Un film de personnage implique évidemment un personnage auquel le spectateur s’attache et se soucie donc de ce qui lui arrive. Mais ce lien n’a pas forcément à être immédiat. Personnage et spectateur peuvent avoir besoin de temps pour se découvrir, se connaître et d’apprivoiser. Un processus qui va donner toute son épaisseur et son intérêt au film. Comme dans ce très réussi Jeune Femme.
Le moins que l’on puisse dire c’est que la jeune femme en question est dans un premier temps particulièrement horripilante. Puis on découvre peu à peu le malaise que cache ce comportement et toutes les jolies choses qui restaient cachées derrière. Tout cela donne un portrait singulier et dont on ne sait jamais où il va nous mener. Jeune Femme est au final plaisant à défaut d’être emballant et l’attachement qui finit par naître fait qu’on sort de la salle en regrettant si vite un personnage qu’on aura mis du temps à aimer.
Jeune Femme est l’occasion de découvrir Laetitia Dosch, que l’on avait déjà aperçue dans la Belle Saison. Elle tient là avec un brio épatant son premier grand rôle. Elle porte le film sur ses frêles épaules sans jamais trembler. Le film doit beaucoup à la narration de Léonor Serraille. Elle parvient à dévoiler progressivement toutes les facettes de son personnage avec un joli sens du timing qui préserve totalement le spectateur de l’ennui. Elle livre donc un joli premier film qui en appelle d’autres.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Production : Blue Monday Productions
Réalisation : Léonor Serraille
Scénario : Léonor Serraille
Montage : Clémence Carré
Photo : Emilie Noblet
Décors : Valérie Valéro
Distribution : Shellac
Musique : Julie Roué
Durée : 97 min
Casting :
Laetitia Dosch : Paula
Grégoire Monsaingeon : Joachim
Souleymane Seye Ndiaye : Ousmane
Léonie Simaga : Yuki
Nathalie Richard : la mère de Paula
Erika Sainte : la mère de Lila
Audrey Bonnet : la médecin