LA LONGUE MARCHE DE LA TRANSPARENCE

declarationpatrimoineLes réactions concernant la déclaration de patrimoine des ministres et des députés démontrent une nouvelle fois à quel point les réflexions prennent rarement de la hauteur quand elles se fond à chaud. En effet, la plupart des arguments opposés à cette initiative parlent de la réaction des citoyens et des médias pendant… allez 48 heures, avant que l’opinion ne passe à autre chose. Oui, on va avoir droit aux classements, comparaisons et commentaires avant que tout cela se tasse, l’attention médiatique se lassant très rapidement.

Le but profond de cette mesure est d’instaurer une culture de la transparence, telle qu’elle existe dans les pays nordiques, où le citoyen peut accéder aux notes de frais de tous les décideurs politiques. Certes, il y aura sûrement des élans de curiosité malsaine, des discours populistes, mais ces élans trouveront de quoi s’exprimer de toute façon sur d’autres sujets si ce n’est celui-là. Mais l’enjeu est vraiment ici d’en finir avec cette logique de l’entre-soi des élites politiques (merci l’ENA!), de l’impression que peut avoir le citoyen d’un monde fermé, plein de secrets, ce qui alimente les fantasmes les plus malsains.

Non, la déclaration de patrimoine n’est pas là pour lutter contre la fraude fiscale menée par un tel ou un tel. Elle est là pour qu’un mandat public, et donc les indemnités qui vont avec, implique un contrôle de le part des citoyens sur les incidences financières pour celui qui en a la charge. En Suède, il existe des associations qui regardent tout cela de près et qui ont coûté leur carrière à quelques ténors politiques. Ce n’est pas du voyeurisme, c’est une composante naturelle du contrat de confiance entre les citoyens et celui qui est chargé de les représenter. Certes, cela mord un peu sur la vie privée, mais si c’est le seul prix à payer pour des élus et des citoyens plus responsables, c’est bien peu cher payé !

Bien sûr, tout cela n’est qu’un petite mesure face aux problèmes soulevés par l’Affaire Cahuzac. Mais cette petite mesure va bien dans le sens d’une changement de mentalité, ce qui ne peut jamais se faire trop brutalement. Et jamais sans résistance.

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