Jake Gyllenhaal est depuis 14 ans, et sa révélation dans Donnie Darko, un des acteurs majeurs du cinéma américain. Mais aussi un des plus discrets, ne possédant pas l’aura médiatique d’un Brad Pitt ou d’un George Clooney. Il s’affirme pourtant, film après film, rôle après rôle, comme un grand comédien, à l’aise sur tous les terrains. Il lui manque peut-être désormais un deuxième vrai grand rôle dans un vrai grand film après le Secret de Brokeback Moutain, il y a maintenant dix ans. Night Call ne sera pas celui-là. Mais il nous offre néanmoins une nouvelle occasion de mesurer l’étendu de son talent.
Allez, commençons par le petit aparté spécial « traduction de titre ridicule ». En effet, Night Call a pour titre original en anglais… Nightcrawler. Oui, je sais ce terme est relativement intraduisible en français (d’ailleurs le super-héros qui porte ce nom en VO s’appelle Diablo en VF, ce qui n’a rien à voir), mais alors pourquoi lui donner un nouveau titre en anglais ? Soit on garde le titre anglais original, soit on lui donne un titre en français, quitte à passer pour des Québecois. Bon, je sais, je me répète, mais ça m’énerve, je n’y peux rien.
Bon cette parenthèse refermée, parlons plus précisément de ce film. Voilà le genre de long métrage qui nous fait haïr et aimer les Etats-Unis. Haïr car il nous plonge dans ses pires aspects. Ici le voyeurisme des chaînes de télévision locales, pour lesquelles des « journalistes » circulent la nuit à l’affût du moindre fait divers pour en tirer les images les plus choquantes possibles qu’ils vendront au plus offrant. A côté, BFM TV, c’est le Monde Diplomatique. Aimer aussi car Night Call confirme l’incroyable faculté de ce pays à dénoncer ses propres travers avec une force et une audace bien trop rare dans l’Hexagone.
Night Call est un film très réussi avec un scénario brillant, qui nous happe peu à peu, doté d’une tension narrative qui monte toujours en intensité et qui démontre que l’on peut encore surprendre les spectateurs sans se sentir obligé de proposer des rebondissements toutes les dix minutes. Le film est très réussi grâce à son personnage central d’une ambiguïté étonnante et subversive, pour ne pas dire effrayante. C’est bien l’immense talent de Jake Gyllenhaal qui lui donne vie et le rend si convaincant. Il est la pierre angulaire de ce film, mais a largement les épaules pour supporter un tel poids et rendre le film globalement aussi convaincant que sa propre interprétation.
LA NOTE : 13,5/20