LOOPER : La seconde où tout bascule

looperafficheParfois une histoire bascule en quelques secondes. Celles d’un dénouement, d’une conclusion qui va vraiment décider si le tout est convaincant, a un sens ou est tout simplement intéressant. Jouer sur le « mais comment tout cela va-t-il finir ? » permet de garder l’attention du spectateur jusqu’à la fin, mais fait prendre le risque d’une brutale déception qui effacera toutes les qualités de ce qui a précédé. Mais quand la fin est bonne, le film l’est aussi du coup. C’est exactement le cas de Looper, un film de science-fiction sûrement pas révolutionnaire, mais se révèle au final convaincant.

Joe est un looper. Il est chargé par une mafia du futur d’éliminer ceux qu’elle envoie dans le passé pour qu’ils disparaissent à jamais. Un travail grassement payé, mais qui n’a qu’un temps. Un jour, il faut boucler la boucle, tuer son « moi du futur » et profiter des 20 ans qui reste à vivre. Mais au moment de le faire, la main de Joe tremble et son alter-ego du futur s’échappe dans le présent.

Les voyages temporels peuplent la science-fiction depuis Georges Orwell en 1895 et sa Machine à Explorer le Temps. C’est donc un thème largement exploité, pour ne pas dire surexploité, mais qui offre tellement de possibilités que l’imagination humaine n’a pas fini d’y puiser de l’inspiration pour nous livrer encore et encore de nouvelles histoires. Looper se situe donc dans cette grande tradition et si l’idée de base est inédite dans ses détails, le principe général du film est lui assez classique.

Tout se joue donc sur la fin. Heureusement, le dernier rebondissement est à la fois inattendu et convaincant. Il fait définitivement basculer le film du côté de la réussite et donne une toute autre ampleur au scénario. On tient là une bonne histoire, du début à la fin, qui nous tient plus en curiosité qu’en haleine, mais qui en tout cas, nous maintient loin de l’ennui et suscite même chez le spectateur un réel intérêt et une vraie impatience de connaître le dénouement.

Sans cela Looper aurait été vraiment raté, car c’est avant tout sur son scénario qu’il repose. On se situe dans un futur très proche. Du coup, rien de très spectaculaire niveau progrès technologiques ou anticipation de nos futurs modes de vie. Le scénario alterne scènes d’action et avancées de l’intrigue, mais ne tombe jamais dans la surenchère visuelle. On est plus dans l’ambiance d’un film noir, et certainement pas dans un space-opera. Le voyage temporel est un prétexte pour développer une histoire complexe et faire vivre des personnages, pas simplement contenter les amateurs de science-fiction pure et dure.

looperLa réalisation est donc plutôt sobre et totalement au service de l’histoire. C’est là que réside la principale limite de Looper qui ne dépasse pas à cause de cela le stade de divertissement très réussi. Il n’y a pas là matière à film culte, comme Blade Runner ou Minority Report. Il lui manque un brin d’esthétisme qui aurait pu pourtant coller avec l’ambiance parfois assez sombre. Mais ceci n’est qu’un léger regret car, encore une fois, on est assez pris dans l’histoire tout au long du film pour ne pas penser à tout ça et pour que le plaisir ne soit en rien gâché.

Le casting est très professionnel. Aussi bien Bruce Willis, que Joseph Gordon-Levitt et Emily Blunt s’acquitte de leur rôle de manière convaincante, sans y mettre cependant trop de génie. Mais là aussi, c’est aussi avant tout parce que c’est l’intrigue qui compte avant tout et la sobriété de leur jeu leur permet simplement d’être au service de l’histoire et c’est sans doute mieux comme ça.

Au final Looper restera un des bons moments de science-fiction de cette année 2012. Il ne restera peut-être pas à jamais dans les annales du genre, mais prouve que les voyages dans le temps ont de quoi nous réserver encore bien d’autres bons moments.

Fiche technique :
Production : DMG Entertainment, Endgame, FilmDistrict, Ram Bergman productions
Distribution : SND
Réalisation : Rian Johnson
Scénario : Rian Johnson
Montage : Bob Ducsay
Photo : Steve Yedlin
Décors : Ed Verreaux
Musique : Nathan Johnson
Durée : 110 mn

Casting :
Joseph Gordon-Levitt : Joe
Bruce Willis : Joe, plus vieux
Emily Blunt : Sara
Paul Dano : Seth
Noah Segan : Kid Blue
Piper Perabo : Suzie
Jeff Daniels : Abe
Qing Xu : la femme de Joe

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