Le cinéma et la télévision peuvent nous donner l’impression de bien connaître certains pays. Il suffit de s’y rendre pour se rendre compte à quel point il s’agit d’un miroir déformant. Je peux d’autant mieux en témoigner que je suis aux États-Unis à l’heure où j’écris ces lignes. Le Japon est un autre pays qui peut nous sembler particulièrement familier même sans y avoir jamais mis les pieds. Je n’ai jamais eu la chance de m’y rendre mais mon regard a déjà quelque peu changé en allant voir Senses, sorti en trois temps sur nos écrans.
Senses est un film en cinq parties, une par sens. Plus de 5 heures de film que la distribution en France a découpé en trois volets. L’histoire ordinaire de quatre japonaises ordinaires. Mais à travers elles, une immersion totale dans une société si singulière. Une société aux règles et contraintes multiples qui limitent l’épanouissement individuel. Avec une pudeur assez extraordinaire, le film nous fait partager l’aspiration à la liberté et au bonheur de ces femmes qui refusent à se résigner.
Certes, on flirte parfois avec l’ennui. Les scènes sont longues et toutes ne sont pas forcément passionnantes. Mais certaines le sont réellement. Notamment une sur la difficulté au Japon de simplement se toucher, quand on connaît le réconfort que peut apporter un contact physique. Le cinéma de Ryüsuke Hamaguchi rappelle par bien des côtés celui de Kechiche, la maestria artistique en moins. La réalisation est beaucoup plus sobre ici. Tout en retenu et en pudeur. Une forme qui en dit au moins aussi long que le fond et nous rend un peu plus familier avec ce pays à nul autre pareil. Même s’il ne remplacera jamais un voyage.
LA NOTE : 13,5/20
Fiche technique :
Réalisation : Ryūsuke Hamaguchi
Scénario : Ryūsuke Hamaguchi, Tadashi Nohara et Tomoyuki Takahashi
Photographie : Yoshio Kitagawa
Musique : Umitarô Abe
Durée : 317 minutes
Casting :
Sachie Tanaka : Akari
Hazuki Kikuchi : Sakurako
Maiko Mihara : Fumi
Rira Kawamura : Jun