Le cinéma anglais brille dans deux domaines. Les films à arrière-plan social et les comédies fines et drôles. Il est naturel que parfois ces deux éléments se rejoignent. Cela arrive quelques fois chez Ken Loach (Looking for Eric, La Part des Anges), mais jamais avec le succès de The Full Monty. Un film aux qualités multiples, qui continue de faire autant rire… et qui donne toujours autant envie de se foutre à poil !
La morosité économique règne à Sheffield, où les chômeurs, découragés, ont cessé de chercher vraiment du travail depuis la fermeture des dernières usines. Parmi eux, Gaz se débrouille comme il peut, multipliant les combines. Mais incapable de payer sa pension alimentaire, il risque de se voir privé la garde de son fils. Il tente alors de convaincre d’autres paumés du coin de monter un spectacle de striptease et de concurrencer les célèbres chippendales.
The Full Monty est le film culte par excellence. L’idée de départ a déjà tout pour plaire, en prenant le contre-pied complet du beau gosse, au corps de rêve et aux dents parfaites que nous montre à longueur d’écran le cinéma. Généralement, le héros est le plus beau et c’est évidemment lui qui finit par séduire la bombe qui joue à ses côtés. The Full Monty, c’est la revanche des gros, des petits, des vieux, des malingres et mêmes des roux, c’est pour dire ! Tout le monde peut être sexy, il suffit d’un peu d’audace et de confiance !
Evidemment, cette belle idée aurait pu donner un film niais qui nous expliquerait qu’on peut gagner le 100m des Jeux Olympiques en faisant 100kg, simplement avec beaucoup de volonté. Non, The Full Monty nous parle simplement de comment assumer le fait d’être différent… Enfin pour le coup, c’est plutôt d’être juste normal, parce que le corps d’un chippendale ne représente heureusement pas encore la norme. Bref, il parle de nous, les vrais gens, et ce avec une remarquable intelligence et surtout beaucoup d’humour.
The Full Monty reste un film hilarant par moment. Des nains de jardin qui dansent derrière un carreau, un casting improbable, des pas de danse dans une file d’attente, autant de moments de rire franc pour autant de scènes désormais mythiques. Et on ne parlera même pas du final qui se se termine par un dernier plan inoubliable. Une apothéose qui vient parfaitement conclure ce moment de pur bonheur cinématographique.
Et le social dans tout ça ? The Full Monty n’est certainement pas un film sur les raisons profondes du déclin industriel britannique et sur les ravages du chômage longue durée. Certes, ces aspects sont très édulcorés et les personnages apparaissent plus comme des losers sympathiques que comme de vraies victimes. Mais ce film est surtout un réquisitoire contre la morosité et le pessimisme. Personne ne devient milliardaire à la fin, chacun reçoit juste un peu de reconnaissance et quelques billets quand même. Un film qui vante la créativité, la débrouillardise, l’audace et l’imagination. La réalité n’est certainement pas si simple, mais ce n’est pas sujet du film !
The Full Monty met en avant une belle brochette d’acteurs comme seul le cinéma anglais nous en offre. Robert Carlyle et Mark Addy n’auront connu que peu d’aussi beaux rôles (un méchant dans James Bond pour le premier, Frère Tuck dans Robin des Bois pour le second), mais ils incarnent ici des personnages inoubliables. Ce film est aussi un des plus grands rôle de l’immense Tom Wilkinson qui prouve ici qu’il sait décidément tout faire comme tout grand acteur qui se respecte.
The Full Monty est culte pour bien des raisons. La première d’entre elles reste tout simplement qu’il s’agit d’un excellent film !
Fiche technique :
Réalisation : Peter Cattaneo
Scénario : Simon Beaufoy
Musique : Anne Dudley
Photographie : John de Borman
Montage : David Freeman et Nick Moore
Décors : Max Gottlieb
Costumes : Jill Taylor
Production : Uberto Pasolini, Paul Bucknor, Polly Leys et Lesley Stewart pour Fox Searchlight
Budget : estimé à 3 500 000 $
Pays d’origine : Royaume-Uni
Langue : anglais
Format : Couleurs – Dolby
Genre : Comédie
Durée : 91 minutes
Casting :
Robert Carlyle : Gaz
Mark Addy : Dave
William Snape : Nathan
Steve Huison : Lomper
Tom Wilkinson : Gerald
Paul Barber : Horse
Hugo Speer : Guy
Lesley Sharp : Jean
Emily Woof : Mandy
Deirdre Costello : Linda
Paul Butterworth : Barry
Dave Hill : Alan
Bruce Jones : Reg
Andrew Livingston : Terry
Vinny Dhillon : Sharon