Il se passe quelque chose de l’autre côté de la Méditerranée. Enfin cinématographiquement parlant, parce qu »évidemment, il se passe toujours beaucoup de choses de l’autre côté de la Méditerranée. Après Much Loved, film qui en disait long sur la condition féminine dans ce pays au Maroc, voici A Peine J’Ouvre les Yeux qui nous plonge dans la Tunisie de Ben Ali, avant le début du Printemps Arabe. Un film sur l’oppression d’un régime désormais disparu certes, mais aussi de toute une société. Un film qui nous fait partager des émotions contradictoires, mais toujours intenses.
A Peine J’Ouvre les Yeux est pendant un long moment un film joyeux sur une jeunesse qui ne rêve que de liberté et d’émancipation. L’omniprésence de la musique incite à la légèreté, au sourire et à la fête. Puis le couperet tombe… Bon, je m’arrête là sous peine d’en dire trop sur un dénouement particulièrement marquant, qui donne à ce film une toute autre dimension dans son propos. Ce contraste ne fait que décupler l’impression laissée par chacune des parties de cette histoire. On en ressort bouleversé par des sentiments très différents les uns des autres et qui se bousculent et se mélangent.
A Peine J’Ouvre les Yeux est aussi un film très abouti artistiquement. Certes, le manque de moyen provoque un peu parfois quelques flottements. Mais les moyens mis en œuvre le sont pour mettre parfaitement en valeur un merveilleux casting. La jeune Maya Medhaffar est tout simplement incroyable dans le genre de rôle qui vous marque à vie. Sa grâce, sa présence à l’écran nous fait tomber sous son charme et donc sous celui de son histoire dès les premières secondes pour ne plus jamais nous lâcher. Sa voix quand elle chante nous enchante à chaque fois. Pourvu que dans la Tunisie nouvelle qui se dessine ce genre de voix ne soit jamais obligée de se taire. Et Leyla Bouzid nous proposer bien d’autre film de cette trempe.
LA NOTE : 14/20
Fiche technique :
Réalisation : Leyla Bouzid
Scénario : Leyla Bouzid et Marie-Sophie Chambon
Montage : Lilian Corbeille
Photographie : Sébastien Goepfert
Son : Ludovic van Pachterbeke
Production : Sandra da Fonseca, Nathalie Mesuret, Bertrand Gore, Imed Marzouk ; Blue Monday
Casting :
Baya Medhaffer : Farah
Ghalia Benali : Hayet
Montassar Ayari : Bohrène
Lassaad Jamoussi : Mahmoud