LA DERNIERE DIAGONALE DU FOU

marcelobielsaMarcelo Bielsa est parti. Rarement la démission d’un entraîneur aura fait couler autant d’encre, suscité autant la surprise, la colère ou l’indignation. Décidément, El Loco, le fou, mérite bien son surnom. Cette décision a quelque chose de totalement irrationnelle à bien des points de vue. Dans son timing, ses raisons réelles, même si elles restent encore bien floues, et sa mise en scène, tout est singulier dans cet énième épisode grand-guignolesque de la vie de l’Olympique de Marseille.

Au-delà de cette fin inattendue, reste la question de la trace que laissera vraiment Marcelo Bielsa à l’Olympique de Marseille et plus largement dans le football français. En tant que personnage médiatique, il est évident que le vide sera immense. Notre championnat manque cruellement de personnages nous sortant du concours de langue de bois et de conformisme dans lesquels baigne allégrement le football professionnel. En dehors de Zlatan Ibrahimovic et de Jean-Michel Aulas, personne ne pouvait rivaliser avec l’entraîneur argentin. Autant d’acteurs de notre championnat que l’on peut facilement haïr, dont on a parfois bien envie de se débarrasser, mais dont l’absence se ferait cruellement sentir. De ce point de vue là, Marcelo Bielsa nous manquera.

Mais évidemment, c’est avant tout par ses performances sur le terrain qu’on juge un acteur du monde sportif. Et de ce point de vue là, Marcelo Bielsa prête nettement plus au débat. Si une partie du public marseillais l’adule au-delà du raisonnable, une analyse objective de son année passée sur le banc olympien ne permet pas de déborder d’enthousiasme. Certes, le départ canon de l’OM en début de saison dernière porte bien sa marque… mais tout comme son écroulement dans la dernière ligne droite. Le style de son équipe était peut-être efficace quand tous ses joueurs débordaient encore de fraîcheur, mais il s’est révélé tout simplement suicidaire à long terme tant il use les organismes. Or, c’est à la fin du bal qu’on paye les musiciens et le chef d’orchestre olympien n’a pas réussi à mener son orchestre jusqu’au bout du concert de manière satisfaisante. Les succès engrangés par Hubert Fournier avec sa très jeune équipe lyonnaise ou les prouesses de Jocelyn Gourvennec sur le banc guingampais valent mille fois plus de louanges.

Un football français en quête de compétitivité peut difficilement se passer d’un Olympique de Marseille tirant le meilleur de son effectif. En ce sens, il n’y a aucune raison de pleurer Marcelo Bielsa. Le cirque aura duré une saison, il nous aura bien diverti. Espérons que maintenant l’OM en revienne au football et rien qu’au football.

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