LES GOONIES : Jeunesse éternelle

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lesgooniesafficheDans la série des films culte que je n’avais pas vu depuis l’adolescence, voire même l’enfance, voici les Goonies. Je pouvais craindre légitimement que ce film d’aventures pour adolescents ait beaucoup vieilli et que mes yeux d’adultes soient moins indulgents face à toutes les faiblesses inhérentes à ce genre de film. Mais certaine magie ne s’éteigne jamais et on garde toujours le même regard un peu émerveillé en regardant encore et encore ce qui a constitué la source même de notre imaginaire. Bref, ces films ne vieillissent pas… du moins pas plus que moi !

Une bande d’amis, formant un groupe surnommé les Goonies, vont se voir séparés par l’expulsion de la famille Walsh, dont la maison doit laisser place à un grand complexe immobilier. Mais la découverte d’une carte au trésor va les pousser à vivre une incroyable aventure, sous la menace de dangereux gangsters tout juste évadés de prison.

Comment juger objectivement un tel film ? Cela est évidemment impossible. Il est peu probable que les jeunes générations ne voient jamais ce film avec le même regard que ceux qui auront connu les téléphones à cadran ou rembobiné leurs cassettes audio avec un stylo bille. Mais cet aspect un peu désuet fait aujourd’hui incontestablement partie du charme de ce film qui a donné à toute une génération l’envie de partir à la chasse au trésor. Les Goonies, c’est un pur moment de nostalgie qui faut vivre avec l’innocence que l’on avait à l’époque, avant que les poils ne nous poussent sur le torse (ou ailleurs pour les filles).

Parler des invraisemblances, de l’humour parfois un peu lourdingue, des effets spéciaux parfois un rien approximatifs ne serait pas pertinent. Car comme tout film culte, Les Goonies fonctionne parce qu’il fonctionne et puis c’est tout ! Bien sûr, il y a le talent de Richard Donner, qui aura signé aussi dans sa carrière Superman, Ladyhawke ou encore l’Arme Fatale. Bref, autant de films qui auront connu un succès bien plus grand et qui auront marqué beaucoup plus profondément les mémoires que ce que la somme de leurs qualités aurait du leur permettre.

lesgooniesLes Goonies possède tout de même bien des qualités objectives. C’est un pur divertissement, sans connotation négative. Le scénario est rythmé, les personnages sont immédiatement sympathiques et le tout est parcouru de vrais moments d’imagination pure. Le film recycle bien des influences, de la plus classique et la plus évidente (l’Ile au Trésor) à d’autres qui étaient dans l’air du temps au moment de la sortie du film en 1985 (l’Inspecteur Gadget). Un peu comme Star Wars, le film crée à la fois son propre imaginaire, tout en livrant des éléments faisant parti d’un imaginaire commun accessible à tous.

Les Goonies fut aussi l’occasion des débuts à l’écran de Josh Brolin. Entre l’adolescent à bandeau de ce film et son rôle dans No Country For Old Men, plus de vingt ans plus tard, l’acteur aura pris de l’épaisseur et du charisme. Mais les prémices dont déjà visibles. Son jeune frère est interprété par Sean Astin, qui disparaîtra un peu des radars avant de revenir en hobbit dans le Seigneur des Anneaux. Il a d’ailleurs quelque peu disparu à nouveau depuis. Le reste du casting est plus anodin mais joue avec assez d’enthousiasme pour faire fonctionner le film.

J’ai donc pris un plaisir immense à revoir les Goonies après de longues années d’abstinence. Et tant que j’y prendrai du plaisir, c’est que mon âme d’enfant ne sera pas tout à fait morte. Bref, ce n’est pas demain la vieille que j’arrêterai d’aimer ce film !

Fiche technique :
Réalisation : Richard Donner P
Scénario : Chris Columbus, d’après une histoire de Steven Spielberg
Production : Harvey Bernhard et Richard Donner
Producteurs délégués : Steven Spielberg, Kathleen Kennedy et Frank Marshall
Direction de la photographie : Nick McLean
Direction artistique : Rick Carter
Chefs casting : Jane Feinberg, Mike Fenton et Judy Taylor
Chef décorateur : J. Michael Riva
Chef costumier : Richard La Motte
Chefs monteurs : Michael Kahn et Steven Spielberg
Musique : Dave Grusin
Durée : 114 minutes

Casting :
Sean Astin : Mickael « Mickey » Walsh
Corey Feldman : Clark « Mouth » Devereaux
Jonathan Ke Quan : Richard « Data » Wang
Jeff Cohen : Lawrence « Chunk » Cohen
Josh Brolin : Brandon « Brand » Walsh
Kerri Green : Andrea « Andy » Carmichael
Martha Plimpton : Stephanie « Stef » Steinbrenner
Anne Ramsey : Ma Fratelli
Joe Pantoliano : Francis Fratelli
Robert Davi : Jake Fratelli
John Matuszak : Lotney « Sloth » Fratelli
Mary Ellen Trainor : Harriet Walsh
Keith Walker : Irving Walsh
Steve Antin : Troy Perkins

LE CHOC DES TITANS : La fin d’une époque, mais un charme éternel

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lechocdestitansafficheLes hasards des promotions sur les DVD et des diffusions télé m’ont conduit ces dernières semaines à une plongée dans les films culte de mon enfance, ceux qui m’ont tant fait aimer le cinéma, mais que je n’avais pas revu depuis plusieurs décennies. Pour l’instant, cela a abouti à une tranche toujours aussi belle de rigolade avec Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? et à une grosse déception avec Les Tribulations d’un Chinois en Chine. Voici venu le tour de Le Choc des Titans, l’original, le seul, le vrai, l’unique, pas l’immonde remake sorti il y a deux ans.

Le Choc des Titans nous raconte l’histoire de Persée, d’Andromède, de Pégase, de la Méduse et bien sûr du Kraken, le dernier des Titans. On y retrouve tout ce qui nous a fait rêver en lisant des récits mythologiques : des dieux qui font mumuse avec le destin des humains, des créatures fantastiques et des héros particulièrement héroïque, accomplissant leurs exploits dans une tenue aussi légère que seyante. Je vous rassure, on n’en est pas ici au slip jaune-or de la série des Maciste, mais on a largement l’occasion d’admirer quelques torses dénudés quand même.

