L’année dernière, Clint Eastwood s’était fait plaisir en réalisant The Jersey Boys, un film musical et léger, mineur pour un tel cinéaste, mais sur un sujet qui lui tenait à cœur. Arrive à un moment où un artiste n’a plus rien à prouver et où il est bien en droit de nous livrer les œuvres auxquelles il a envie de se consacrer, sans se soucier trop de la réaction de la critique et du public. Surtout que le talent étant toujours là, le résultat est anodin, rarement mauvais. C’est au tour de Tim Burton de se livrer à un tel acte de gourmandise cinématographique avec Big Eyes. Un film qui ne figurera pas au sommet de la filmographie, mais qu’il avait visiblement très envie de faire. Et il aurait eu bien tort de s’en priver.
Big Eyes aura une place à part dans la carrière de ce génie du 7ème art. En effet, pour la première fois, il n’y a aucun élément de fantastique dans cette histoire vraie. On s’éloigne donc de son imaginaire peuplé habituellement de monstres et de créatures fantasmagoriques. Du coup, on le sent à l’étroit dans la désespérante banalité de la réalité. On retrouve tout de même une certaine exubérance visuelle, portant le kitch à son paroxysme, mais sans vraiment arriver à insuffler cette part de génie qui caractérise son œuvre. Big Eyes est donc le premier Tim Burton qui aurait pu être tout aussi bien réalisé par un autre.
Tim Burton est également quelque peu maladroit dans sa direction d’acteur. Si Amy Adams reste toujours très juste dans son interprétation, Chistoph Walz semble parfois le cul entre deux chaises, ne sachant pas s’il peut totalement se lâcher ou s’il doit donner de la crédibilité à son personnage. Son personnage est au final un peu bancal, surtout si on relève les quelques faiblesses du scénario. Cependant, ce dernier reste le point fort de ce film. Une histoire édifiante, qui en dit long sur l’aspect totalement artificiel des modes et des emballements médiatiques. Une histoire tellement grosse qu’elle ne peut être que vraie !
LA NOTE : 12/20