Les grands acteurs comiques ont souvent enfin reçu la reconnaissance qu’ils méritaient le jour où ils ont brillé aussi dans un rôle dramatique. On se rappelle de Coluche recevant un César pour son rôle dans Tchao Pantin. Steve Carell a désormais gagné définitivement ses galons de grand comédien dans Foxcatcher, un des premiers films très attendus de ce début d’année 2015. Une attente comblée avec un long métrage maîtrisé de bout en bout.
Foxcatcher nous plonge dans un des faits divers les plus étonnants qu’aient connus les Etats-Unis dans les années 80. De notre côté de l’Atlantique, les faits ont nettement moins marqué les esprits, on peut donc le regarder comme une pure fiction, même si le fait que cela soit une histoire vraie peut renforcer l’intérêt du spectateur. En tout cas, elle donne lieu à un scénario remarquablement bien écrit, dont il serait criminel de dévoiler quoique ce soit, tant il progresse de bout en bout sans jamais laisser présager de ce qui va suivre. Il n’y a pas à proprement parler de rebondissements, mais une tension narrative constante et très forte.
Dommage que la réalisation manque un peu de dynamisme pour amplifier cette tension. Le choix d’un rythme plutôt lent participe à l’ambiance générale de Foxcatcher, mais le prive d’un souffle qui aurait fait franchir à cet excellent film un palier supplémentaire. Cependant, cela nous laisse le temps d’admirer la performance d’un trio d’acteurs parfaitement dirigé. Channing Tatum et Mark Ruffalo tiennent là un de leurs rôles les plus marquants, en termes de qualité d’interprétation notamment. Et que dire d’un Steve Carell méconnaissable et terriblement inquiétant ! Cela renforce l’impression d’une maîtrise esthétique et artistique totale de la part de Bennett Miller, même si cette perfection l’a peut-être conduit à une légère tendance à l’auto-contemplation.
LA NOTE : 14/20