TOUT CA POUR CA : 10 ANS DE MILITANTISME AU PS : EPISODE 6 : La petit bataille des Yvelines

episode6Un congrès du Parti Socialiste ne se limite pas aux joutes nationales qui font la une des médias. Ce sont tous les étages du PS qui sont amenés à renouveler leurs instances à travers le vote du militant. Et chacune d’elles doit refléter l’équilibre du vote des motions à son niveau. Ceci paraît normal et particulièrement démocratique. Mais ce principe se révèle surtout mortifère et rend la machine militante particulièrement inefficace.

Ma Section viroflaysienne a toujours échappé à ce fonctionnement. C’est peut-être pour ça qu’il y a fait bon militer pendant ces longues années. Je n’ai jamais connu de rivalité pour le poste de secrétaire de Section et le bureau (ou plutôt la commission administrative, dans le langage technocratique du Parti) était composé simplement des militants les plus motivés, sans se soucier de leur sous-sous-sous-sous sensibilité au sein du Parti. Et force est de constater que nous avons toujours été une Section particulièrement efficace, organisée et dynamique.

Par contre, au niveau fédéral (c’est à dire départemental), cela ne fonctionne pas du tout comme ça. Avant le Congrès de Reims, les Yvelines, terre de droite, ne comptaient que deux élus de poids au niveau du PS : Jean-Paul Huchon, Président du Conseil Régional, et la Sénatrice Catherine Tasca. Mais à leur grande déconvenue, ils ne tenaient pas la fédération sous leur coupe. C’est un collectif avant tout militant, dirigé par le regretté Patrick Malivet, qui était majoritaire dans les instances fédérales et assurait son bon fonctionnement. Mais évidemment, ces grands élus comptaient bien profiter du congrès de Reims pour revenir sur cette anomalie et reprendre les rennes de la Fédération.

Il faut savoir qu’une fédération au PS a avant tout un rôle organisationnel. Elle est rarement amenée à définir une ligne politique, mais sert avant tout à animer la vie militante et servir d’appui aux Sections qui restent les rouages essentiels du Parti. Même pour la nomination des candidats pour les scrutins de liste, elle est censée simplement respecter le vote militant et l’équilibre entre les Motions, ces dernières choisissant elles-même les candidats qui les représentent (enfin ça, c’est en théorie…). Bref, mettre en lien les deux élections et les deux niveaux est totalement absurde. Mais c’est comme ça que fonctionne le Parti.

Le week-end avant l’élection du 1er secrétaire fédéral par les militants se réunit le Congrès Fédéral (le Congrès de Reims version local donc). Chaque Motion se réunit d’abord séparément pour préparer une candidature éventuelle d’un des siens et fixer une ligne commune à tous ses membres. Une des Motions principales (celle de Delanoë ou celle d’Aubry, je ne suis plus très sûr) a fait valider immédiatement le principe qu’il fallait faire perdre l’équipe sortante puisque Patrick Malivet soutenait Ségolène Royal. Son bilan, la qualité de son action ne semblaient alors ne même pas constituer un paramètre à prendre en compte. Tout ce qui comptait, c’était de savoir dans quelle écurie nationale il se situait. Qu’il ait signé la Motion porté par Ségolène Royal en faisait ainsi non un camarade, mais un adversaire à abattre. Si le PS est malade de quelque chose, c’est bien de ça. De ce fonctionnement et surtout d’un système où ceux qui le trouvent absurdes sont amenés à ne pas y participer (heureux le militant socialiste qui ne met jamais les pieds dans sa fédération) et à le laisser donc perdurer et tourner en cercles de plus en plus fermés. Et tout ça dans une médiocrité intellectuelle crasse !

Pour donner une idée de l’intérêt des débats et de la profondeur des interventions à ce Congrès de Reims à la sauce yvelinoise, je me rappelle fort bien d’une prise de parole (je crois bien que c’était un des rares maires socialistes du département, mais je ne le jurerai pas) dénonçant avec une vraie violence les faux militants à 20 euros… Il désignait par là tous ceux qui avaient rejoint le PS pour participer au primaires pour l’élection présidentielle de 2007, en ayant droit à une adhésion réduite la première année. Ils avaient surtout eu le mauvais goût de voter en majorité pour Ségolène Royal. A la tribune, ils ont été dénoncés comme de faux militants, parce qu’être militant socialiste ça se mérite, faut que ça coûte et on ne gagne ses galons qu’après avoir perdu un doigt ou deux en tractant dans le froid. Et la preuve qu’ils étaient des faux militants, ils étaient tous déjà partis…

C’était assez étonnant comme spectacle, parce que si ces militants étaient tous partis comme le prétendait l’orateur, ils ne votaient pas pour ce Congrès et on ne comprenait pas bien l’intérêt de cette intervention, à part insinuer que Ségolène Royal avait volé son investiture. Heureusement, un des militants à 20 euros présents (dont je faisais quelque part parti, même si j’avais adhéré après les Primaires) est monté ensuite à la tribune pour rappeler avec humour et finesse qu’ils étaient encore nombreux à être là (à Viroflay, une bonne moitié de la Section était alors composé de ces néo-militants dont certains y sont encore) et qu’ils se donnaient autant de mal que n’importe qui pour faire vivre ce Parti. Cela donne une bonne idée de la manière dont sont parfois accueillis les nouveaux militants qui tombent dans un panier de crabes où il faut haïr avant tout l’autre en interne, quand ils pensaient bêtement adhérer à un Parti et mener un combat politique dans une ambiance de camaraderie.

Enfin la morale de l’histoire, c’est que Patrick Malivet a été réélu malgré tout ça ! Grâce aussi au soutien discret des hamonistes… Soutien discret puisque interdit officiellement. Vous comprenez au PS, ce sont les petits accords de Solférino qui sont censés dicter qui on a envie de voir diriger les rouages locaux, indépendamment de toute notion de compétence, d’efficacité et de mérite… Plus je relis cette phrase, plus je comprends où on en est.

 

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