Les films générationnels peuvent être excellents, mais toucheront plus particulièrement ceux faisant partie de la génération que le réalisateur cherche à dépeindre. Faire revivre l’esprit d’une époque, ce qui animait alors le cœur de la jeunesse n’est pas chose facile. En effet, si la nostalgie est à l’honneur ces derniers temps, on peut vite renvoyer l’image d’un vieux combattant nous livrant l’éternel et exaspérant « c’était mieux avant ! ». Surtout, il faut offrir assez de matière à ceux qui ne pourront ressentir cette nostalgie. Après Mai, le dernier film d’Olivier Assayas, n’arrive malheureusement pas à le faire.
Au début des années 70, Gilles est un lycéen à la fois engagé dans le militantisme d’extrême-gauche et dans l’ambition de devenir peintre. En cette fin d’adolescence, on rêve encore de pouvoir changer radicalement le monde. Mais l’âge adulte n’est plus très loin. Un âge où l’on doit faire des choix pour sa vie personnelle et pour déterminer le chemin qu’on souhaite lui voir prendre.
A l’heure où j’écris ces lignes, j’ai vu Après Mai depuis un peu plus d’une semaine. J’avoue que j’ai du consulter le programme ciné pour me rappeler ce que j’avais pu aller voir ce soir-là après Rengaine. C’est dire si ce film m’a profondément marqué… Je m’y étais rendu pourtant plein d’espoir, à la lecture des critiques plutôt élogieuses, le définissant comme l’œuvre la plus aboutie d’Olivier Assayas. Personnellement, j’ai surtout vu un film assez peu intéressant et surtout désespérément long.
N’ayant pas connu cette époque et ne m’étant pas vraiment attaché aux personnages, j’avais peu de chances d’aimer Après Mai. Ce film ne m’a tout simplement pas parlé. Je suis resté totalement en dehors de cette histoire qui s’apparente à un roman d’apprentissage. Pourtant la manière dont le passage à l’âge adulte est décrit est vraiment réussie. La manière dont la nécessité de construire sa propre vie nous fait mettre de côté nos envies d’engagement et d’altruisme pouvait constituer une bonne base pour un propos intéressant.
Malheureusement, le propos est noyé dans deux heures de films. Au bout d’une heure et demi, on a l’impression que l’histoire est arrivée à son dénouement. Mais la fin s’étire désespérément, comme si Olivier Assayas essayait de corriger des manques en ajoutant des scènes supplémentaires. La tentative semble un peu désespérée et enfonce beaucoup plus Après Mai qu’il ne le sauve. Surtout, cela prive le film d’une conclusion claire, apportant un sens, une perspective à l’ensemble.
La réalisation d’Olivier Assayas reste sobre. Il n’est certainement pas amateur d’effets visuels spectaculaires et cherche avant tout à mettre en avant ses personnages et l’interprétation de ses acteurs. Mais il pêche surtout par un manque de rythme patent, restant trop souvent dans un contemplatif qui démontre bien que le metteur en scène ne sait pas vraiment où son propos doit aller. Du coup, Après Mai manque cruellement de relief et plonge le spectateur dans une sorte de torpeur intellectuelle.
Les acteurs sont à l’image de Après Mai, sans relief et sans conviction. Proutant, leurs personnages sont censés en avoir, mais cela donne une impression de révoltés de pacotille. Certes le charme de Lola Creton, découvert dans Un Amour de Jeunesse, fonctionne, mais se trouve diluée comme toutes les qualités de ce film. Quant à Clément Metayer, il fait des débuts à l’écran que l’on ne va pas spécialement remarquer.
Après Mai est un film que j’avais déjà oublié. J’ai du m’en rappeler pour écrire cette critique. Il va vite à nouveau sortir de mon esprit.
Fiche technique :
Production : MK2 productions, Vortex, France 3 Cinéma
Distribution : MK2 diffusion
Réalisation : Olivier Assayas
Scénario : Olivier Assayas
Montage : Luc Barnier
Photo : Eric Gautier
Décors : François-Renaud Labarthe
Durée : 122 mn
Casting :
Clément Métayer : Gilles
Lola Creton : Christine
Félix Armand : Alain
Carole Combes : Laure
India Salvor Menuez : Leslie
Hugo Conzelmann : Jean-Pierre
Mathias Renou : Vincent
Léa Rougeron : Maria