Certaines personnes ont du talent. Non pas simplement un talent particulier pour une tâche donnée. Non du talent dans tout ce qu’ils font, qu’ils l’aient toujours pratiqué ou qu’ils soient novices. C’est injuste, mais c’est comme ça. Certains suent sang et eau pour y arriver, d’autres peuvent se reposer sur ce don de la nature. Orelsan fait définitivement partie de ces personnes au bord du berceau desquels une bonne fée s’est penchée. On pense ce que l’on veut du rappeur, mais le scénariste-réalisateur-acteur ne peut faire que l’unanimité lorsque l’on a vu Comment C’est Loin.
Il est évidemment difficile de distinguer l’apport exact d’Orelsan et celui de Christophe Offenstein. Il est probable que ce dernier a joué un rôle prépondérant dans le volet purement cinématographique de Comment C’est Loin. Mais le film est bien coréalisé et il est très bien réalisé. Rien de spectaculaire artistiquement parlant, mais de l’imagination quand même parfois, un excellent montage et un vrai sens du rythme dans la narration. Le résultat est solide et n’a rien à envier à l’immense majorité des films français.
Il est tout aussi probable d’imaginer qu’Orelsan a par contre jouer un rôle primordial dans l’écriture du scénario de Comment C’est Loin. Et notamment des dialogues qui font partie de ce qu’on a vu de mieux en 2015. Certaines répliques sont d’un humour qui fait mouche et nous arrache de vrais éclats de rire. Cela rappelle beaucoup ce qu’Orelsan et Gringe font à la télévision avec Bloqués, mais le passage sur grand écran ne donne pas du tout l’impression d’un film composé de sketchs juxtaposés. Qu’Eric et Ramzy en prennent de la graine !
Enfin, et là personne ne peut le lui enlever, Orelsan est un excellent acteur. Bien sûr, son rôle frise l’autobiographie, mais s’interpréter soi-même n’est pas forcément le plus facile. Surtout que les personnages sont eux aussi très réussis et écrits avec beaucoup de finesse. Comment C’est Loin fonctionne donc à tout point de vue, à la fois intelligent et drôle, surprenant et dense, tendre et corrosif. Tout ça pour une seul homme, y a pas de justice !
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Production : NoLiTa Cinema, Les Canards Cinema
Distribution : La Belle Company
Réalisation : Orelsan, Christophe Offenstein
Scénario : Orelsan, Christophe Offenstein, Stéphanie Murat
Montage : Jeanne Kef
Photo : Christophe Offenstein
Décors : Frédérique Doublet
Musique : Orelsan, Skread, Alexis Rault
Durée : 90 min
Casting :
Orelsan : Orel
Gringe : Gringe
Seydou Doucouré : Bouteille
Claude Urbiztondo Llarch : Claude
Ablay : Ablay
Skread : Skread
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