Parler de la banlieue est un exercice difficile car on est vite tiraillé entre plusieurs visions. On peut la décrire comme sombre en se focalisant sur une réalité sociale parfois très dure, comme dans la Haine. Ou alors à l’inverse, on peut essayer de démythifier par l’humour ces lieux qui sont avant tout vivants et remplis de potentialités, comme dans les Kaïras ou les Lascars. La Cité Rose nous offre une synthèse plutôt réussie de ces différents points de vue.
Certes, la Cité Rose nous offre une galerie de personnages tirant quasiment sur le cliché : le dealer très méchant, le jeune qui veut s’en sortir et l’ado tiraillé entre les deux. Mais la force de ce film est d’avoir su ne pas aller trop loin. Certes les protagonistes ne sont en rien inattendus, mais au moins sont-ils crédibles. Du coup, le propos arrive à être relativement convaincant. Certes, il y a une morale à la fin, mais pas d’optimisme béat, ni de pessimisme excessif.
La Cité est porté par une réalisation efficace, à défaut d’être brillante. Le film nous propose la découverte d’un univers et d’un quotidien, mais tout cela se greffe sur une intrigue qui sait avancer quand il faut pour nous préserver de l’ennui. Ce n’est certainement pas un film coup de poing, comme celui de Matthieu Kassowitz en son temps, mais le reflet d’une réalité sociale. Un reflet un rien romancé peut-être, mais certainement pas infidèle.