DANS LA MAISON : Le récit d’un récit qui ignore où il va qui ignore où il va

danslamaisonafficheAh François Ozon ! Un des réalisateurs les plus brillants du cinéma hexagonal. Un réalisateur qui s’est essayé à des genres très différents, caractéristique assez rare dans notre beau pays pour être soulignée. Il le fait souvent avec bonheur. Mais la perfection n’étant pas de ce monde, il lui arrive aussi d’avoir des légers ratés. C’est à mon sens le cas de Dans la Maison, un film complexe dans lequel François s’est quelque peu perdu.

Monsieur Germain est professeur de français, mais est désespéré par le niveau de ses élèves. Il se prend néanmoins d’affection pour Claude, un jeune garçon de 16 ans, auquel il trouve un vrai potentiel d’écrivain. Ce dernier lui propose une œuvre, sous forme de feuilleton, où il explore la vie de son camarade de classe, Rafa, sa maison, sa famille. Un récit troublant, où la limite entre fiction et réalité est floue, fascinant le professeur qui va alors lui aussi perdre le sens des réalités.

Dans la Maison est un film qui débute pourtant parfaitement bien. La bande-annonce était prometteuse et les premières minutes nous font penser que le résultat va être à la hauteur de nos espérances. Malheureusement, très vite on comprend que François Ozon, après avoir posé ses personnages et son intrigue, a bien du mal à savoir où les mener. S’il entraîne le spectateur sur de fausses pistes, cela semble le plus souvent involontaire. Le tout s’achèvera avec un dénouement loin d’être convaincant, qui démontre bien qu’à ne pas savoir où aller, on ne sait pas très bien où on finit par arriver.

Mais à côté de ça, Dans la Maison est un film excessivement bien réalisé. Excessivement car comme toujours avec François Ozon, on peut être agacé par un léger cabotinage dans la réalisation. Les effets sont nombreux, parfaitement maîtrisés, mais font parfois ressembler ses films à des exercices de style. Cependant, dans ce film, il les utilise vraiment à bon escient pour nous faire partager des éléments de l’intriguer de manière originale et surprenante. Il y a une vraie ambition artistique chez lui, même dans des contextes intimistes, et c’est assez rare dans l’Hexagone pour être souligné et encouragé.

Le flou dans lequel baigne l’intrigue nuit gravement à l’attachement que l’on peut ressentir pour les personnages. Nos sentiments vis-à-vis d’eux sont eux-aussi brouillés, indistincts. Or, Dans la Maison aurait du être un film de personnages. Mais leurs motivations profondes, leurs désirs réels restent trop indéterminés pour qu’on les comprenne. Du coup, il manque à ce film quelque chose qui nous permette de rentrer totalement dans cette histoire.

danslamaisonOn peut cependant reconnaître qu’on ne s’ennuie pas devant Dans la Maison. En effet, malgré tout, on reste motivé par l’envie de connaître où tout cela va nous mener. Alors, certes, la fin est décevante, mais on aura toujours gardé l’espoir qu’il y a réellement un sens à tout ça, qu’il nous échappe pour l’instant, mais qu’il nous sera révélé au final. Ce n’est pas le cas, la déception est grande, mais au moins cela a-t-il préservé un minimum de suspense tout au long du film.

Dans la Maison permet à Fabrice Luchini de faire du Fabrice Luchini. Cela n’a rien d’étonnant quand on connaît l’acteur, mais soulignons tout de même que François Ozon a su le diriger pour éviter l’overdose. De toute façon, les vraies stars de ce film sont les deux adolescents, Ernst Umhaueur et Bastien Ughetto, qui livrent tous deux une performance impressionnante de maturité. Un mot enfin sur une Emmanuelle Seigner qui prouve définitivement qu’elle est mille fois meilleure actrice que sa sœur.

Dans la Maison est donc un film mal maîtrisé. Sans être foncièrement mauvais, il n’arrive à pas concrétiser avec force les promesses qu’il fait naître.

Fiche technique :
Distribution : Mars distribution
Réalisation : François Ozon
Scénario : François ozon, d’après l’oeuvre de Juan Mayorga
Montage : Laure Gardette
Format : Jérôme Alméras
Décors : Arnaud de Moléron
Musique : Philippe Rombi
Costumes : Pascaline Chavanne
Durée : 105 mn

Casting :
Fabrice Luchini : Germain
Ernst Umhauer : Claude
Kristin Scott-Thomas : Jeanne
Emmanuelle Seigner : Esther
Denis Ménochet : le père de Raphael
Bastien Ughetto : Raphael
Jean-François Balmer : le proviseur
Yolande Moreau : les jumelles

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