L’erreur judiciaire constitue un excellent sujet pour un scénario. L’asymétrie entre le spectateur et l’accusé qui connaissent la vérité et les autres acteurs convaincus dans leur erreur constitue un ressort narratif puissant. C’est exactement celui qu’exploite Arrêtez-moi là. La police et la justice en prennent pour leur grade. A tort ou à raison.
Arrêtez-moi là fonctionne assez bien pendant une bonne partie du film. En effet, l’empathie avec le personnage principal est immédiate et on est forcément ému de le voir victime d’un tel acharnement à le juger coupable. Tout joue contre lui… peut-être trop justement. Le réquisitoire contre le système judiciaire tourne à la caricature, tant ses acteurs apparaissent tous comme des abrutis profonds. L’intérêt que l’on y porte décline alors lentement. Cependant, le dernier quart d’heure nous fait réaliser que le réel sujet du film n’était pas celui-là.
Arrêtez-moi là est avant tout un film portrait. Les mésaventures judiciaires du personnage sont avant tout là pour nous faire explorer sa personnalité et ses sentiments. Mais elles prennent tant de place qu’elles éclipsent tout autre propos. Le dernier quart d’heure est trop court pour permettre au spectateur de vraiment se replonger dans le film sous cette nouvelle optique. Malgré l’immense talent de Reda Kateb, on en ressort surtout déçu et frustré.
LA NOTE : 9,5/20
Fiche technique :
Production : Legato Films, Nexus Factory, UMedia
Distribution : EuropaCorp
Réalisation : Gilles Bannier
Scénario : Gilles Bannier, Nathalie Hertzberg, d’après l’oeuvre de Iain Levison
Montage : Peggy Koretzky
Photo : Alain Marcoen
Décors : Philippe Van Herwijnen
Son : Cédric Lionnet, Pierre Lorrain, David Vranken, Laure-Anne Darras, Olivier Touche
Musique : Hervé Salters, Siegfried Canto
Costumes : Laure Villemer
Durée : 93 min
Casting :
Reda Kateb : Samson Cazalet
Léa Drucker : Louise Lablache
Gilles Cohen : Maître Portal
Erika Sainte : Elisabeth Ostrovsky
Thémis Pauwels : Mélanie Lablache
Stéphanie Murat : Maître Hélène Lafferière