Le Choc des Titans, sorti en 1981, a marqué la fin d’une époque pour les effets spéciaux au cinéma. Il s’agit en effet du dernier film de Ray Harryhausen, le grand spécialiste du stop-motion. Une méthode d’animation image par image qu’il avait mis en œuvre dans des classiques des années 60 comme Jason et les Argonautes ou le Voyage Fantastique de Simbad. Quelques années après la révolution Star Wars, cette technique apparaît alors déjà complètement dépassée, mais confère à jamais à ce film son côté kitsch qui fait tout son charme.

En effet, ce dernier continue de fonctionner. Il nous rappelle que le cinéma fut pendant longtemps un artisanat, avant l’arrivée massive du numérique. Bien sûr, en regardant le Choc des Titans, on se dit que c’est encore moins crédible que les effets spéciaux du King Kong des années 30, mais qu’importe. Cela donne à ce film un côté humain et chaleureux, où les jouets avec lesquels nous avons grandit semble prendre vie à l’écran.

lechocdestitansLe Choc des Titans continue de séduire aussi parce qu’il s’appuie sur un récit qui a fait ses preuves, en traversant les siècles pour continuer à nous faire rêver. En termes de récit d’aventures, c’est vrai que l’on a rarement fait mieux que la mythologie gréco-romaine. Il y a bien sûr une certaine naïveté dans ce récit avec là aussi des éléments qui peuvent nous faire désormais sourire. C’est encore une fois parce que cinéma ne s’adressait pas à un public blasé et incapable d’émerveillement. Ceux qui n’ont pas encore perdu totalement cette capacité continueront à voir dans ce film l’incarnation du rêve et de l’imaginaire.

Si Harry Hamlin n’aura pas vu sa carrière lancée par le Choc des Titans, on retrouve au casting des stars hollywoodiennes, certes déjà déclinantes à l’époque, mais qui tiennent là certainement pas leur rôle le plus anecdotique. On pense notamment à Laurence Olivier, inoubliable en Zeus, et Ursula Andress, qui ne pouvait incarner personne d’autre qu’Aphrodite. On notera la présence, dans le rôle de Thétis, de Maggie Smith, 20 ans avant de devenir Minerva McGonagall dans Harry Potter.

Le Choc des Titans représente donc le chant du cygne d’un cinéma qui appartient désormais au passé, mais qui appartient surtout à jamais à la belle histoire du 7ème art.

Fiche technique :
Réalisation : Desmond Davis
Scénario : Beverley Cross
Décors : Frank White
Costumes : Emma Porteus
Photographie : Ted Moore
Montage : Timothy Gee
Musique : Laurence Rosenthal
Production : Ray Harryhausen et Charles H.Schneer
Société de production et de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer
Pays : États-Unis
Langue : anglais
Genre : aventures, fantasy
Budget : environ 15 millions de dollars
Durée : 118 minutes
 
Casting :
Harry Hamlin: Persée
Judi Bowker : Andromède
Burgess Meredith : Ammon
Laurence Olivier : Zeus
Jack Gwillim : Poséidon
Claire Bloom : Héra
Maggie Smith : Thétis
Ursula Andress : Aphrodite
Susan Fleetwood : Athéna
Pat Roach : Héphaïstos
Siân Phillips : Cassiopée
Neil McCarthy : Calibos
Tim Pigott-Smith : Thallo Le Compagnon De Persée
Flora Robson, Anna Manahan, Freda Jackson : Les trois Grées
Donald Houston : Acrisios
Vida Taylor : Danaé

Y’A T’IL UN PILOTE DANS L’AVION ? : 25 ans après, on en rit encore

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yatilunpilotedanslavionafficheRevoir un film dont on se rappelait fort bien et réaliser soudain que cela fait environ 25 ans qu’on ne l’avait pas vu… Voici le constat extrêmement douloureux que j’ai fait en regardant Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ?… Putain 25 ans… C’est que je ne me fais pas tout jeune… Le film non plus d’ailleurs me direz-vous, mais il mérite toujours autant son statut de film comique culte à connaître par cœur.

Ted essaye désespérément de parler à Elaine, sa fiancée qui vient de le quitter. Pour se faire, il monte dans l’avion où elle est hôtesse de l’air, surmontant sa phobie issue d’un passé douloureux de pilote dans l’armée de l’air. Mais il devra reprendre les commandes lorsque l’ensemble de l’équipage est victime d’une intoxication alimentaire.

Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? recouvre deux aspects bien distincts qui ont vieilli de manière différente. Il faut tout d’abord savoir que ce film est né à une époque, au début des années 80, où les films de catastrophe aérienne étaient particulièrement à la mode, ce qui a légué au 7èmeart un certain nombre de nanars qui passent de moins en moins à la télé. Il parodie donc un genre quelque peu oublié et propose quelques références datées qu’une partie du public n’est plus capable de saisir.

Heureusement, Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? est avant tout une somme de gags intemporels car totalement au premier degré. Ils peuvent être visuels ou prendre la forme de jeux de mots, mais fonctionnent encore et encore. Ils font mouche quasiment à chaque fois, nous arrachant de vrais éclats de rire. Ce n’est peut-être pas toujours hyper subtil, mais c’est d’une efficacité redoutable, avec cette capacité à nous faire rire bien des heures après la fin du film, rien qu’en y repensant.

Mais ce qui fait vraiment la différence et fait de Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? un film aussi culte, c’est la densité des gags. En effet, ils sont encore plus nombreux que drôles. Il ne s’agit pas d’un de ces films comiques où chaque chute (que l’on a déjà vu dans la bande-annonce) est amené par un bon quart d’heure de rien. Non, ici tout s’enchaîne avec frénésie, parfois même en arrière-plan. C’est un film que l’on peut revoir plusieurs fois d’affilée pour enfin voir tout ce qui nous avait précédemment échappé, de petits détails parfois hilarant. Cette densité a rarement été égalée dans l’histoire du cinéma comique.

