Un grand film repose souvent sur un grand personnage. Ils peuvent être évidemment de pure fiction, née de l’imagination d’un écrivain ou d’un scénariste. Mais on peut aussi piocher dans le monde réel qui compte lui aussi des figures assez marquantes pour leur consacrer un film. Lance Armstrong en fait assurément partie. Toute la difficulté réside dans la transformation de l’envie de faire vivre un personnage à l’écriture d’une histoire construire avec un début, un milieu et une fin. Cela exige de faire des choix. Pas sûr que Stephen Frears ait fait les bons pour The Program.
Etant un grand amateur de cyclisme, j’ai beaucoup aimé The Program. Mais surtout parce que le travail de retranscription d’épisodes « historiques » est relativement remarquable. Malheureusement, si vous ne connaissez pas déjà tout de ces péripéties, vous aurez bien du mal à apprécier ce travail et beaucoup de choses vous échapperont. A trop vouloir coller à la chronologie complète de la carrière du coureur américain, Stephen Frears nous livre un film bien trop factuel. Certes, cela donne un portrait vivant, mais un portrait trop superficiel et rapide, qui ne prend pas le temps de s’attarder sur les points les plus marquants de cet homme fascinant pour le meilleur ou pour le pire. Il aurait très certainement mieux valu se consacrer sur un épisode précis de sa trajectoire, notamment sa chute, au lien d’affiche une volonté d’exhaustivité.
On retrouve dans The Program tout ce qui peut forcer l’admiration dans ce genre de biopic. En particulier, la ressemblance physique entre Ben Foster et le vrai Lance Armstrong. Ce n’est pas la première fois qu’un comédien livre une telle performance, mais cela reste épatant. Malheureusement, tous les personnages ne sont pas aussi convaincants… quand on est francophone. Bon, faire interpréter Johan Bruyneel, un flamand, par un français et donc le faire passer pour un wallon, faut être pointu pour tiquer. Par contre, faire interpréter le docteur Ferrari par Guillaume Canet est déjà plus problématique. Peut-être que les anglophones n’y voient que du feu. Par contre, pour un Français, son accent italien forcé est un peu ridicule. Bref, c’est un détail, mais à l’image de beaucoup de choses dans ce film, le signe d’une œuvre par tout à fait aboutie.
LA NOTE : 12/20