Quand on est un militant politique, on rêve de mener un grand combat historique qui rentrerait dans l’histoire. Pour cela, quoi de mieux qu’une dictature qui tombe… Bon le problème, c’est qu’il faut vivre préalablement dans une dictature, ce qui n’est jamais une sinécure. Personnellement, je n’y tiens pas, je renonce donc à vivre une telle expérience. Je me contenterai de les vivre par procuration, en allant voir des films comme No par exemple.
No nous emmène en 1988 au Chili. Sous la pression internationale, le Général Pinochet, un sympathique démocrate, est forcé d’organiser un référendum pour rester au pouvoir. Ses opposants ne sont pas d’illusions et savent le combat truqué et perdu d’avance. Pourtant, ils vont lutter avec les armes qui leur sont offertes, soit 15 minutes chaque jour à la télévision. Pour élaborer leur campagne, ils font appel à un publicitaire jeune et innovant qui va leur proposer un thème central inattendu : la joie !
No nous raconte une grande, une très grande histoire. Ce qui aurait du n’être qu’une anecdote devient un tournant historique pour le destin de tout un peuple. Le tout nous ait raconté avec beaucoup de talent narratif. Il ne se passe rien de spectaculaire, mais Pablo Larrain est parfaitement parvenu à créer une tension, un suspense qui maintient un intérêt constant et une curiosité qui ne faiblit jamais. On entre dans ce combat, on le partage avec ses protagonistes et par la même occasion leurs émotions.
No souffre cependant d’un léger paradoxe. Il nous raconte comment introduire la gaieté, l’énergie et l’humour permettent de remporter un combat politique. Par contre, le film manque quelque peu de ces trois éléments. La réalisation de Pablo Lorrain est sobre, pour ne pas dire un rien tristounette. Le film aurait mérité aussi un peu plus de punch dans la narration et sans doute vingt minutes de moins. Cela n’enlève rien au caractère passionnant de ce qui nous ait raconté. C’est juste que c’est raconté un peu lentement.
En tout cas, No donne une envie folle de se consacrer un peu plus au combat politique. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est plus que jamais nécessaire.
Fiche technique :