Le film de genre est souvent vu comme le parent pauvre du cinéma français, parfois jugé avec une pointe de mépris par les intellectuels du cinéma. Et dans la grande famille des films de genre, les films de zombies encore plus. Il y avait bien eu la Horde il y a quelques années, mais le film n’avait pas reçu un très bon accueil. La Nuit a Dévoré le Monde est quant à lui plutôt salué par la critique. On ne peut que s’en réjouir même s’il confirme que niveau moyens, parent pauvre reste bien le mot.
La Nuit a Dévoré le Monde est un film à petit budget et ça se voit. Mais de la contrainte naît souvent la solution. Sans cela, le scénario n’aurait très certainement pas été aussi intelligent et malin. Le film n’est pas vraiment un « survival horror movie », mais plutôt une vision moderne et un rien décalé de Robinson Crusoë. L’histoire joue sur d’autres ressorts que les classiques du genre et le résultat est un rien inattendu et agréablement rafraîchissant. Le film souffre peut-être de quelques longueurs, mais rien de bien méchant.
Le film repose largement sur le talent de l’acteur norvégien Anders Danielsen Lie, qu’on a souvent vu dans des productions à petit budget mais d’un tout autre genre. Le concept même du film fait qu’il est presque constamment à l’écran. Son interprétation n’a rien de spectaculaire, il joue avec une justesse quelque peu inhabituelle pour des films de ce genre. Il est cependant secondé une partie du film par la fabuleuse Golshifteh Farahni, toujours aussi fabuleuse. Je tiens également à saluer la qualité des maquillages, car si j’ai souligné le manque de moyen, je n’ai jamais dit que le film faisait cheap. En tout cas, il prouve que le cinéma français gagnerait à s’aventurer dans ces genres quelque peu inexplorés pour y apporter ce qu’il a de meilleur.
LA NOTE : 13/20
Fiche technique :
Réalisation : Dominique Rocher
Scénario : Guillaume Lemans, Jérémie Guez et Dominique Rocher, d’après le roman éponyme de Pit Agarmen (2012)
Direction artistique : Sidney Dubois
Costumes : Caroline Spieth
Photographie : Jordane Chouzenoux
Son : Nassim El Mounabbih
Montage : Isabelle Manquillet
Musique : David Gubitsch
Production : Carole Scotta
Durée : 94 minutes
Casting :
Anders Danielsen Lie : Sam
Golshifteh Farahani : Sarah
Denis Lavant : Alfred
Sigrid Bouaziz : Fanny
David Kammenos : Mathieu