MILITANT SOCIALISTE ET FIER DE l’ETRE (ET JE VOUS EMMERDE !)

partisocialisteAujourd’hui un obscur auteur appelait à la dissolution du Parti Socialiste par Benoît Hamon. Ne croyez pas que je lui en veuille d’être obscur. Je ne suis moi-même qu’un obscur militant, ancien obscur Conseiller Municipal et obscur scribouillard du Net. Et je crois au droit des obscurs de s’exprimer.

L’idée que Benoît Hamon puisse dissoudre le PS se révèle déjà assez saugrenue. Le PS n’appartient pas à Benoît Hamon, comme il n’a pas appartenu précédemment à Ségolène Royal ou à François Hollande. C’est ce qui fait sa force. L’appartenance à un seul homme a au contraire toujours fait la faiblesse criante du Modem et demain celle de En Marche.

Cette tribune était révélatrice de la faiblesse des intellectuels de gauche qui ne se gênent pourtant pas pour rejeter la faute sur le monde politique. C’est oublier que ce sont les idées issues du monde intellectuel qui ont toujours irrigué le monde politique et non l’inverse. Les philosophes des Lumières, Marx, Keynes n’ont jamais exercé le pouvoir, mais continuent d’influencer ceux qui l’exercent ou cherchent à l’exercer.

Cette production d’idées est aujourd’hui au point mort. Le livre de Thomas Piketty, le Capital au XXème Siècle, est absolument passionnant. Le militant politique que je suis l’a dévoré. Mais quelle déception de voir qu’il s’achève que sur quelques misérables pages consacrées aux solutions concrètes à tirer de ces constats. Surtout quand son auteur conclut qu’il n’a rien à proposer, à part un impôt mondial sur le patrimoine qu’il juge lui-même totalement irréaliste. Cela devrait le pousser à un peu de modestie, non à donner des leçons faciles à tour de pages du Monde.

Tout ceci n’enlève rien aux travers du PS. Mais il n’enlève rien, bien au contraire, au respect qu’il mérite. Car même le pire de ses apparatchiks a souvent été, même pour un temps seulement, un militant qui a fait le choix de l’action face à la passivité et s’est un jour gelé les doigts à distribuer des tracts de bon matin en plein hiver. Qui a été là, pour la gauche, sur un marché, pour ne pas laisser la place à la seule droite et surtout à l’extrême-droite qui ne se cache plus. Qui a été là, quand bien des donneurs de leçon étaient au chaud derrière leur ordinateur et où leur smartphone à vomir sur des combats qu’ils ont depuis longtemps désertés.

Je suis social-démocrate et fier de l’être. Je suis fier de l’action de François Hollande pendant 5 ans, même sans être d’accord sur tout. Je suis fier du Mariage pour tous, de la généralisation du tiers-payant et de la garantie jeune. Je suis fier en tant qu’élu de m’être battu au sein du Conseil Municipal de mon ancienne commune pour que les problématiques de d’accessibilité soient enfin prises en compte. Je suis fier d’être militant au Parti Socialiste !

Parce qu’en tant que militant, je suis dans le faire. Et faire est un infiniment plus difficile que commenter. Infiniment respectable surtout. J’assume d’avoir infiniment plus de respect pour un militant ou un élu de la droite Républicaine que pour ceux, inconnus ou amis, qui se contentent de donner des leçons de gauche depuis leur canapé.

Peut-être que tout cela fait que je ne suis pas vraiment de gauche. Peut-être que tout cela fait de moi un suppôt de l’ordre néolibéral. Pourtant mes idéaux sont bien la justice, l’égalité, la liberté, la fraternité.

Alors peut-être que je suis dans le faire, mais que je le fais mal. Peut-être que tous ceux, militants, ministres ou Président de la République, encartés au PS le font mal. Mais une question me taraude alors : qu’attendent tous ceux qui voudraient voir votre notre parti disparaître pour faire à notre place ? En quoi notre existence les empêche de passer à l’action et de mettre en œuvre les idées qui prétendent avoir ?

Je les y invite ! Mais je les préviens également. Pour cela, il leur faudra quitter leur écran pour aller à la rencontre des autres, y compris ceux qui les accueilleront avec des insultes plus que des bravos. Il faudra faire des choix, trancher entre des aspirations contradictoires mais légitimes. Il faudra parfois se lever tôt quand il fait froid, se coucher tard après des réunions studieuses. Accepter de ne pas forcément changer le monde tout de suite, mais s’intéresser à des dossiers désespérément concrets de la vie communale.

Bref il faudra qu’ils soient prêts à faire tout ce que font les militants du Parti Socialiste. S’ils sont persuadés qu’ils peuvent faire mieux, qu’il faut faire autrement, qu’ils ne s’en privent pas ! Mais qu’ils ne nous demandent pas de disparaître, de renoncer à notre histoire, celle que nous écrivons nous-mêmes, pas celle qu’ils aimeraient nous voir écrire sans avoir le courage eux-mêmes de prendre la plume.

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