On a tous nos moments préférés dans ce genre de film. Personnellement, c’est le passage qui parodie Saturday Night Fever qui continue de me faire rire en y repensant. Il y a bien sûr aussi les répliques devenues presque proverbiales comme « tu aimes les films de gladiateurs ? » ou bien « tu as déjà vu un monsieur tout nu ? ». Si vous avez déjà entendu certains de vos amis les placer dans la conversation et rire, sans que vous ne compreniez ce qu’il y a de si drôle, c’est qu’il faut de toute urgence voir Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ?

yatilunpilotedanslavionY’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? est l’occasion de revoir l’inimitable Leslie Nielsen qui aura accompagné tous les succès de Abrahams, Zucker et Zucker. Son visage ahuri lui donne un potentiel comique qui restera à jamais légendaire. Le reste du casting est plus anonyme et ne brille pas forcément par un talent dramatique inoubliable. Cependant, cela colle très bien avec le genre avec une parodie de nanars. Robert Hays et Julie Hagerty auront au moins eu le privilège d’être les têtes d’affiche d’un des films le plus culte de l’histoire du 7ème art.

25 ans d’attente, ce fut long. Je peux parier que je n’attendrai pas autant de temps avant de revoir encore une fois Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ?

Fiche technique :
Titre original : Airplane! (sous-titré Flying high)
Réalisation et scénario : Jim Abrahams, David Zucker, Jerry Zucker
Directeur de la photographie : Joseph F. Biroc
Montage : Patrick Kennedy
Musique : Elmer Bernstein
Durée : 85 Minutes

Casting :
Robert Hays : Ted Striker
Julie Hagerty : Elaine Dickinson
Lloyd Bridges : Steven McCrosky
Leslie Nielsen : Dr Rumack
Robert Stack : Capitaine Rex Kramer
Peter Graves : Capitaine Clarence Oveur
Kareem Abdul-Jabbar : Roger Murdock
Lorna Patterson : Randy
Ethel Merman : Lieutenant Hurwitz
Joyce Bulifent : Mme Davis
Stephen Stucker : Johnny Hinshaw
Kenneth Tobey : Neubauer

THE FULL MONTY : A poil !

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thefullmontyafficheLe cinéma anglais brille dans deux domaines. Les films à arrière-plan social et les comédies fines et drôles. Il est naturel que parfois ces deux éléments se rejoignent. Cela arrive quelques fois chez Ken Loach (Looking for Eric, La Part des Anges), mais jamais avec le succès de The Full Monty. Un film aux qualités multiples, qui continue de faire autant rire… et qui donne toujours autant envie de se foutre à poil !

La morosité économique règne à Sheffield, où les chômeurs, découragés, ont cessé de chercher vraiment du travail depuis la fermeture des dernières usines. Parmi eux, Gaz se débrouille comme il peut, multipliant les combines. Mais incapable de payer sa pension alimentaire, il risque de se voir privé la garde de son fils. Il tente alors de convaincre d’autres paumés du coin de monter un spectacle de striptease et de concurrencer les célèbres chippendales.

The Full Monty est le film culte par excellence. L’idée de départ a déjà tout pour plaire, en prenant le contre-pied complet du beau gosse, au corps de rêve et aux dents parfaites que nous montre à longueur d’écran le cinéma. Généralement, le héros est le plus beau et c’est évidemment lui qui finit par séduire la bombe qui joue à ses côtés. The Full Monty, c’est la revanche des gros, des petits, des vieux, des malingres et mêmes des roux, c’est pour dire ! Tout le monde peut être sexy, il suffit d’un peu d’audace et de confiance !

Evidemment, cette belle idée aurait pu donner un film niais qui nous expliquerait qu’on peut gagner le 100m des Jeux Olympiques en faisant 100kg, simplement avec beaucoup de volonté. Non, The Full Monty nous parle simplement de comment assumer le fait d’être différent… Enfin pour le coup, c’est plutôt d’être juste normal, parce que le corps d’un chippendale ne représente heureusement pas encore la norme. Bref, il parle de nous, les vrais gens, et ce avec une remarquable intelligence et surtout beaucoup d’humour.

The Full Monty reste un film hilarant par moment. Des nains de jardin qui dansent derrière un carreau, un casting improbable, des pas de danse dans une file d’attente, autant de moments de rire franc pour autant de scènes désormais mythiques. Et on ne parlera même pas du final qui se se termine par un dernier plan inoubliable. Une apothéose qui vient parfaitement conclure ce moment de pur bonheur cinématographique.

thefullmontyEt le social dans tout ça ? The Full Monty n’est certainement pas un film sur les raisons profondes du déclin industriel britannique et sur les ravages du chômage longue durée. Certes, ces aspects sont très édulcorés et les personnages apparaissent plus comme des losers sympathiques que comme de vraies victimes. Mais ce film est surtout un réquisitoire contre la morosité et le pessimisme. Personne ne devient milliardaire à la fin, chacun reçoit juste un peu de reconnaissance et quelques billets quand même. Un film qui vante la créativité, la débrouillardise, l’audace et l’imagination. La réalité n’est certainement pas si simple, mais ce n’est pas sujet du film !

The Full Monty met en avant une belle brochette d’acteurs comme seul le cinéma anglais nous en offre. Robert Carlyle et Mark Addy n’auront connu que peu d’aussi beaux rôles (un méchant dans James Bond pour le premier, Frère Tuck dans Robin des Bois pour le second), mais ils incarnent ici des personnages inoubliables. Ce film est aussi un des plus grands rôle de l’immense Tom Wilkinson qui prouve ici qu’il sait décidément tout faire comme tout grand acteur qui se respecte.

The Full Monty est culte pour bien des raisons. La première d’entre elles reste tout simplement qu’il s’agit d’un excellent film !

Fiche technique :
Réalisation : Peter Cattaneo
Scénario : Simon Beaufoy
Musique : Anne Dudley
Photographie : John de Borman
Montage : David Freeman et Nick Moore
Décors : Max Gottlieb
Costumes : Jill Taylor
Production : Uberto Pasolini, Paul Bucknor, Polly Leys et Lesley Stewart pour Fox Searchlight
Budget : estimé à 3 500 000 $
Pays d’origine : Royaume-Uni
Langue : anglais
Format : Couleurs – Dolby
Genre : Comédie
Durée : 91 minutes

Casting :
Robert Carlyle : Gaz
Mark Addy : Dave
William Snape : Nathan
Steve Huison : Lomper
Tom Wilkinson : Gerald
Paul Barber : Horse
Hugo Speer : Guy
Lesley Sharp : Jean
Emily Woof : Mandy
Deirdre Costello : Linda
Paul Butterworth : Barry
Dave Hill : Alan
Bruce Jones : Reg
Andrew Livingston : Terry
Vinny Dhillon : Sharon

LA CEREMONIE : Chabrol au sommet

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laceremonieafficheClaude Chabrol a été un des réalisateurs les plus prolifiques de l’histoire du cinéma français. Capable de sortir 3 films par an dans les années 60, sa mort a laissé un vrai vide. Il restera un incroyable conteur des recoins le plus sombres de l’âme humaine. Il a décrit avec une formidable justesse comment les apparences les plus bourgeoises et les plus respectables pouvaient cacher les secrets les plus méprisables. De mon point de vue, même si je ne connais pas toute sa pléthorique filmographie, son plus grand chef d’œuvre restera la Cérémonie, sorti en 1995.

