L’HYPNOTISEUR, SOUS-SURVEILLANCE, TRANCE : Failles scénaristiques

lhypnotiseurafficheTrois films, trois scénarios imparfaits. Certes, la perfection n’est de toute façon pas de ce monde et on peut pardonner les invraisemblances du moment qu’elles sont au service de l’histoire. Mais pour le coup, elles auront à chaque fois desservi ces films dans leur globalité. Commençons par l’Hypnotiseur, un film suédois adapté d’un roman à succès. Il y a évidemment une volonté de surfer sur la vague du polar nordique lancée par le succès mondial du Millenium de Stieg Larsson. Mais n’est pas Stieg Larsson qui veut justement.

L’Hypnotiseur est au final un polar solide, mais qui manque un peu trop d’imagination. L’intrigue est classique, les personnages sont classiques, les rebondissements sont classiques et le dénouement est classique. Si on ajoute à ça quelques faiblesses, notamment lors de la dernière scène, on obtient un film qui se laisse regarder mais qui ne marque pas vraiment. De plus, la réalisation tient plus du très bon téléfilm que du chef d’œuvre du 7ème art. On peut vraiment regretter que l’hypnose ne tienne au final qu’une place aussi mince, car elle aurait pu constituer le point d’originalité de cette histoire.

soussurveillanceafficheSous Surveillance était quant à lui très attendu. En effet, le grand, que dis-je l’immense Robert Redford ne nous livre plus son talent qu’avec parcimonie. Le revoici derrière et devant la caméra avec un film assez politique, mettant en scène d’anciens activistes des années 70, accusés de meurtre, qui ont réussi à échapper au FBI pendant plusieurs décennies. Il fait donc écho à une époque où l’action violente chez les jeunes les plus radicaux était beaucoup plus fréquentes. Cela pose la question de la justification des moyens, même quand la fin est un combat aussi honorable que salutaire.

Le problème est que Sous Surveillance n’apporte pas vraiment de réponse. Robert Redford se contente de nous livrer un film de personnages. La réflexion reste à un stade très individuel et n’arrive pas à élargir le propos à toute la société. Le soucis est qu’à côté de ça, l’intrigue est ponctuée d’invraisemblances trop criantes pour ne pas tiquer. Qu’un petit journaliste de province se montre plus efficace en quelques jours que le FBI en quarante ans a du mal à passer. Le personnage incarné par Richard Jenkins manque lui aussi bien trop de crédibilité. On peut passer outre et apprécier la réalisation sobre mais élégante de Robert Redford, mais on a du mal à ne pas considérer qu’il est loin d’avoir exploité pleinement son sujet.

tranceafficheEnfin Trance est le nouveau film de Danny Boyle. Ce film ne constituera définitivement pas un des sommets de sa carrière, comme ont pu l’être Trainspotting ou Slumdog Millionaire. Là aussi le soucis vient du scénario. En effet, devant cette histoire d’amnésie et d’hypnose, le spectateur sait immédiatement qu’une large partie de ce qu’on lui raconte n’est qu’illusion et que les personnages ne sont certainement pas ce qu’ils semblent être. Certes, c’est là que réside tout l’intérêt du scénario me direz-vous, mais comme on sait qu’on commence par nous raconter des craques, on a bien du mal à se passionner d’emblée pour les évènements qui nous sont contés et surtout à se prendre d’affection pour des personnages qui nous cachent manifestement leur vrai visage. Et lorsque la vérité éclate, il est un peu tard pour raccrocher les wagons, on porte définitivement un regard trop extérieur à ce film pour être réellement entraîné par lui. Pourtant, le dénouement est particulièrement réussi et parvient à donner une grande bouffée finale d’intérêt à ce film.

Reste que Danny Boyle reste un des réalisateurs les plus talentueux de sa génération. Trance est une nouvelle fois parfaitement maîtrisé visuellement, avec une réelle originalité et une incontestable créativité. Mais son style ne surprend plus et on exige désormais plus que ça d’un artiste aussi accompli. C’est la rançon des succès passés !

LES NOTES :
L’HYPNOTISEUR : 11/20
SOUS SURVEILLANCE : 12/20
TRANCE : 12,5/20

L’HYPNOTISEUR
Fiche technique :
Production : Sonet Film, Svensk Filmindustri, Filmpool Nord
Distribution : UGC distribution
Réalisation : Lasse Hallström
Scénario : Paolo Vacirca, d’après le roman d’Alexander Ahndoril (Lars Kepler)
Montage : Sebastian Amundsen, Thomas Täng
Photo : Mattias Montero
Décors : Petr Kunc
Musique : Oscar Fogerlström
Effets spéciaux : Panorama film & teatereffekter
Directeur artistique : Lasse Westfelt
Durée : 122 mn

Casting :
Tobias Zilliacus : Joona Linna
Mikael Persbrandt : Erik Maria Bark
Lena Olin : Simone Bark
Helena af Sandeberg : Daniella
Oscar Pettersson : Benjamin
Anna Azcarate : Lydia

SOUS-SURVEILLANCE :
Fiche technique :
Production : Voltage pictures, Wildwood enterprises, Brightlight pictures, Kingsgate Films, TCYK North
Distribution : SND
Réalisation : Robert Redford
Scénario : Lem Dobbs, d’après le livre de Neil Gordon
Montage : Mark Day
Photo : Adriano Goldman
Décors : Laurence Bennett
Musique : Cliff Martinez
Effets spéciaux : Artifex Studios
Directeur artistique : Jeremy Stanbridge
Durée : 212 mn

Casting :
Robert Redford : Jim Grant, Nick Sloan
Shia LaBeouf : Ben hepard
Julie Christie : Mimi Lurie
Susan Sarandon : Sharon Solarz
Nick Nolte : Donal Fitzgerald
Chris Cooper : Daniel Sloan
Terrence Howard : Agent Cornelius
Stanley Tucci : Ray Fuller
Richard Jenkins : Jed Lewis
Brendran Gleeson : Henry Osborne

TRANCE :
Fiche technique :
Production : Cloud Eight Films, Film4
Distribution : Pathé Distribution
Réalisation : Danny Boyle
Scénario : Joe Ahearne, John Hodge
Montage : Jon Harris
Photo : Anthony Dod Mantle
Décors : Mark Tildesley
Musique : Rick Smith
Directeur artistique : Katrina Dunn, Denis Schnegg, Su Whitaker
Durée : 95 mn

Casting :
Rosario Dawson : Elisabeth
Vincent Cassel : Franck
James McAvoy : Simon
Danny Saprani : Nate
Matt Cross : Dominic
Wahab Sheikh : Riz
Mark Poltimore : Francis Lemaître

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