RENGAINE : Le underground, c’est quand il y en a trop qu’il y a des problèmes…

rengaineafficheOn a beaucoup parlé du racisme ces derniers temps dans l’actualité. A côté des discriminations envers les minorités plus ou moins visibles, la notion de racisme anti-blanc a fait couler quelques flots d’encre il y a quelques semaines, comme si c’était un scoop que la connerie était une valeur universellement partagée. Du coup, on en oublie un troisième phénomène, le racisme entre les minorités. C’est le sujet de Rengaine, l’histoire d’un amour plus ou moins impossible entre un noir et une arabe.

Dorcy et Sabrina s’aiment. Ils vivent une relation depuis un moment déjà et décident alors de ce marier. Mais la nouvelle ne va pas plaire aux très nombreux frères de la jeune fille, notamment l’aîné d’entre eux, Slimane. Ce dernier va alerter toute la famille et va envisager les pires extrémités pour empêcher cette union.

Rengaine est un film underground. Mais pour le coup, vraiment underground. En effet, ce film n’a tout simplement pas été produit, mais tourné avec les moyens du bord par Rachid Djaïdani sur une période de 9 ans. Près d’une décennie pour un film de 75 minutes, on mesure là vraiment le côté artisanal de la chose. Après, on peut adopter deux attitudes face à cet état de fait. Soit on considère que seul le résultat compte, soit qu’il faut recontextualiser le film pour le juger équitablement. Mais je crains que, quelque soit la manière dont on aborde ce film, il reste quand même assez moyen.

De mon point de vue, ce qui pêche déjà avant tout de chose, c’est l’intérêt du propos. Une fois que l’on a posé le fait qu’il existe un racisme entre les communautés issues du Maghreb et celles issues d’Afrique Subsaharienne, reste tout de même à développer un peu. Or, en 75 minutes, Rachid Djaïdani n’a pas tellement le temps d’aller plus loin. Surtout qu’il essaye d’introduire d’autres thématiques en parallèle comme la misogynie, l’homophobie et le racisme entre juifs et arabes. Il manque vraiment à ce film une conclusion pour présenter un profond intérêt.

Les intentions restent certes louables. Rengaine essaye de démontrer que tous sont parfois victimes, parfois coupables. Cela aurait pu constituer une base solide pour cette histoire. Mais tout cela reste cruellement superficiel. De plus, les deux personnages de Sabrina et Dorcy sont quand même relativement transparents et les quelques scènes de couple restent largement attendus. Tout le film repose sur la figure de Slimane qui catalyse autour de lui toutes les thématiques et toutes les contradictions. Mais encore une fois, les sujets sont juste effleurés et on entre jamais tout à fait dans cette histoire.

rengaineDu point de vue de la forme, Rengaine souffre évidemment du manque de moyens. Cependant, c’est aussi ça qui lui donne son identité visuelle. Rachid Djaïdani a une manière bien à lui de filmer. Au bout de quinze minutes, j’ai commencé à avoir envie de crier « mais dézoome bordel ! ». En effet, les gros plans plus que serrés sur les acteurs est un effet cinématographique tout ce qu’il y a de plus respectable, mais en abuser à ce point finit par le rendre tout à fait insupportable.

Niveau casting, il ne faut pas s’attendre à de grandes stars. On remarquera surtout (pour ne pas dire uniquement) Slimane Dazi, que l’on avait pu apercevoir dans Un Prophète ou Des Hommes Libres. Il a une gueule comme on dit quand on n’est pas raciste envers les lieux communs. Dommage que la pauvreté de la photographie ne mette pas mieux en valeur son interprétation.

Au final, tous ces défauts finissent par user totalement la sympathie que l’on avait pour ce projet. Le dénouement arrive et la force qu’il aurait du dégager tombe du coup totalement à plat, car le spectateur n’a jamais pu rentrer dans Rengaine. Il ne met donc pas longtemps à en sortir…

Fiche technique :
Réalisation : Rachid Djaïdani
Scénario : Rachid Djaïdani
Image : Rachid Djaïdani, Karim El Dib, Julien Boeuf, Elamine Oumara
Son : Rachid Djaïdani, Nicolas Becker, Margot Testemale, Julien Perez
Montage : Rachid Djaïdani, Svetlana Vaynblat, Julien Boeuf, Karim El Dib, Linda Attab
Musique : Sabrina Hamida, Karim Hamida, Atomik , Pedro LLinares, Aladin Jouni
Production : Rachid Djaïdani
Sociétés de production :Sabrazaï; co-production: les films des tournelles , Arte France Cinéma (coproduction)
Distribution :Haut et court
Pays d’origine : France
Genre : comédie dramatique
Langue : français
Sortie : 14 novembre 2012
Durée : 75 minutes

Casting :
Slimane Dazi : Slimane, le grand frère
Stéphane Soo Mongo : Dorcy
Sabrina Hamida : Sabrina
Nina Morato : Nina

 

 

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