SCHIZOPHRENIE POLITIQUE

schizophrenieA l’heure où l’argent public devient une denrée rare et précieuse, il est important d’éviter la schizophrénie politique et budgétaire. Certes, elle est toujours à proscrire. Disons que les temps actuels pourraient justement constituer l’occasion d’une réflexion sur le sujet. Surtout que l’actualité de ces jours derniers a donné de quoi largement alimenter le débat.

Au PS et plus largement à gauche, on aime parler d’Etat stratège ! A l’heure où l’on cherche à réindustrialiser notre pays, cette notion est d’autant plus importante. Favoriser l’industrie ne consiste pas, comme le voudraient certains, uniquement à baisser les salaire au nom de la sacro-sainte compétitivité (qui passe plus par la productivité que par le coût horaire, mais ceci est un autre débat). L’Etat doit être en mesure d’impulser de grandes politiques en faveur de secteurs d’avenir, avec tout un arsenal à sa disposition : subventions, orientation de la recherche publique, développement de la formation, commande publique…

Définir une stratégie revient à fixer des objectifs clairs et surtout cohérents, puis à chercher les moyens de les atteindre. Il faut alors définir des priorités, favoriser ce qui va dans leur sens et au contraire chercher à changer ce qui va dans le sens inverse. Cela paraît tellement évident qu’on voit mal le besoin de rappeler ce genre de banalités. Mais dans un monde politique dominé par l’urgence et le court terme, pressé par des médias qui changent de sujet et d’opinion comme Gérard Depardieu de nationalité et soumis à la dictature de l’image, il semblerait que certains principes de base soient ignorés.

On vient d’évoquer récemment une possible participation de l’Etat dans Petroplus et Peugeot. Si le sors des milliers de salariés sur le point de perdre leur emploi représente une urgence sociale, on peut vraiment s’interroger sur la pertinence d’un investissement de l’Etat dans le pétrole et l’automobile. Ce sont certes deux secteurs qui ne sont pas encore voués à disparaître. Mais à côté de cela, on dépense des millions d’euros d’argent public pour développer les transports en commun, favoriser le ferroutage, construire des pistes cyclables ou bien diminuer la consommation de fioul pour le chauffage.

Bref, l’argent public favorise, et heureusement, une mutation sociale qui va forcément engendrer un déclin de l’automobile et de la consommation de pétrole. Mais comment alors ne pas assumer la diminution des emplois dans ces secteurs ? Certes, les difficultés chez Peugeot ou Petroplus sont largement dues à la crise économique, mais cette dernière n’a fait qu’accélérer une tendance inéluctable à long terme, notamment du fait de l’intervention de l’Etat. Bref, ce dernier veut jouer les pompier sur un feu dont il a participé à l’embrasement. Voici un bel exemple de schizophrénie !

Evidemment, il n’est pas question ici de passer sous silence les délocalisations pour profiter de coûts salariaux inférieurs ailleurs. Mais personne ne semble vouloir admettre que de toute manière l’emploi dans l’automobile est voué à décliner, que c’est une bonne chose, tant que cela correspond à un recul de la place de la voiture dans notre vie. On peut prendre tant qu’on voudra Volkswagen comme modèle, même si tout le monde avait adopté la même stratégie que le constructeur allemand, c’est n’est pas pour autant que les Européens auraient acheté plus de voitures. Bien sûr, on aurait aimé que ce soit une entreprise française qui résiste le mieux à cette évolution. Mais elle n’en est pas moins inéluctable.

Un Etat stratège doit mesurer toutes les conséquences des politiques qu’il met en place, pas seulement celles qui font plaisir. Sans cela, la schizophrénie n’est pas prête de quittée nos politiques publiques.

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