Sophie, une jeune femme renfermée et timide, est engagée comme bonne par la famille Lelièvre. Ils sont ravis de ses services, même si, humainement, les relations sont inexistantes. Elle va tout de même se lier d’amitié avec Jeanne, employée au bureau de poste local et accusée par la rumeur d’avoir tué son propre enfant. Mais Sophie cache elle aussi bien des secrets.

La Cérémonie est inspiré très librement par le célèbre fait divers des sœurs Papin, qui défraya la chronique judiciaire dans les années 30. Il possède cependant une portée totalement universelle. Ce film nous parle de l’humiliation, ce sentiment qui peut ronger et conduire l’être humain aux pires extrémités. Sophie est dévorée par la honte (je ne vous dirai pas de quoi) et essaye de le cacher, ce qui conduit son personnage à un refoulement qui se révèlera dévastateur une fois qu’il sera mis à jour. Si le film se déroule sur fond de lutte des classes, les cœur du sujet est beaucoup psychologique que social.

Encore une fois, Claude Chabrol nous expose les ressorts de l’âme et du comportement humains. Le processus qui amène aux pires extrémités est un sujet traité régulièrement au cinéma. En effet, chercher à comprendre ce qui nous pousse à sortir des barrières morales semble une quête sans fin. Mais on l’a vu récemment avec les films A Perdre la Raison ou Possessions, ce genre d’histoire peut facilement donner des scénarios linéaires, prévisibles et au final sans grand intérêt. Il n’en est rien ici car l’intrigue est remarquablement construite avec une évolution constante des rapports entre les personnages qui prennent des tournures que l’on ne peut pas forcément soupçonner à première vue.

La Cérémonie repose également largement sur la manière dont Claude Chabrol révèle progressivement les secrets portés par les personnages. Le film porte vraiment dans ce domaine la patte de ce réalisateur. Cela engendre une tension permanente, un sentiment de malaise persistant, qui crée au final un vrai suspense. L’intérêt du film ne repose pas sur le mystère autour du dénouement (même s’il réserve un très beau rebondissement final), mais vraiment sur le chemin que prendront les personnages pour y arriver, chemin dicté en partie par des éléments de leur passé qu’on ignore au début du film. Bref, une nouvelle brillante démonstration sur le thème du « les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être » de la part de Claude Chabrol.

laceremonieSi La Cérémonie, comme tous les Chabrol, ne se distingue pas par une réalisation artistiquement novatrice, elle se démarque par une direction d’acteurs remarquable. Elle vaudra un Oscar à une Isabelle Huppert qui a tenu là un de ses rôles les plus marquants. Mais la vraie star de ce film reste Sandrine Bonnaire dont le jeu est d’une justesse saisissante. La famille Lelièvre, interprétée par Jacqueline Bisset, Jean-Pierre Cassel et la très jeune Virginie Ledoyen, est elle aussi magnifiquement incarnée par ce très bon casting.

La Cérémonie est donc un film qui restera un des plus marquants dans l’œuvre de Claude Chabrol. Il reprend tous les thèmes qui lui sont chers et nous livre un film empli de tension, de gravité et d’une grande profondeur.

Fiche technique :
Réalisateur : Claude Chabrol
Scénario : Claude Chabrol et Caroline Eliacheff, d’après le roman de Ruth Rendell, A Judgement in Stone (L’Analphabète).
Producteur : Marin Karmitz
Musique originale : Matthieu Chabrol
Musique additionnelle : Wolfgang Amadeus Mozart
Photographie : Bernard Zitzermann
Montage : Monique Fardoulis
Décors : Daniel Mercier
Pays : France
Durée: 112 minutes
Genre: Drame
Date de sortie : 30 août 1995

Casting :
Sandrine Bonnaire : Sophie
Isabelle Huppert : Jeanne
Jacqueline Bisset : Catherine
Jean-Pierre Cassel : Georges
Virginie Ledoyen : Mélinda
Jean-François Perrier : Le prêtre
Valentin Merlet : Gilles
Julien Rochefort : Jérémie
Dominique Frot : Madame Lantier
Christophe Lemoine : le marchand de lunettes

MOULIN ROUGE : Et Nicole paraît !

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moulinrougeafficheOn pensait que la comédie musicale était morte depuis la fin des années 60 et puis vint Moulin Rouge ! Mélange détonnant de tradition et de modernité, ce film est un feu d’artifice continuel de tout ce qui fait un grand film : de la magie, de l’imagination… et de l’amour. Toutes ces séquences musicales absolument splendides et surtout extrêmement variées n’auraient pas réussi à former un tel chef d’œuvre si elles n’étaient le support d’une formidable histoire d’amour. Recycler les tubes contemporains du rock pour illustrer une histoire se déroulant il y a plus d’un siècle était un pari particulièrement osé, mais qui au finale, est une totale réussite. Comme quoi la musique est un langage universel et intemporel.

Moulin Rouge nous plonge dans le Paris de la fin du XIXème, alors que l’électricité commence à éclairer de tous ses feux les nuits parisiennes. Ces dernières ont d’ailleurs leur reine, Satine, qui se produit au Moulin Rouge pour le plus grand plaisir des bourgeois qui ne rêvent que de finir la nuit en sa compagnie, quelque en soit le prix (et il est élevé généralement !). Alors quand débarque Christian, jeune Anglais désargenté, personne ne peut imaginer que cela sera le début d’une magnifique histoire d’amour !

