Il faut parfois savoir être patient. Les premières pages d’un livre peuvent ne pas être particulièrement emballantes avant de vous conduire doucement vers un dénouement nettement plus réussi. La patience est alors récompensée. J’ai attaqué la lecture de l’Ange des Ténèbres avec beaucoup d’envie puisqu’il s’agit de la suite (qui peut cependant se lire indépendamment) de l’Aliéniste, petit chef d’œuvre du polar historique. Longtemps la déception a prédominé avant un dernier quart réellement emballant. Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Une grande partie des intrigues ne sont pas imaginées pour elles-mêmes mais parce qu’elles forment le chemin qui conduit au point exact où l’auteur souhaite emmener son lecteur. C’est exactement ce qui se passe avec l’Ange des Ténèbres. Le lecteur a pendant longtemps l’impression de perdre son temps avant d’aboutir à la confrontation directe entre les protagonistes. Une confrontation qui nous fera presque oublier le léger ennui qui a précédé, en se disant qu’il fallait en passer par là. Le roman aurait clairement gagné à être plus équilibré, mais on est heureux de retrouver enfin le même bonheur que l’on avait ressenti à la lecture de l’Aliéniste.
Caleb Carr reste un formidable écrivain. L’Ange des Tenèbres reste particulièrement bien écrit pour un roman de ce type. Même si le roman n’est pas loin de m’avoir globalement déçu, il recèle des passages d’une qualité inaccessible pour le commun des auteurs de polar. On appréciera également cette description de l’Amérique de la fin du XIXème siècle. Une description qui nous conduira dans toutes les strates de la société et nous fera découvrir la naissance timide d’une science légale. On ne perd donc finalement pas totalement son temps à la lecture de ce roman.