Ma Vie avec Liberace restera peut-être comme le dernier film de Steven Soderbergh. En tout cas, c’est ce qu’a annoncé le réalisateur américain, même si on peut douter de la solidité de telles promesses qui ne résistent souvent pas longtemps à l’appel de la passion. Ce film constitue donc un événement en soi. Reste à savoir s’il constitue une sortie digne du talent de ce cinéaste extrêmement prolifique, mais surtout extrêmement talentueux.
Vu de notre France, Ma Vie avec Liberace possède un intérêt quasi-historique puisqu’il nous fait découvrir un personnage jouissant d’une phénoménale notoriété outre-Atlantique (où il est plus connu qu’Elvis dit-on), même si elle n’a guère franchi les océans. C’est donc un pan de la culture américaine que ce film nous permet de découvrir. Un pan de son immense hypocrisie aussi puisque Liberace a toujours menti sur sa vie privée afin de préserver sa popularité et son succès.
Ma Vie avec Liberace présente aussi un intérêt cinématographique réel. Si la réalisation de Soderbergh est plus sobre qu’à son habitude, le cinéaste nous montre (une dernière fois?) qu’il a toujours su diriger merveilleusement bien les acteurs. Certes, il a toujours bénéficié de casting assez incroyables. Mais si les comédiens se sont toujours pressés pour tourner avec lui, ce n’est pas pour rien. Avec à l’affiche un duo aussi prestigieux que Michael Douglas – Matt Damon, il partait avec un sérieux atout dans sa manche. Mais la manière dont il est arrivé à pousser ces deux immenses stars dans des territoires inhabituels nous offre deux numéros d’acteurs valant à eux seuls le déplacement.
Cependant, Ma Vie avec Liberace souffre d’une limite presque rédhibitoire. En effet, ce film est avant tout une histoire d’amour. Mais les deux protagonistes sont trop antipathiques pour faire naître une réelle émotion. On ne ressent ni réel attachement, ni empathie profonde. Cela nous laisse un peu trop spectateur de cette histoire et seules les paillettes des costumes de Liberace nous éblouissent vraiment.
Au final, Ma Vie avec Liberace n’est pas vraiment décevant, mais n’arrive qu’à provoquer un intérêt curieux, au lieu d’une émotion enthousiaste.
LA NOTE : 12/20
Production : HBO Films
Matt Damon : Scott Thorson