UN MOIS DE BONHEUR !

allemagnechampionnedumondeIl est vrai que je néglige un peu mon rôle de commentateur de l’actualité sportive (et de l’actualité tout court) ces dernières semaines. Certains se sont étonnés de mon absence totale de commentaires sur une Coupe du Monde qui a occupé toutes les conversations pendant un mois. Je vais donc, avec un peu de retard, mais aussi donc un peu de recul, revenir sur ces 5 semaines passées à regarder des hommes en short courir derrière un ballon. Mais 5 semaines de pur bonheur !

Tout le monde s’accorde pour dire que cette Coupe du Monde au Brésil fut une des plus belles au niveau du jeu. Il est vrai que depuis les poules jusqu’à la finale, elle nous a apporté notre lot de matchs spectaculaires, au scénario improbable ou au suspense insoutenable. Même si la fatigue s’est faite sentir dans la dernière ligne droite, la compétition a, pour la première fois depuis 1998 au moins, échappé à la malédiction d’un épuisement généralisé des acteurs provoqué par une saison de club interminable et intense. Or, la Coupe du Monde reste la compétition ultime, celle qui marque vraiment la mémoire et l’imaginaire collectif, et doit donc être traitée avec le respect qu’elle mérite, avec des joueurs préparés pour y donner le meilleur d’eux-même. Sinon, c’est tout le football, y compris les plus gros clubs, qui se condamnent au déclin.

Cette édition de la Coupe du Monde a couronné la meilleure équipe de la compétition. Sur ce point aussi, l’unanimité est de mise. Cela ne veut pas dire qu’elle a survolé la compétition, qu’elle a toujours triomphé largement. L’Allemagne a rappelé la France de 1998, avec une équipe qui semblait destinée à cette victoire, même dans la difficulté. Bien sûr, Higuain aurait pu marquer en finale et tout changer, tout comme Baggio fut à quelques centimètres d’arrêter notre histoire en quart de finale il y a 16 ans. Mais le plus fort a gagné, comme si le destin s’amusait à donner des petits coups de pouce à ceux qui le méritent. Ou tout simplement parce que la chance ne sourit qu’à ceux qui la provoquent.

Le finaliste fut valeureux… en finale. Car avant ça, l’Argentine aura été une des équipes les plus décevantes à réussir, sans qu’on sache bien comment, à se hisser jusqu’au match ultime. Portée par quelques rares coups de génie de Messi ou de Di Maria, l’Albiceleste a offert un spectacle parfois vraiment navrant. Mais au dernier soir, elle s’est muée en équipe de valeureux guerriers qui ont su proposer à leur vainqueur une opposition digne d’une finale. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. C’est grâce à l’Argentine que la victoire de l’Allemagne prend une relief à la hauteur du talent qui habite cette équipe, et on peut la remercier pour cela ! Ayant vécu la finale entourés de centaines d’Argentins, j’ai presque fini par souhaiter une victoire sud-américaine. Et dire que je n’ai même pas profité des larmes versées par ma charmante voisine pour la prendre dans mes bras et la consoler… Mais ceci est une autre histoire.

Cette Coupe du Monde fut aussi celle de la réconciliation entre la France et son équipe nationale de football. Il faut dire que les Bleus ont été enfin à la hauteur de l’événement, faisant preuve de talent, de volonté et d’un certain enthousiasme. Ils nous laissent sur une grande satisfaction, prometteuse pour l’avenir, mais aussi sur une petite frustration. On ne pourra jamais s’enlever de l’idée qu’ils avaient les moyens de bousculer encore plus fortement les Allemands. Mais si ces derniers ont empêché les Français d’emballer le dernier quart d’heure, c’est aussi parce qu’ils faisaient preuve d’une expérience, d’un sang-froid et d’une justesse technique supérieurs. Tous ces éléments font intégralement partie des qualités d’un grand champion, au-delà du talent pur ou des qualités physiques.

Au niveau des joueurs, on retiendra avant tout l’incroyable qualité des gardiens de but. Et ceci, malgré le nombre important de buts marqués. C’est dire si le spectacle fut au rendez-vous. L’Amérique latine aura d’ailleurs démontré qu’elle savait produire de purs génies à ce poste. La performance de Ochoa, le gardien du Mexique, face au Brésil fut une des plus extraordinaires du tournoi. Le Chili et Claudio Bravo aurait mérité mieux que cette défaite un peu injuste en 8ème de finale. La plus grande surprise reste Keylor Navas, le gardien d’un formidable Costa-Rica, la surprise de cette Coupe du Monde. Je me souviens pourtant du grand mépris au sujet de cette équipe dont avait fait preuve Pierre Ménès dans le guide de la compétition édité par le magazine Onze Mondial. Comme quoi, à ce niveau, il n’y a plus de petites équipes. Il y a des déceptions, des équipes faibles, comme le Honduras, le Cameroun et l’ensemble des équipes asiatiques, mais on ne peut jamais savoir à l’avance de qui il s’agira.

Cependant, le plus extraordinaire des gardiens vient bien d’Europe. Manuel Neuer a largement contribuer au triomphe de son équipe. Il a été tout simplement incroyable tout au long du tournoi, ce qui lui a peut-être d’ailleurs valu la clémence de l’arbitre lors de la finale, qui aurait pu très bien l’expulser et très certainement changer l’histoire. Mais on sort plus difficilement le carton rouge face à un tel génie. Au final, il aura marqué les esprit par son efficacité sur sa ligne mais surtout par son impact dans le jeu, n’hésitant pas à sortir en dehors de sa surface pour jouer le ballon au pied. Voilà une évolution qui sera très certainement suivie par d’autres dans les années qui viennent.

Pour moi, le meilleur joueur de cette Coupe du Monde reste néanmoins Lionel Messi… non je déconne, il n’y a vraiment que la FIFA pour sortir des inepties pareilles. Il s’agit bien sûr de Thomas Müller. Il est peut-être moins sexy et médiatique qu’un Cristiano Ronaldo, mais quelle constance et quelle efficacité ! Que ça soit pour marquer pour faire marquer dans un style sobre mais d’une incroyable intelligence. Il ne possède peut-être pas des qualités physiques hors du commun, mais il sait se servir à la perfection d’un muscle très important pour tout sportif… le cerveau.

Vivement dans 4 ans… Enfin, pas sûr qu’on danse autant la samba dans la Russie de Poutine…

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