Cocorico ! Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie de faire de cette critique un moment d’autosatisfaction nationale ! Peut-être parce qu’à bien des niveaux, dire tout le bien que je pense de la Famille Bélier va me pousser à émettre des opinions inhabituelles pour moi. Alors, moi qui me désespère souvent du cinéma français, j’ai envie de crier cette fois-ci à sa suprématie ! Ca durera peut-être uniquement le temps de quelques paragraphes, mais ce film m’aura donné les arguments pour le faire, alors autant en profiter.
Si la Famille Bélier avait été un film américain, il aurait été un très mauvais film. D’ailleurs, pendant un petite demi-heure, j’ai eu l’impression qu’il prenait ce chemin et je commençais à regretter mon choix. Hollywood nous propose souvent ces « feel good movie », bref ces films qui donnent le moral, où se mêlent la comédie, le mélo avec derrière toujours une leçon de vie. Ok, parfois ça donne un très bon résultat, comme pour Happiness Therapy, mais cela donne le plus souvent souvent des films lourdingues, à l’humour lourdingue, à l’émotion lourdingue et à la morale lourdingue. On échappe ici à tout cela.
Commençons par l’humour. Dans une comédie américaine, il y a toujours un passage d’humour scatophile. Peut-être parce qu’avec ça, Hollywood est persuadé d’être transgressif et politiquement incorrect. Il n’en est rien, c’est juste une autre manière d’être horriblement conformisme, en plus de ne jamais m’arracher personnellement ne serait-ce qu’un sourire. Dans la Famille Bélier, il y a aussi de l’humour à propos de fluides corporels, mais sans être une seule seconde vulgaire, alors cette fois, oui, j’ai ri aux éclats ! Ca n’a rien d’artificiel, c’est juste la vie qui est comme ça. On reste peut-être au premier degré, mais au moins c’est vraiment drôle. Bon, je veux bien admettre que dès que ça parle de cul, ça me fait rire, mais quand même !
La Famille Bélier fait aussi un peu pleurer. Ok, là aussi, les esprits chagrins feront remarquer que je pleure à la fin des épisodes de Cold Case et que je ne suis donc pas une référence en la matière. Mais ce film reste un beau film sur l’adolescence. Et dieu sait si je déteste au plus haut point la plupart des films sur l’adolescence. Certes, je dois admettre que ce n’est pas la première fois ces derniers temps que j’apprécie un film sur ce sujet (Respire notamment… mais c’est aussi un film français, donc tout va bien). Peut-être que je vieillis et que j’oublie ce que c’était vraiment que cette période de la vie. Mais je ne crois pas. Enfin si, je vieillis bel et bien, mais telle n’est pas la question ici…
La Famille Bélier est aussi un film sur la différence. Dis comme ça, ça peut faire peur. Il y avait un milliers de pièges tendus devant Eric Lartigau et ils les évitent tous brillamment. Il y a une morale à cette histoire, mais elle n’est jamais assénée avec les gros sabots que l’on pouvait craindre. Déjà parce que le scénario s’amuse à renverser constamment les rôles. Parce que le message n’est pas simplement « faut être gentil avec les gens différents », mais aussi « les gens différents, faites un effort vous aussi ! ». Et ça, jamais un film hollywoodien ne l’aurait dit ! Bien sûr, cela ne suffit pas de rendre ce film digne des meilleurs traités de philosophie, mais le propos n’en reste pas moins convaincant et réellement enthousiasmant ! On en ressort le cœur léger, un petite larme aux coins des yeux, mais surtout un sourire aux lèvres qui mettra de longues minutes à disparaître.
De toute façon, j’étais obligé d’adorer la Famille Bélier, parce qu’il offre la scène de meeting électoral que tout élu local ou militant politique rêverait de vivre. Alors rien que pour ça, merci Monsieur Lartigau !
La Famille Bélier est aussi un film sur la musique. Je sais que, à la base, j’adore les films sur la musique. Si mon autre moment d’enthousiasme comparable à celui-ci cette année a été pour New York Melody, ce n’est certainement pas pour rien. Et là, je lis dans les yeux de beaucoup d’entre vous… Michel Sardou… putain Michel Sardou !!!!! Alors déjà, soyons clair, on n’entend pas Michel Sardou chanter une seule seconde dans ce film, il n’y apparaît pas et on ne l’entend jamais ! Et ce film prouve une chose, c’est que la valeur d’une chanson dépend beaucoup de celle de son interprète ! Peut-être que le film aurait été encore meilleur si Eric Lartigau avait choisi Brel à la place. Mais ça n’enlève rien à la performance assez étonnante de Louane Emera et ce qu’elle arrive à susciter dans les scènes où elle chante.
Certes Louane Emera chante certainement mieux qu’elle ne joue la comédie. Mais franchement, il n’y a pas grand chose à reprocher à sa performance, si ce n’est qu’elle ne constitue pas la révélation dramatique du siècle. Cependant, c’est juste insupportable de voir tous les commentaires se focaliser sur François Damiens, Karine Viard et Eric Elmosnino, sous prétexte qu’ils ont déjà leur diplôme de vrais acteurs adultes. C’est la jeune fille qui porte la Famille Bélier sur ses épaules et c’est avant tout elle qu’on doit féliciter pour la grande réussite que constitue ce film. Un mot tout de même sur les autres : François Damiens est excellent, Karine Viard aussi et Eric Elmosnino insupportable. Ah merde… ça, c’est que j’aurais logiquement du dire si je ne déviais pas de mes habitudes. Bon je maintiens la première partie de ma phrase. Par contre, Karine Viard en fait quand même des tonnes (pardon Karine, je reste ton plus grand fan, je ne dirai plus jamais du mal de toi, promis) et Eric Elmosnino est juste génial, lui qui d’habitude me donne des boutons.
Et pour conclure, je ne dirais qu’une seule chose : la vie c’est plus marrant, c’est moins désespérant, en chantant…
PS : ce film m’a fait prendre conscience qu’à part détester l’homme et ses prises de position, je ne connaissais pas du tout la discographie de Michel Sardou, vu qu’aucun de ses disques de lui n’a jamais franchi le seuil de la maison. C’est clair que Sardou par Sardou, avec sa voix toute plate, ça le fait quand même nettement moins…
LA NOTE : 15,5