Les hasards des promotions sur les DVD et des diffusions télé m’ont conduit ces dernières semaines à une plongée dans les films culte de mon enfance, ceux qui m’ont tant fait aimer le cinéma, mais que je n’avais pas revu depuis plusieurs décennies. Pour l’instant, cela a abouti à une tranche toujours aussi belle de rigolade avec Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion ? et à une grosse déception avec Les Tribulations d’un Chinois en Chine. Voici venu le tour de Le Choc des Titans, l’original, le seul, le vrai, l’unique, pas l’immonde remake sorti il y a deux ans.
Le Choc des Titans nous raconte l’histoire de Persée, d’Andromède, de Pégase, de la Méduse et bien sûr du Kraken, le dernier des Titans. On y retrouve tout ce qui nous a fait rêver en lisant des récits mythologiques : des dieux qui font mumuse avec le destin des humains, des créatures fantastiques et des héros particulièrement héroïque, accomplissant leurs exploits dans une tenue aussi légère que seyante. Je vous rassure, on n’en est pas ici au slip jaune-or de la série des Maciste, mais on a largement l’occasion d’admirer quelques torses dénudés quand même.
Le Choc des Titans, sorti en 1981, a marqué la fin d’une époque pour les effets spéciaux au cinéma. Il s’agit en effet du dernier film de Ray Harryhausen, le grand spécialiste du stop-motion. Une méthode d’animation image par image qu’il avait mis en œuvre dans des classiques des années 60 comme Jason et les Argonautes ou le Voyage Fantastique de Simbad. Quelques années après la révolution Star Wars, cette technique apparaît alors déjà complètement dépassée, mais confère à jamais à ce film son côté kitsch qui fait tout son charme.
En effet, ce dernier continue de fonctionner. Il nous rappelle que le cinéma fut pendant longtemps un artisanat, avant l’arrivée massive du numérique. Bien sûr, en regardant le Choc des Titans, on se dit que c’est encore moins crédible que les effets spéciaux du King Kong des années 30, mais qu’importe. Cela donne à ce film un côté humain et chaleureux, où les jouets avec lesquels nous avons grandit semble prendre vie à l’écran.
Le Choc des Titans continue de séduire aussi parce qu’il s’appuie sur un récit qui a fait ses preuves, en traversant les siècles pour continuer à nous faire rêver. En termes de récit d’aventures, c’est vrai que l’on a rarement fait mieux que la mythologie gréco-romaine. Il y a bien sûr une certaine naïveté dans ce récit avec là aussi des éléments qui peuvent nous faire désormais sourire. C’est encore une fois parce que cinéma ne s’adressait pas à un public blasé et incapable d’émerveillement. Ceux qui n’ont pas encore perdu totalement cette capacité continueront à voir dans ce film l’incarnation du rêve et de l’imaginaire.
Si Harry Hamlin n’aura pas vu sa carrière lancée par le Choc des Titans, on retrouve au casting des stars hollywoodiennes, certes déjà déclinantes à l’époque, mais qui tiennent là certainement pas leur rôle le plus anecdotique. On pense notamment à Laurence Olivier, inoubliable en Zeus, et Ursula Andress, qui ne pouvait incarner personne d’autre qu’Aphrodite. On notera la présence, dans le rôle de Thétis, de Maggie Smith, 20 ans avant de devenir Minerva McGonagall dans Harry Potter.
Le Choc des Titans représente donc le chant du cygne d’un cinéma qui appartient désormais au passé, mais qui appartient surtout à jamais à la belle histoire du 7ème art.