Jamais la gaieté et la tristesse n’auront cohabité dans de tels extrêmes que dans Moulin Rouge. Tout est poussé à son maximum, à tel point que le premier quart d’heure peut rebuter. Je me rappelle très bien d’avoir eu très peur lorsque je l’ai vu pour la première fois (surtout que je l’ai vu en VF au Québec). Je ne pouvais alors m’imaginer à quel point j’allais tomber amoureux de ce film. C’est vrai que ça part fort, ne laissant pas le temps au spectateur de rentrer dans l’ambiance particulière du film. Il se sent un tantinet agressé par cette débauche de son, de paillettes, de personnages grandiloquents et par le montage, façon clip vidéo survitaminé.

Et puis, Nicole Kidman apparaît et alors, la grâce remplit l’écran pour ne plus jamais le quitter. Aucune actrice n’aurait pu remplir ce rôle avec un tel talent. Elle ne joue pas Satine, elle est Satine. C’est alors que le spectateur, saisi par ce contraste particulièrement étonnant, comprend enfin où va le film et peut enfin l’apprécier à sa juste valeur. Ca ressemble un peu à une cure d’électrochocs, mais franchement, dans ce cas-là, c’est très bon pour la santé !

L’histoire peut alors se dérouler dans un succulente alternance d’humour et d’amour, de romance et des chansons, d’ombre et de lumière. On est pris dans ce tourbillon, mais lâcher prise est alors une merveilleuse expérience. Moulin Rouge brille plus par sa forme que son fond, mais si l’histoire est simple, c’est parce qu’elle est éternelle et parlera à notre imaginaire de manière directe. Un version pop de la Dame aux Camélias qui s’inscrit dans la même tradition que Tristan et Yseult et Roméo et Juliette. Le tout se termine dans un final de toute beauté, véritable apothéose qui vient couronner magnifiquement cette œuvre magistrale.

moulinrougeLa performance des autres acteurs n’est pas en reste. Certes, il n’existe pas une telle osmose entre eux et leur personnage. Mais ce film réussit l’exploit de mettre en lumière le talent d’un acteur qui n’en a pourtant pas beaucoup, Ewan McGregor ! Il chante vraiment très bien, rend son personnage crédible et arrive à jouer ses dialogues sans sembler les réciter (tout le contraire de ses prestations dans Big Fish et La Revanche des Sith). Un bon point pour Baz Luhrman dans sa direction d’acteurs.

Que reprocher à ce film ? Rien en fait. On aime ou on n’aime pas, mais Moulin Rouge est une œuvre d’une telle force que changer quoique ce soit en ferait un film totalement différent. Et il faut avouer que ce serait une perte inestimable pour l’humanité.

Fiche technique :
Film américain de Baz Luhrman (2001)
Avec :
Nicole Kidman : Satine
Ewan McGregor : Christian
John Leguizamo : Toulouse-Lautrec
Jim Broadbent : Zidler
Richard Roxburgh : le duc de Monroth
Kylie Minogue : la fée verte
Jacek Koman : l’Argentin
Linal Haft : Warner

Compositeur : Craig Amstrong, Marius de Vries, Steve Hitchcock
Costumes : Catherine Martin, Ian Gracie
Décors : Catherine Martin
Animation et effets visuels : Rick Sander, Kristopher Kasper, Shannon Leigh Olds, Matt Villa

LITTLE MISS SUNSHINE : Du bonheur concentré !

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littlemisssunshineafficheDe l’autre côté de l’Atlantique, le cinéma hollywoodien est le premier à célébrer, parfois jusqu’à l’écœurement, les valeurs familiales traditionnelles. C’est parfois touchant, mais aussi très souvent carrément insupportable. Mais le cinéma américain plus indépendant est le premier, à l’inverse, à dynamiter ce modèle et à se moquer du conformisme qui règne en maître dans les studios de Los Angles. Un des meilleurs exemples reste une merveilleuse comédie : Little Miss Sunshine.

Un père qui essaye désespérément de vendre une méthode pour devenir un gagnant, une mère qui fait ce qu’elle peut, un grand-père obsédé et toxicomane, un oncle suicidaire et dépressif, un fils qui s’est voué au mutisme et surtout une fille qui ne rêve que d’une chose : remporter le concours Little Miss Sunshine, un concours de beauté, ce à quoi son physique ne la voue pas vraiment. Elle se retrouve pourtant sélectionnée et embarque tout ce petit monde dans une traversée du pays à bord d’un van aussi délabré que cette famille loin de l’idéal hollywoodien.

Je me rappelle très bien être allé voir Little Miss Sunshine au cinéma sans trop savoir à quoi m’attendre. Certes, le film était précédé d’une réputation flatteuse, ayant remporté de nombreux prix dans plusieurs festivals. Je me rappelle surtout en être ressorti débordant d’enthousiasme et de bonne humeur. Ce film s’apparente à du concentré de joie et d’optimisme, dynamitant le conformisme et le bonheur formaté. Il y a quelque chose d’Amélie Poulain, mais en plus mordant et en plus déjanté.

Little Miss Sunshine est une comédie incroyablement drôle, mais tellement plus que ça. Le film ne cherche pas à donner de leçon, si ce n’est que personne n’a à en donner à qui que ce soit ! Il s’en dégage une incroyable fraîcheur. L’histoire, récompensée par l’Oscar du meilleur scénario, connaît des rebondissements et réserve bien des surprises. Une vraie trame narrative au service d’un sujet pour un résultat incroyablement réjouissant. L’humour est plutôt subtil, jamais vulgaire. Lorsque Jonathan Dayton et Valerie Faris utilisent le premier degré, c’est toujours pour surprendre et surtout pour envoyer un missile au cœur des valeurs traditionnelles.

Little Miss Sunshine offre surtout une des scènes les plus extraordinaires de l’histoire du cinéma. Et oui, je n’ai pas peur de le dire ! Le passage du concours de beauté qui conclut le film reprend tout l’esprit dont il a fait preuve précédemment, mais en décuple toutes les qualités. C’est à mourir de rire et constitue surtout un pied de nez génial à tout ce qu’il y a de pire dans la culture américaine, et plus largement occidentale ! Un moment culte qui joue un grand rôle dans le succès commercial et critique de film indépendant… Enfin produit par la branche indépendante de la Fox, qui est donc prête à promouvoir les œuvres qui détruisent tout ce qu’une telle société représente… Enfin pour le coup, ils ont eu le nez creux !

littlemisssunshineLittle Miss Sunshine est un grand film surtout parce qu’il nous propose la plus incroyable galerie de personnages qui soit. Une bande d’anti-héros, qui joueraient le rôle de faire-valoir ou d’éléments comiques dans d’autres productions et qui tiennent là une formidable revanche ! Une merveilleuse inversion des rôles et des valeurs qui fait vraiment du bien. Car honnêtement, on peut plus facilement s’identifier à eux qu’aux modèles de perfection qui occupe les premiers rôles dans les blockbusters.

