LE VENERABLE W : Rendez-vous avec le Diable

levenerablewafficheLa notion de bien et de mal est un notion relative et plus culturelle qu’on ne veut bien l’admettre, chacun jugeant comme potentiellement universel son propre système de valeurs. Certaines figures de l’histoire font tout de même consensus et rares sont les sociétés qui jugent qu’Adolf Hitler est un brave type, même si certains individus pensent encore le contraire. Le Vénérable W vous fera découvrir un autre membre de la grande caste des types sympas et charmants… ou plutôt des gros enculés pour les gens un minimum sains d’esprit.

Tout l’intérêt de le Vénérable W n’est pas simplement la description d’un leader charismatique qui appelle à la haine et qui légitime la violence. C’est évidemment le décalage avec son statut de moine bouddhiste qui est associé dans l’imaginaire au calme et à la sérénité. Ce qu’il y a de plus effrayant c’est qu’il joue avec ce décalage offrant un visage souriant, presque jovial, tout en livrant des propos qui font froid dans le dos. Ce documentaire en dit long sur la possibilité de manipulation des foules par des personnalités influentes, qui peut les entraîner vers une agressivité mortelle. Les exemples historiques sont nombreux et on a toujours envie de croire que son siècle a enfin amené l’humanité vers une maturité suffisante, mais il n’en est rien.

levenerablewLe Vénérable W se focalise presque exclusivement sur l’étude du personnage (enfin une personne malheureusement bien réelle). Ce documentaire est avant tout un portrait. Il y a bien sûr des éléments de contexte, mais ils restent assez limités. Cela nuit quand même à la compréhension globale des événements décrits. De telles figures monstrueuses ne sévissent que sur un terreau favorable et comprendre leur influence nécessite de bien le décrypter. Le rôle notamment d’Aung San Suu Kyi est à peine évoquée, même si cela ne constitue pas il est vrai le sujet du film. Ce documentaire n’en présente pas moins un immense intérêt et donne envie de creuser la question. Mais à la fois, le rôle d’un documentaire n’est-il pas autant d’attiser notre curiosité que l’étancher.

LA NOTE : 13/20

Fiche technique :
Production : Les films du Losange, Bande à part films
Réalisation : Barbet Schroeder
Montage : Nelly Quettier
Photo : Victoria Clay Mendoza
Distribution : Les films du Losange
Musique : Jorge Arriagada
Durée : 107 min

Casting :
Bulle Ogier : la petite voix bouddhiste
Barbet Schroeder : le narrateur

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