En fait, je suis quelqu’un de très influençable. J’avais pourtant décidé de ne pas aller voir ni Jack le Chasseur de Géants, ni Cloud Atlas. Et puis, à force de croiser des gens qui les avaient bien aimés (enfin surtout le second), j’ai fini par me laisser convaincre, sans beaucoup de résistance il faut bien l’avouer. Je ne regrette finalement pas d’avoir suivi le mouvement, puisque j’ai passé deux bons moments. Enfin, un meilleur que l’autre quand même.
Si finalement j’ai surmonté les mauvaises critiques presse à propos de Jack le Chasseur de Géants, c’est que j’avais du mal à croire qu’un réalisateur comme Bryan Singer puisse vraiment réaliser une daube absolue. Quand on a à sa filmographie Usual Suspects, on ne peut quand même nous livrer un navet au scénario sans intérêt. Et pourtant… Bon allez, je peux dire que j’ai bien aimé, dans le sens où je ne me suis pas ennuyé une seule minute devant ce divertissement basique, mais tout de même très efficace et consensuel. Mais de la part d’un cinéaste de ce calibre, le manque d’épaisseur de l’intrigue et des personnages constitue tout de même un motif de réelle déception. N’importe quelle réalisateur-carpette à la solde des studios auraient pu signer une telle production qui atteint son but, mais ne dépasse pas du moindre millimètre son statut de pur entertainment pour empiéter sur le terrain de la création artistique.
Cloud Atlas a confirmé ce que je pensais de la famille Wachowski (on ne peut plus dire les frères depuis qu’un des deux est désormais une femme…) : beaucoup d’ambition, mais pas tout à fait le talent pour en être à la hauteur. Parti, comme ça, on peut avoir l’impression que je vais dire du mal de ce film. Mais il serait injuste de ma part de critiquer trop vertement un film de près de 3 heures devant lequel je ne me suis absolument jamais ennuyé. 3h c’est pourtant long, mais malgré les faiblesses du scénario, parcouru d’une philosophie mystique obscure, on reste quand même relativement fasciné par cette œuvre originale.
6 histoires en parallèle qui nous emmène du XIXème siècle à un futur a priori lointain, voilà qui pourrait perdre le spectateur. Mais la narration reste toujours claire et d’une qualité assez homogène. On peut parfois s’interroger sur le lien entre les différents fils narratifs, mais on les suit tous avec un réel intérêt. La maîtrise des Wachowski est très imparfaite, mais ils arrivent parfaitement à faire naître une curiosité constante chez le spectateur. Et l’idée de faire intervenir les mêmes acteurs dans chacune des histoires, dans des rôles et des apparences très différentes, est au final un tout petit peu plus qu’un gadget pour cinéphiles. Mention particulière à Hugh Grant en barbare du futur, impossible à reconnaître. Heureusement, l’excellent générique de fin nous présente tous les rôles endossés par chacun des acteurs et le surprises sont nombreuses.
Cloud Atlas est la preuve qu’avec de la créativité, de l’énergie et de la foi dans ce qu’on fait (ce qui est incontestablement le cas des Wachowski), on arrive à compenser des petites faiblesses que mépriseraient bien des artistes reconnus mais qui n’inventent plus rien.