Little Miss Sunshine, c’est enfin un formidable casting. Au premier rang de celui-ci, Alan Arkin, dont la performance a été récompensée par un Oscar du second rôle, couronnant une carrière débutée en… 1957 ! La très jeune Abigail Breslin nous charme par son incroyable énergie et son charme dévastateur… malgré tous les efforts pour l’enlaidir. Mais le film repose quand même avant tout sur les deux valeurs sûres Greg Kinnear et Steve Carell, vieux routiers du cinéma comique américain, qui tiennent là tous deux deux le plus beau rôle de leur carrière.

Little Miss Sunshine est un chef d’œuvre qui ne paye pas de mine. Mais un vrai chef d’œuvre quand même.

Fiche technique :
Production : Big Beach films, Third Gear prod, Deep River prod, Bona Fide prod
Distribution : 20th Century Fox
Réalisation : Jonathan Dayton, Valerie Faris
Scénario : Michael Arndt
Montage : Pamela Martin
Photo : Tim Suhrstedt
Décors : Kalina Ivanov
Musique : Mychael Danna
Effets spéciaux : Look!
Directeur artistique : Alan Muraoka
Durée : 101 mn

Casting :
Greg Kinnear : Richard
Toni Collette : Sheryl
Steve Carell : Frank
Paul Dano : Dwayne
Abigail Breslin : Olive
Alan Arkin : Grandpa
Bryan Cranston : Stan

WEST SIDE STORY : Ainsi naissait le cinéma moderne

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westsidestoryafficheA la question absolument essentielle « Quel est le plus grand classique de l’histoire du cinéma ? », j’ai évidemment une réponse à apporter. Certains diront que j’ai des réponses à apporter même sur les sujets dont j’ignore tout, mais bon, dans le domaine du 7ème art, j’ai quelques connaissance à faire valoir. Bref, je dirai qu’ils sont deux. Autant en Emporte le Vent d’une part… Sauf que je déteste ce film. Heureusement, je citerai également West Side Story. Il faut dire, quoi de plus classique qu’une adaptation d’une des histoires les plus éternelles qui soit : Roméo et Juliette.

Le quartier de West Side à New York est marqué par les tensions entre deux bandes rivales. D’un côté, les Jets, composés d’immigrés d’origine irlandaise ou polonaise. De l’autre, les Sharks, composés de Porto-Ricains. Pour régler définitivement leurs différents, un duel doit être organisé. Mais au même moment, Tony, ancien chef des Jets, et Maria, sœur du chef des Sharks, tombent follement amoureux.

West Side Story marque un tournant dans l’histoire du cinéma. Sorti en 1961, il marque la fin de ce qu’on appelé l’âge d’or d’Hollywood. En effet, il va casser beaucoup de codes en proposant la première comédie musicale à l’intrigue dramatique (qui n’a donc rien d’une comédie) et doté d’un fond social. Mais le succès n’en fut pas moins fulgurant. Aussi bien aux Etats-Unis qu’en France, le film va rester à l’écran de certains cinémas pendant près de quatre ans sans discontinuer. Il sera également récompensé par 10 Oscars. Bref, un monument du cinéma.

Après, on peut entamer le débat : West Side Story a-t-il vieilli ? De mon point de vue, cette question est aussi absurde que se demander si la Joconde ou Hamlet sont passés de mode. Bien sûr, toutes ces œuvres ont été réalisées dans un contexte et une époque déterminée et en sont justement la représentation. C’est d’ailleurs là un de ses principaux intérêts. Oui, ce film est daté… et c’est tant mieux ! Surtout si on considère que la représentation des quartiers populaires américains dans des comédies musicales modernes donne désormais Sexy Dance…

Si West Side Story reste et restera longtemps un film extraordinaire, c’est avant tout grâce à cette musique et ces chansons signées Leonard Bernstein. Une bande-originale entre swing et jazz et qui laisse entrevoir ce qui allait devenir le rock… Vous me direz que le rock existait déjà en 1961, mais le film est l’adaptation d’une comédie musicale de Broadway, jouée à partir de 1957. A la fois, il paraît que Starmania est un opéra-rock, donc toutes ces étiquettes ne veulent pas dire grand chose. Seuls survivent le génie et les mélodies éternelles. Il est vrai que certains éléments peuvent surprendre, comme ce très long générique avec une image fixe et la musique en fond. Cela correspond à la notion d’ouverture, héritée de l’Opéra classique, où un morceau introductif annonce toutes les principales mélodies que l’on retrouvera plus tard.

Dans West Side Story, on chante, mais aussi on danse. On sent bien que les chorégraphies viennent de la scène car l’influence de la danse classique se fait grandement sentir. Tout est assez codifié et ne cherche pas le réalisme. Cela est particulièrement visible dans les scènes de bagarres qui peuvent paraître gentillettes. Mais la danse constituait justement un moyen de représenter de manière assez symbolique une violence physique qui n’avait pas sa place à l’écran à l’époque. Hors contexte, ça pourrait presque prêter à sourire, mais il faut bien comprendre qu’il s’agissait là d’une véritable transgression. Les chorégraphies de Jerome Robbins resteront pour longtemps des modèles du genre.

West Side Story nous raconte une histoire connue et éternelle. Mais c’est justement parce qu’elle a été raconté par des œuvres aussi intemporelles qu’elles font désormais partie du patrimoine commun. Ce qui fait l’intérêt de ce film est le travail de transposition de cette intrigue dans un contexte différent. On peut comprendre que le public des années 60 ait plus été touché par cette version que par la rivalité entre les Montaigu et les Capulet à Vérone au XVème siècle. Shakespeare n’avait lui-même fait qu’adapter une histoire déjà existante. Ce film poursuit ce mouvement perpétuel de la culture humaine !

westsidestoryD’un point de vue cinématographique, West Side Story est à la fois représentatif du classicisme hollywoodien, mais ouvre une nouvelle ère. On est encore dans un cinéma où les plans séquences sont nombreux, où le spectateur a le temps de comprendre ce qu’il voit. Mais Robert Wise a su introduire des innovations visuelles. La scène du dancing et la représentation du coup de foudre entre Tony et Maria mélange réalité et imaginaire de manière surprenantes pour l’époque, même si les comédies musicales ont toujours été à la pointe à ce niveau-là. A la fois, on ne danse pas et on ne chante pas dans la vraie vie. Même s’il peut paraître un peu vieillot pour certains, notamment du fait d’une narration assez lente, il reste le film qui a fait entrer le cinéma hollywoodien dans la modernité. Une modernité que nous vivons encore aujourd’hui.

