Dans la longue série des films dont la bande-annonce ne me donnait absolument pas envie, mais que des critiques positives m’ont poussé à aller voir, voici L’Odyssée de Pi. Un film que je n’ai failli par suivre jusqu’au bout car la 3D, une intrigue située essentiellement sur un bateau, conjuguées avec une huître du Réveillon qui n’était bien passée, ont été à deux doigts de me faire… Bref, je ne vais pas vous faire un dessin. Mais j’ai tout de même pu apprécier le spectacle proposé.
Pi et sa famille gèrent le zoo de Pondichéry. Mais la suppression des soutiens publics vont les forcer à vendre leurs animaux au zoo de Winnipeg et à s’embarquer avec eux pour le Canada. Malheureusement, une terrible tempête va faire sombrer le navire. Le jeune homme va alors se retrouver seul sur une chaloupe, au milieu de l’océan. Enfin seul en tête à tête avec Richard Parker… un tigre du Bengale.
L’Odyssée de Pi se situe dans la tradition des récits de survie, popularisée par Robinson Crusoé. Le cœur de l’intrigue est donc assez mince. Pourtant, le début du film va vous faire penser qu’il s’agit d’un film riche d’aventures variées et extraordinaires. Evidemment, le récit est raconté en flash-back (c’est le contraire qui est désormais étonnant) et est entrecoupé de dialogues pas très intéressants entre le héros devenu adulte et un écrivain. Tout cela donne un film assez long, deux bonnes heures, dont une bonne partie n’a vraiment rien d’indispensable, si ce n’est nous livrer des discours pseudo-philosophiques.
Reste tout de même ce long face à face entre l’homme et l’animal. J’avoue n’être vraiment pas fan de ce genre de récit, qui tourne vite à la projection anthropomorphique. L’Odyssée de Pi échappe à ce défaut car il intègre justement cet aspect dans la réflexion, sans aboutir justement à la conclusion « mais oui les animaux ont une âme et des sentiments ». Elle est au final beaucoup subtile et nuancée que cela.
De toute façon, L’Odyssée de Pi reste avant tout un film d’aventures. On peut même regretter qu’il n’ait pas vraiment cherché à n’être que ça. Car l’aspect survie et cohabitation avec un animal sauvage et dangereux constitue tout de même un spectacle plaisant. Certes, être coincé sur une chaloupe au beau milieu de l’océan n’offre pas forcément la possibilité de proposer des aventures variées, mais le récit arrive à être assez imaginatif pour maintenir une tension constante et entretenir la curiosité du spectateur. Ca manque peut-être d’un véritable souffle épique pour valoir le terme d’odyssée, mais au moins cela reste distrayant et même surprenant par moment.
L’Odyssée de Pi est aussi une belle réussite technique. En effet, le tigre est entièrement réalisé en images de synthèse et on doit bien avouer que le résultat est assez bluffant. Si on ajoute à ça la qualité de réalisation de Ang Lee, le film reste esthétiquement très agréable, alors qu’un décor aussi uniforme et plat que l’immensité océane n’est pas forcément facile à mettre en valeur. Cela participe à la part de rêve que nous apporte ce film.
Si le tigre est peut-être la plus grande star de L’Odyssée de Pi, il serait injuste de ne pas souligner la qualité du jeu de Suraj Sharma. Il n’est peut-être pas particulièrement charismatique, son interprétation est plus sobre que spectaculaire, mais il arrive tout de même à nous faire croire à toutes ces circonstances improbables.
L’Odyssée de Pi est un film plaisant, malheureusement quelque peu alourdi par des considérations philosophiques plus mièvres qu’intéressantes.
Fiche technique :
Production : Fox 2000 Pictures, Haishang Films, Rythm and Hues
Distribution : 20th Century Fox France
Réalisation : Ang Lee
Scénario : David Magee, d’après le roman de Yann Martel
Montage : Tim Squyres
Photo : Claudio Miranda
Décors : David Gropman
Musique : Mychael Danna
Effets spéciaux : Rythm and Hies, Animal Makers, BUF, Plowman Craven, Crazy Horse Effects
Durée : 127 mn
Casting :
Suraj Sharma : Pi Patel
Irrfan Khan : Pi Patel adulte
Ayush Tandon : Pi Patel à 11 ans
Adil Hussain : Santosh Patel
Tabu : Gita Patel
Rafe Spall : l’écrivain
Gérard Depardieu : le cuisinier