Raconter une histoire vraie nécessite de faire un choix. Est-ce que le but est de relater les faits le plus objectivement possible et au plus près de la réalité ou bien est-ce que le choix est d’adopter un point de vue ? Les deux démarches peuvent, pour une même histoire, donner des résultats très différents. Aucune n’est meilleure que l’autre dans l’absolu, mais en adopter une de manière radicale est un exercice périlleux. Vie Sauvage en est la preuve.
Vie Sauvage est un film sans point de vue pendant près des deux tiers. Il nous raconte l’histoire de ce père qui aura caché ses deux fils pendant plus de dix ans, leur faisant mener une vie nomade en marge de la société, refusant de se contenter des vacances scolaires, alors que c’est sa femme qui avait quitté le domicile conjugal. Je pense qu’à la lecture de ce résumé la plupart d’entre vous sont déjà prêts à formuler une opinion sur les nombreux sujets que ce film soulève. Et bien Cédric Kahn n’en défend aucune, relatant les faits de manière particulièrement distanciée.
Dans la dernière partie, Vie Sauvage n’émet toujours pas d’opinion sur le fond, mais au moins nous fait-il partager un point de vue moins neutre, à savoir celui des deux enfants devenus de jeunes adultes. Le spectateur a alors une chance de sortir de l’intérêt poli avec lequel il a suivi ce film plutôt bien, mais assez froidement réalisé, pour aller vers plus d’émotion. Mais cela restera très limité. Comme l’est l’impact de ce film au final.
LA NOTE : 10,5/20