West Side Story, comme toutes les grandes histoires d’amour, est avant tout l’histoire de deux amoureux. L’inoubliable Nathalie Wood, la seule qui a connu une grande carrière après ce film, incarne une Maria qui continue inlassablement à nous faire tomber amoureux. Le jeu de Richard Beymer est peut-être un peu plus daté et ne correspond plus vraiment à l’archétype de l’idéal masculin d’aujourd’hui. Mais son rôle et son personnage font partie à jamais du patrimoine cinématographique. Un mot enfin sur Marni Nixon, la doublure voix de Nathalie Wood, qui fut aussi celle de Deborah Kerr dans le Roi et Moi et surtout celle d’Audrey Hepburn dans My Fair Lady. Jamais créditée au générique, cette chanteuse a pourtant largement contribué à faire de ces films des légendes éternelles.

West Side Story fait peut-être moins pleurer désormais, alors qu’au moment de sa sortie, des salles entières en ressortaient en larmes. On est sans doute plus blasé désormais. Mais il n’en reste pas moins une force incroyable à ce film fondateur. Des générations entières à aimer ce film, tout comme on continue à jouer Shakespeare. Le génie est intemporel, West Side Story aussi !

Fiche technique :
Réalisation : Robert Wise et Jerome Robbins (séquence dansées)
Scénario : Ernest Lehman d’après le livret de la comédie musicale d’Arthur Laurents, Stephen Sondheim et Leonard Bernstein
Lyrics : Stephen Sondheim
Musique : Leonard Bernstein
Chorégraphie : Jerome Robbins
Photographie : Daniel L. Fappani
Montage : Thomas Stanford
Production : Robert Wise
Pays : États-Unis
Durée : 152 minutes (2 h 32)
Dates de sortie : États-Unis : 18 octobre 1961 (avant-première New York), 13 décembre 1961 (sortie nationale) ; France : 2 mars 1962

Casting :
Natalie Wood : Maria
Marni Nixon : Maria (voix chantée)
Richard Beymer : Tony
Jimmy Bryant : Tony (voix chantée)
Russ Tamblyn : Riff
Rita Moreno : Anita
Betty Wand : Anita (voix chantée)
George Chakiris : Bernardo
Suzie Kaye : Rosalia
Simon Oakland : lieutenant Schrank
Ned Glass : Doc
William Bramley : officer Krupke
Tucker Smith : Ice
David Winters : A-Rab
Eliot Feld : Baby John
Tony Mordente : Action
José De Vegas : Chino
Yvonne Wilder : Consuelo
Joanne Miya : Francisca

PHANTOM OF THE PARADISE : LE chef d’oeuvre de Brian de Palma

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phantomoftheparadiseafficheIl était une fois un réalisateur de génie. Il était considéré par tous comme l’égal des plus grands. Il formait avec trois compagnons, nommés Spielberg, Scorcese et Coppola, un quatuor qui devait dominer le cinéma mondial pour longtemps. Puis un jour, un de ces films, auquel il était pourtant très attaché, connu un succès plus que mitigé. Et notre génie ne s’en est jamais remis et semble courir depuis après un talent perdu. Cet homme s’appelle Brian De Palma. Et son chef d’oeuvre, Phantom of the Paradise.

Swan est une icône parmi les producteur de disques, faisant et défaisant les modes. Il s’apprête à ouvrir un club qui doit devenir le temple de la musique. Mais il cherche celle qui doit accompagner son inauguration. Il la trouve sous la forme d’une cantate reprenant l’histoire de Faust, composée par le jeune Winslow Leach. Ce dernier refuse que son œuvre soit interprétée par un autre que lui-même. Alors le producteur se débrouille pour lui voler son œuvre et l’envoyer en prison. Mais il reviendra se venger…

Comme le laisse penser le titre, Phantom of the Paradise est une version rock’n’roll de Fantôme de l’Opéra, mélangée avec le mythe de Faust. Une œuvre riche et passionnante, à la fois unique et originale et regorgeant de références diverses et variées. Une histoire d’amour et de vengeance qui renvoie aux plus grands classiques, mais empreint d’une grande modernité… Enfin d’une grande modernité, version années 70, car le film est extrêmement marqué par son époque. Mais le talent de Brian De Palma est immense, alors on n’employera pas le terme de « daté ». On peut éventuellement parlé de kitch, mais sans connotations négatives.

Phantom of the Paradise est vraiment LE chef d’œuvre de Brian de Palma. Pardon, aux fans des Incorruptibles, de Blow Out ou de Carrie. Ce film est celui où sa créativité visuelle a été la plus sublime. On y retrouve certaines techniques si caractéristiques, comme l’écran coupé en plusieurs images (mais pas de scène au ralenti, qui reste pourtant une habitude récurrente chez lui). Quasiment chaque plan nous propose une nouvelle trouvaille, une nouvelle façon de mettre en image l’histoire. Une imagination qui a fait exploser tous les concepts académiques d’Hollywood. C’est sans doute là le plus grand apport de ce réalisateur à l’histoire du 7ème art que ne doit pas nous faire oublier une deuxième moitié de carrière si décevante.

phantomoftheparadiseLa musique est particulièrement omniprésente dans Phantom of the Paradise. Il ne s’agit pas d’une comédie musicale à proprement parler, mais un film sur la musique. Quand les protagonistes ni ne chantent, ni ne composent, la musique de fond continue de jouer un rôle primordial. Elle est caractéristique du début des années 70 où le rock explorait un multitude de voies, du psychédélique à ce qui allait devenir le metal. On retrouve toute cette diversité dans ce film qui ne pourra qu’enchanter les mélomanes.

