Guillermo Del Toro est un réalisateur de génie. Un réalisateur qui a un sens parfait de l’image, qui transpire le cinéma à chaque scène qu’il tourne et qui ne croit pas que l’on doit forcément faire ressembler un film d’action à clip vidéo où chaque plan dure moins d’une seconde. Guillermo Del Toro est un scénariste nettement moins génial par contre. Son précédent film, Pacific Rim, était superbe mais avec une histoire tellement minimaliste et premier degré qu’il était difficile d’apprécier pleinement ses aspects les plus jouissifs. Un accident de parcours ? Malheureusement, Crimson Peak souffre du même déséquilibre.
J’ai beaucoup parlé de scénario éculé ces derniers temps, j’aurais pu en rajouter une couche avec Crimson Peak. Mais en plus, d’être déjà vu des dizaines de fois, l’histoire est largement cousue de fil blanc et les rebondissements arrivent exactement comme et quand on s’attendait à ce qu’ils arrivent. A ce niveau-là, ce sens du timing pourrait presque être objet d’admiration. Bon, j’exagère peut-être un peu, car le film se laisse globalement regarder, mais il est vraiment dommage de gâcher de telles qualités artistiques avec un scénario si banal. C’est de la confiture donnée aux cochons cinéphiles.
En effet, esthétiquement, Crimson Peak est vraiment superbe. En particulier, les décors sont parfois sublimes. Il est vraiment dommage que l’émotion qu’ils font naître ne viennent pas soutenir une intrigue plus solide. Côté casting, on notera surtout le charisme particulier de Tom Hiddleston. Rarement un acteur est arrivé à être aussi inexpressif tout en étant aussi présent à l’écran. C’est vraiment lui, et son personnage, qui donne le seul supplément d’âme à une histoire qui en manque cruellement. Allez Guillermo, un effort ! Accepte de raconter des histoires écrites par d’autres !
LA NOTE : 10,5/20