AMERICAN SNIPER : L’ambiguité qui tue

americansniperafficheAprès une parenthèse légère et musicale (Jersey Boys) l’année dernière, Clint Eastwood revient à un cinéma nettement plus sérieux avec American Sniper. Un film qui soulève polémiques et controverses. Il est vrai qu’on en ressort sans savoir trop quoi penser. Mais peut-on vraiment reprocher à un réalisateur de ne pas apporter de réponse claire aux questions qu’il pose ? L’ambiguïté du propos est-elle acceptable ? Vous avez quatre heures…

American Sniper est la biographie du tireur d’élite le plus efficace de l’armée américaine lors de son intervention en Irak ayant suivi les attentats du 11 septembre. Le plus efficace car le plus mortel, la liste des combattants civils ou militaires tombés sous ses balles étant particulièrement longue. L’homme est donc un tueur, mais un soldat, donc potentiellement un héros. Le personnage inspire des sentiments ambivalents que Clint Eastwood n’aide pas du tout à démêler.

americansniperIl y a clairement de l’admiration et du respect dans les yeux du réalisateur. Il est clair qu’il le voit aussi comme une victime d’une guerre qui aura détruit une partie de lui-même. Ce qui est moins évident c’est le jugement que Clint Eastwood porte sur les événements dans leur globalité. Les sacrifices consenties par Chris Kyle étaient-ils nécessaires, au service d’une cause qui dépasse le seul destin individuel ? Ou bien, au contraire, son héroïsme n’est il que le signe d’une déshumanisation au cœur d’un conflit inhumain ? Le soucis c’est que selon la réponse à ces questions, le sens d’American Sniper change du tout au tout. Certes, chacun peut se faire du coup sa propre opinion, mais le manque de parti pris clair et net en fait un film sans propos, un film un peu vain.

Sur la forme par contre, American Sniper constitue une nouvelle preuve de l’incroyable talent de cinéaste de Clint Eastwood. La réalisation et la narration sont impeccables, la tension toujours présente. C’est aussi l’occasion de mesurer la dimension que prend un Bradley Cooper presque méconnaissable à chaque film. Voici un acteur qui mérite de grands rôles, qui mérite des réalisateurs brillants pour le pousser jusqu’à ses limites, dont on est encore loin je suis sûr. Cependant, tout cela ne parvient pas à faire totalement oublier la sensation bizarre sur laquelle laisse ce film qui pose question sans y répondre.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Production : Warner Bros., Village Roadshow, Mad Chance Productions, 22 & Indiana Pictures, Malpaso Productions, RatPac-Dune Pictures
Distribution : Warner Bros. France Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Jason Dean Hall, d’après l’autobiographie de Chris Kyle, Scott McEwen et Jim DeFelice
Montage : Joel Cox, Gary Roach
Photo : Tom Stern
Décors : Charisse Cardenas, James J. Murakami
Son : Alan Robert Murray
Directeur artistique : Harry E. Otto, Dean Wolcott
Durée : 132 mn

Casting :
Bradley Cooper : Chris Kyle
Sienna Miller : Taya Renae Kyle
Kyle Gallner : Goat-Winston
Keir O Donnell : Jeff Kyle
Jake McDorman : Biggles
Luke Grimes : Marc Lee
Brian Hallisay : Capitaine Gillespie
Owain Yeoman : Ranger One

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