Face à tout ce talent, il est vrai que Phantom of the Paradise écrase un peu les comédiens qui ne semblent plus n’être qu’une pièce dans un formidable puzzle. Surtout que Paul Williams, qui interprète le rôle de Swan n’est autre que l’auteur de la bande originale, qui lui vaudra d’ailleurs un Oscar. Le couple William Finley-Jessica Harper ne connaîtra là son unique apparition notable (à part Guerre et Amour de Woody Allen pour la seconde). Brian de Palma a donc signé un de ces incroyables films culte, dont le casting n’est composé que d’acteurs qui auront connu ici leur unique heure de gloire. Mais quelle heure de gloire !

Phantom of the Paradise fait partie du patrimoine le plus précieux du 7ème art. Un moment de pur génie qui à lui seul permet à Brian De Palma d’être considéré comme un artiste légendaire.

Fiche technique :
Réalisation : Brian De Palma
Scénario : Brian De Palma
Musique : Paul Williams
Photographie : Larry Pizer
Cadreur : Ronnie Taylor
Montage : Paul Hirsch
Maquillage : John Chambers
Production : Edward R. Pressman Pays d’origine : États-Unis
Durée : 92 minutes

Casting :
Paul Williams : Swan
William Finley : Winslow Leach
Jessica Harper : Phoenix
George Memmoli : Arnold Philbin
Gerrit Graham : Beef

INTOLERABLE CRUAUTE : La classe à l’état pur !

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intolerablecruauteafficheIntolérable Cruauté nous projette en arrière dans le temps. Dans les années 50-60 plus précisément, l’âge d’or hollywoodien. Un temps où se multipliaient les productions mettant en scène un couple incarné par deux étoiles du septième art. Audrey Hepburn et Cary Grant dans Charade, Katharine Hepburn et Spencer Tracy dans Madame porte la culotte, Grace Kelly et James Stewart dans Fenêtre sur Cour… autant de duos qui ont marqué à jamais l’histoire du cinéma, dans un temps où les acteurs comptaient plus que l’esthétisme et les effets spéciaux.

Miles Massey est le meilleur avocat spécialiste des divorces des Etats-Unis. Marilyn Rexroth espère bien plumer son mari, pris en flagrant-délit d’adultère, lors de leur séparation. Ses plans seront ruinés par l’habilité de Miles, qui tombe pourtant visiblement amoureux d’elle. Ses rêves de fortune s’envolent. Mais a-t-elle dit son dernier mot ?

C’est donc un cinéma que l’on croyait mort que les frères Coen ont magistralement réussi à faire revivre. Et dans le rôle du couple magique, on retrouve Catherine Zeta-Jones et George Clooney. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce rôle leur va à ravir. Impeccables de bout en bout, ils illuminent l’écran de leur classe et de leur talent. Mais Intolérable Cruauté ne se limite pas à deux acteurs. C’est tout le casting qui est remarquable. Ce film est avant tout un film d’acteurs, magnifiquement dirigés par Joel Coen. L’ambiance légère est propice au cabotinage, mais jamais l’interprétation ne glisse dans la lourdeur.

Le réalisateur a su parfaitement laisser ses acteurs s’exprimer pleinement, sans que la mise en scène ne disparaisse. Le scénario, les décors, les costumes,… tous ces éléments sont particulièrement soignés mais ne sont là que pour mettre en lumière ces splendides numéros d’acteur. Nombreux sont les réalisateurs actuels qui devraient s’inspirer du travail réalisé ici par les frères Coen. N’est pas Stanley Kubrick qui veut, tout le monde ne possède pas assez de talent pour mettre les acteurs au service de la réalisation. L’inverse est souvent préférable.

intolerablecruauteLe résultat donne un film incroyablement drôle et distrayant. L’ironie et le second degré sont de rigueur, mais on rit tout de même aux éclats. En fait, tout est classieux dans Intolérable Cruauté. Le talent est partout, tout le temps. On s’attache aux personnages, même les plus odieux. Les petites touches de fantaisie apportées par les frères Coen, qui rendent ce film incontestablement moderne (à la différence de Bye-bye Love, avec Renée Zellweiger et Ewan McGregor, qui avait tenté de ressusciter le cinéma des années 60 mais sous un aspect rétro, sorti à la même époque et qui a depuis disparu des mémoires), donnent à ce film une dimension à laquelle la légèreté du propos ne destinait pas forcément. Les inconditionnels de The Big Lebowski et de Fargo trouveront peut-être que le grain de folie ne va ici pas assez loin, mais les frères Coen prouvent surtout une nouvelle fois l’incroyable palette de leur talent.

Intolérable Cruauté est donc bien plus qu’un hommage. Il constitue une réinvention. On pourrait lui reproche un manque d’originalité, mais c’est avant tout un film comme on n’en fait plus, ou très peu. Mais encore une fois, ce film n’est pas nostalgique. Il montre simplement que ce n’est pas parce qu’une recette est quelque peu passée de mode qu’elle ne peut pas être encore savoureuse. Et quand le tout est préparé avec le talent de deux grands réalisateurs et scénaristes, accompagné d’un casting flamboyant, d’un humour jamais vulgaire, le plat prend une saveur particulière et unique.

Bref, la grande classe !

Fiche technique :
Réalisation : Joel Coen, Ethan Coen (non crédité)1
Scénario : Robert Ramsey, Matthew Stone, Joel et Ethan Coen D’après une histoire de : Robert Ramsey, Matthew Stone et John Romano
Décors : Leslie McDonald
Costumes : Mary Zophres
Photographie : Roger Deakins
Montage : Joel et Ethan Coen (crédités sous le pseudonyme de Roderick Jaynes)
Musique : Carter Burwell
Producteurs : Ethan Coen, Brian Grazer, Joel Coen (non crédité) Coproducteurs : John Cameron, Jim Whitaker et Grant Heslov
Durée : 100 minutes Budget : 60 millions de dollars
Dates de sortie États-Unis : 10 octobre 2003 – France 19 novembre 2003

Casting :
George Clooney : Miles
Catherine Zeta-Jones : Marylin
Geoffrey Rush : Donovan Donaly
Cedric the Entertainer : Gus Petch
Edward Herrmann : Rex Rexroth
Paul Adelstein : Wrigley
Richard Jenkins : Freddy Bender
Billy Bob Thornton : Howard D. Doyle
Julia Duffy : Sarah Sorkin
Jonathan Hadary : Heinz, the Baron Krauss von Espy