J’aime bien les adaptations, parce qu’elles présentent un double intérêt. D’un côté, évidemment, la qualité du film indépendamment de son origine et de l’autre, la manière dont le cinéaste a géré le passage du papier à l’écran. Il y a les fidèles absolus et ceux qui ne cherchent visiblement qu’à attirer les fans, sans témoigner le moindre respect pour l’œuvre initiale. Ainsi, j’ai trouvé que le Parfum au cinéma était aussi crétin que le roman, mais que la manière dont le rapport aux odeurs a été mis en image était vraiment remarquable. Cela donne un avis contrasté. Le même avis que pour Quai D’Orsay.
La manière dont Bertrand Tavernier est arrivé à transposer d’une manière extrêmement fidèle la bande-dessinée de Christophe Blain et Abel Lanzac s’apparente à un tour de force. En effet, ni le style graphique, ni la narration de Quai d’Orsay ne semblait pouvoir passer facilement de l’un à l’autre. On arrive pourtant à retrouver les personnages, l’ambiance et le sens de la caricature subtile et ironique qui la caractérise. Pour cela, on peut tirer un grand coup de chapeau au réalisateur.
Cependant, on peut aussi poser la légitime question de l’utilité d’une telle adaptation. En effet, Quai d’Orsay propose de vrais moments de bonheur, mais le tout paraît un peu bancal et inabouti. En restant trop près de la bande-dessinée, Bertrand Tavernier a peut-être oublié de faire un film. Je suis pourtant un grand défenseur de la fidélité dans les adaptations, mais dans le cas qui nous intéresse, le film aurait gagné à une plus grande distance entre les deux versions. Mais plus largement, on peut globalement remettre en question la pertinence d’une retranscription à l’écran d’un univers graphique fait pour le papier.
LA NOTE : 11/20
Production : Little Bear, Pathé, Alvy Developpement, CN2 productions, France 2 Cinéma
Thierry Lhermitte : Alexandre Taillard de Worms