Un film est un film, c’est à dire une fiction. Un documentaire est un documentaire, c’est à dire qu’il essaye de nous présenter des faits aussi proches que possible de la vérité. Ce sont deux choses bien distinctes. Cependant, ces derniers temps certaines œuvres semblent vouloir brouiller un peu les pistes. Certes, le film à thèse est un genre tout à fait acceptable. Mais tout comme JFK en son temps, Secret d’Etat est à prendre pour ce qu’il est, c’est à dire une vision romancée de ce que l’auteur imagine être la vérité. Et si c’est le cas, alors on est là devant un très bon film.
Je ne veux pas nier l’intérêt « historique » de Secret d’Etat. Il nous relate la relation trouble entre la CIA et les trafiquants de drogue du Nicaragua, dans le cadre du financement de la guérilla contre le pouvoir communiste en place dans les années 80. Une partie des faits ont été depuis reconnus officiellement. La vérité a surgi suite au combat de Gary Webb, obscur journaliste qui a poursuivi inlassablement son enquête malgré les pressions. C’est le héros de ce film. Il y est représenté comme un vrai héros défenseur du bien contre le mal. Son manque d’ambiguïté constitue la plus grande limite de ce film, mais aussi la principale raison qui nous incite à la prudence quand à l’objectivité des faits.
Au-delà de ça, Secret d’Etat est un très bon film d’enquête journalistique. La tension est réelle de bout en bout et même si aucun rebondissement n’est réellement original, au moins ne les voit-on pas venir de trop loin. Le casting des seconds rôles est plutôt prestigieux avec notamment Andy Garcia et Ray Liotta. Et demi-surprise, Jeremy Renner est presque bon dans le rôle titre. Quand on connaît sont inexpressivité habituelle, c’est déjà pas mal pour lui. En tout cas, il ne tire pas ce bon film vers le bas et on l’en remercie.
LA NOTE : 12,5/20