt Frazier à la batterie.

Vous l’aurez donc constaté, ils sont quatre à chanter chez Local Natives. Mais pourquoi alors donc s’évertuent-ils tous à le faire si loin du micro ? En effet, pour moi ce qui caractérise vraiment Gorilla Manor, plutôt que les mots compliqués de Wikipedia, c’est le mauvais équilibre entre chant et instrumentation. Certes, il s’agit sûrement d’un effet volontaire, donnant un caractère un peu évaporé à leur musique. Mais s’il aurait pu apporter une certaine originalité à certains titres, là ça devient une marque de fabrique un peu lassante.

En effet, lorsque Local Navites met un peu plus la partie vocale en avant, comme sur le titre World News, Who Knows Who Cares ou encore Cubism Dream, leur musique est tout de suite plus intéressante. Certes, cela n’aurait de toute façon pas révolutionné l’histoire de la pop, mais au moins proposé un album sympa. Gorilla Manor demeure au final très inégal et du coup un peu frustrant. Du coup, on n’arrive pas à apprécier à sa juste valeur la maîtrise artistique incontestable dont font preuve ces jeunes gens.

Bien sûr, tout cela reste un avis très personnel. Toute personne ne trouvant cet effet « loin du micro » absolument pas gênant pourra trouver d’énormes qualités à Gorilla Manor. Des titres comme Cards & Quarters et Warning Sign sont pour moi gâchés par ce choix artistique. Certains trouveront peut-être qu’au contraire, ils affichent du coup une vraie personnalité et sonnent différemment du mainstream radiophonique. Voici un excellent débat qui en vaut bien d’autres qui occupent des pages et des pages dans les journaux.

Subjectivement, je trouve donc Gorilla Manor assez moyen, sans être foncièrement désagréable. Objectivement, il possède des qualités qui peuvent en faire pour certain un vrai moment de musique plaisante et plutôt paisible. Ensuite, à chacun d’apprécier.

Pour finir, regardons de plus près les titres que l’on trouve sur cet album.

1.: Wide Eyes
Un titre un peu évaporé, mais solide et maîtrisé.

2.: Airplanes
Un peu plus de conviction dans ce morceau.

3.: Sun Hands
Ca manque quand même un tantinet d’énergie.

4.: World News
Guitare plus affirmée, avec également un meilleur équilibre chant-instrumentation.

5.: Shape Shifter
Un ton plus doux et mélodieux. Mais la voix un rien cassée n’a rien d’extraordinaire.

6.: Camera Talk
Plus dynamique, plus pop. Sympa !

7.: Cards & Quarters
Un ton lent et envoûtant. Dommage que la voix soit si en retrait.

8.: Warning Sign
De la conviction, presque de l’énergie, mais la voix reste une nouvelle fois trop effacée.

9.: Who Knows Who Cares
Une belle ballade-rock, entre guitares et violon et un meilleur équilibre entre voix et instrumentation.

10.: Cubism Dream
La voix poussée dans les aigües est bien présente et on s’en réjouit.

11.: Stranger Things
Retour au son évaporé. Dommage…

12.: Sticky Thread
Une fin douce et mélodieuse. Mais toujours cette distance…

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