Les élections intermédiaires pendant le mandat de Nicolas Sarkozy sont restées dans les mémoires comme étant toutes des triomphes du Parti Socialiste, avec en point d’orgue les élections régionales de 2010 qui feront l’objet d’un autre billet. On oublie qu’un an avant celle-ci, les élections européennes ont été marqué par un résultat plus que médiocre pour le PS. Un résultat particulièrement révélateur de tous ses travers. Et le fait que personne, ou presque, ne s’en souvienne aujourd’hui, démontre bien à quel point aucun enseignement n’est jamais tiré de quoi que ce soit.
Tout s’annonçait pourtant sous les meilleurs auspices. Le pouvoir sarkozyste commençait déjà à faire le plein de mécontents. Face à cela, le PS avait en sa possession un outil de campagne particulièrement intéressant : le manifeste du Parti Socialiste Européen. Imaginez une trentaine de partis socialistes ou sociaux-démocrates européens qui s’étaient entendus sur un programme commun. Quand on connaît les différences culturelles et politiques entre tous ces pays, cela tenait de l’exploit.
Pour avoir présenter ce texte en Section, je peux assurer qu’il s’agissait d’un vrai programme, non d’une litanie de lieux communs ne pouvant faire que l’unanimité. On y trouvait notamment l’idée d’un SMIC européen. Pour la première fois, un Parti pouvait donc mettre en avant un projet transcendent les frontières et porteur des propositions fortes. Avouez que cela aurait eu de la gueule ! Et cela aurait pu contrer le show d’un Cohn-Bendit, qui a passé la campagne à écumé les plateaux télé et les matinales des radios pour parler d’Europe avec passion.
Que croyez-vous que l’équipe de campagne du PS ait fait de ce précieux document ? Rien, absolument rien ! A la place, en Ile de France, une grande photo d’Harlem Désir avec comme slogan « Changer l’Europe Maintenant ! » La changer pour faire quoi ? Aucune idée… Pour quelle idée forte ? Aucune idée non plus… Bref, on imagine bien que les électeurs n’y ont pas vu de quoi rêver et de quoi avoir envie pour voter pour le PS.
A Viroflay, nous avons fait campagne avec l’énergie et la détermination qui caractérisaient ma Section. Marché, gares, boîtes aux lettres, les tracts furent distribués, des conversations entamées à ces occasions, des affiches collées. Du côté d’Europe Ecologie, rien… Mais alors rien du tout, puisque aucun militant de ce parti ne semblait habiter Viroflay. Résultat final… 24% pour Europe Ecologie, 12% pour le PS sur ma commune. Ce sont ces moments là qui interrogent le militant (enfin celui qui se pose des questions) sur son utilité profonde. Tout se joue au niveau national et dans les médias, du moins pour ce genre d’élection.
Tout ceci ne serait anecdotique si on oubliait de souligner l’identité des deux acteurs principaux de cette campagne lamentable de médiocrité sur la forme et sur le fond. J’ai déjà cité Harlem Désir un peu plus haut. Mais à celui-ci s’ajoute le nom de Jean-Christophe Cambadelis, directeur de la campagne du Parti Socialiste pour cette élection au niveau national. Soit, les deux personnes qui allaient être les deux prochains Premiers Secrétaires du PS… Je crois que ça se passe de commentaires, si ce n’est de souligner à quel point le statut de « cadre » vous protège de tout dans cette oligarchie, y compris de l’échec et de l’incompétence.
Un dernier point qui aurait pu être encore plus anecdotique, mais qui ne le fut pas du tout au final. A 19h, tous les adhérents franciliens du PS reçurent un texto les exhortant d’aller voter si ce n’était pas fait. En effet, la place de député européen d’un certain Benoît Hamon était en train de se jouer. Troisième sur la liste, personne n’avait imaginé qu’il ne puisse pas se retrouver à nouveau au chaud avec son salaire de député européen. Au final, il ne sera pas élu. Les PS des Yvelines et ses militants ne se doutaient pas encore des conséquences que cela aurait pour eux.